PETREI Franz

Par Serge Tilly, Andréa Lanner

Né le 3 février 1922 à Bleiburg, Land de Carinthie (Autriche) ; décédé le 17 septembre 2004 en Autriche ; enrôlé dans l’armée allemande ; déserteur ; rejoignit la Résistance FTPF.

Fils d’Andreas Petrej, d’origine slovène, garde dans une briqueterie et de Josefa Potocnik.
Franz Petrei est né dans le Land de Carinthie dans le sud de l’Autriche, région bilingue, on y parle l’allemand et le slovène.
Issu d’une famille profondément anti-nazie ses parents s’opposèrent à l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, ils durent subir diverses brimades et répressions.
Franz fut contraint d’interrompre ses études pour être enrôlé dans la l’armée allemande (Deutsche Wehrmacht) en 1941. Il fut affecté dans un premier temps en Yougoslavie et chargé d’apprendre l’allemand aux jeunes Yougoslaves, déjà il entra en contact avec des résistants partisans de Tito.
Son unité fut envoyée ensuite en France sur une base d’aviation à Auxerre (Yonne), puis à Morlaix (Finistère) et enfin au terrain d’aviation de Servel près de Lannion (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) à la fin de l’année 1942, base importante de la Luftwaffe l’armée de l’air allemande où de nombreux travailleurs français travaillaient à l’aménagement des pistes d’aviation.
Au terrain d’aviation de Servel avec un groupe de camarades autrichiens anti-nazis il entretenait discrètement des discussions sur le plan politique d’opposition au régime nazi.
Franz Petrei se lia d’amitiés avec plusieurs ouvriers du camp d’aviation dont un ouvrier soudeur René Argentin qui fut tué lors des combats pour la Libération de Lannion le 6 août 1944. Ayant des contacts avec des membres actifs de la Résistance, Franz les aida à subtiliser de l’essence, à commettre des actes de sabotages, en particulier sur les douilles de bandes de mitrailleuses, à leur transmettre des renseignements...
La situation pour son groupe devint de plus en plus difficile, un de ses amis fut sanctionné par une mutation dans une compagnie disciplinaire, il sera tué peu après.
Au camp d’aviation le 18 mai 1944, deux jeunes Résistants FTPF (Francs Tireurs et Partisans Français) furent condamnés à la peine de mort par un tribunal militaire allemand et fusillés, commença alors une série d’exécutions et d’assassinats qui ne se terminèrent qu’à la Libération du secteur de Lannion le 6 août 1944. Les résistants arrêtés étaient soumis systématiquement aux tortures les plus raffinées et bestiales.
Après ces exécutions, ne supportant plus les atrocités commises par l’occupant, Franz décida de déserter, ce qui n’était pas une chose simple à réaliser, il n’était pas le seul sur la base a avoir eut ces intentions mais quant à franchir le pas, ce n’était pas un petit problème à résoudre sans des appuis de l’extérieur.
C’est le 27 mai 1944, en soirée qu’il décida de partir, il invita ses camarades allemands et autrichiens à venir prendre un verre, afin que l’on ne le soupçonna pas de ses intentions. La soirée fut bien arrosée, mais Franz ne but que de petites gorgées, il se plaignis de maux de ventre, simulant un état malade.
Vers 23 h, heure à laquelle tout le monde doit être rentré, il pris le chemin du retour avec ses camarades, mais en cours de route il les quitta pour se diriger discrètement par des petites routes en direction de Brélévenez un faubourg de Lannion, emportant avec lui son fusil Mauser qu’il ne quittera plus avec des munitions en particulier des balles explosives et des grenades.
Il avait pris soin avant de partir de se chausser de chaussures souples pour éviter de faire du bruit et s’était enduit de poivre pour tromper toute recherche par les chiens.
Il se rendit à Brélévenez chez une française Yvonne Le Quellec qu’il connu au camp de Servel y travaillant comme femme de ménage et qui demeurait en bas des escaliers menant à l’église de Brélévenez, il y déposa son armement, puis il vint se cacher chez René Argentin, qui habitait le bas de la rue des Chapeliers à Lannion, il y passa la nuit.
Le lendemain de sa désertion, une opération de police fut organisée dans Lannion par l’armée d’occupation, le capitaine Maurice preudo de Corentin André qui avait rejoint Franz furent hébergés chez Madame Cécile Le Tensorer, le Capitaine Maurice monta sur le toit de la maison d’où il put assister caché derrière une grande cheminée à une partie de l’opération de police, la maison de Madame Le Tensorer donnant en partie sur la place du centre de Lannion, Franz quant à lui se cacha pendant un moment entre le plafond et le toit. En cas de fouille de la maison ils purent éventuellement passer dans la maison mitoyenne par de petites fenêtres.
Durant l’opération de police, Madame Le Tensorer servit à Franz et au capitaine Maurice un plat de pommes de terre avec une omelette et une petite piquette pour boisson.
En fin d’après-midi, des camarades résistants vinrent prévenir Franz et le capitaine Maurice que le danger était écarté, l’opération de police étant terminée, et qu’il était possible de quitter leur cache.
Vers 17 h, des vêtements civils furent apportés à Franz ainsi que deux bicyclettes. Il fut décidé de sortir de Lannion, en laissant, pour l’instant, les armes sur place.
Après avoir parcouru 5 km ils rejoignirent leurs camarades dans une petite ferme tenue par la famille Martin à Garic en Lanmérin à la limite de Rospez, Lanmérin et Quemperven, Franz fut mis sous surveillance rapprochée dans un grenier à foin durant deux jours.
Il en fut ainsi jusqu’à l’attaque des feldgendarmes de Plouaret le 17 juin 1944, à laquelle le capitaine Maurice décida de faire participer Franz.
Après l’avoir vu tirer avec son Mauser sur des feldgendarmes allemands, il ne fut plus question de méfiance, Franz participa d’ailleurs par la suite avec le groupe du capitaine Maurice à toutes les actions contre les troupes de l’armée allemande.
Pour être en règle en cas de contrôle d’identité la résistance lui procura une fausse carte d’identité de citoyen français au nom de François Le Flem, né le 3 février 1921 à Carentan (Manche), de profession comptable et demeurant au quai de l’Aiguillon à Lannion, mesurant 1.79 m et de cheveux blonds, carte établie par la mairie de Lannion le 17 février 1943.
Franz participa de façon très efficace à de plusieurs actes de résistance, et en particulier le combat de Coat-Névénez en Pommerit-Jaudy le 9 juillet 1944, où les allemands perdirent plusieurs dizaines des leurs, l’expérience militaire de Franz aida considérablement, en particulier il interpréta et traduisit les ordres des allemands qui permirent aux maquisards de répondre coup pour coup à toute tentative d’encerclement du maquis engagé dans le combat.
Il participa également à la libération du secteur Lannion - Perros-Guirec (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) du 6 au 10 août 1944, où il servit d’interprète au capitaine Maurice lors des pourparlers pour la reddition des 599 allemands au fort de Mez-Gouez à La Clarté en Perros-Guirec, hésitant un moment à y aller craignant d’être reconnu, mais grâce à une tenue de parachutiste américaine issue d’un parachutage il put passer inaperçu.
Il continua le combat aux côtés de ses camarades jusqu’à la libération de Tréguier (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) le 15 août 1944.
Lors du défilé commémorant la Libération de Lannion, le 20 août 1944, Franz fit partie du groupe de tête composé de neuf patriotes, derrière le chef incontesté le capitaine Maurice, il était au dernier rang à droite, son fusil Mauser sur l’épaule et un béret sur la tête. Ces neuf patriotes avaient été choisis parmi les blessés et les plus valeureux.
Franz continua la lutte en allant combattre aux côtés de ses camarades sur le front de Lorient à partir du 20 septembre 1944 au sein du 16ème bataillon 1ère compagnie FFMB (Forces Françaises du MorBihan) détachement de l’Atlantique où il fut blessé au front par un éclat de mortier au front le 11 octobre 1944 à 21 h au cours d’un accrochage avec une forte patrouille allemande dans le secteur de Kervignac (Morbihan). Il fut hospitalisé au 2nd Platoon Field Hospital (hôpital de campagne américain) de Plouay (Morbihan). Une fois rétabli il retourna rejoindre ses camarades sur le front.
À son retour en Autriche le 22 février 1946, Franz repris ses études pour devenir professeur d’histoire-géographie.
Franz Petrei retrouva d’anciens camarades de Servel, l’unité à laquelle il appartenait avait été envoyée sur le front Russe avec à leur tête leur capitaine, plusieurs d’entre eux furent tués.
Une rue de Lannion porte le nom de Franz Petrei.

Site du comité de Lannion de l’ANACR

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221154, notice PETREI Franz par Serge Tilly, Andréa Lanner, version mise en ligne le 13 décembre 2019, dernière modification le 22 mars 2022.

Par Serge Tilly, Andréa Lanner

Sources : Archives ANACR (Côtes-du Nord ; Côtes d’Armor) ; témoignages d’Yvonne Le Quellec, Madame Cécile Le Tensorer et Corentin André "capitaine Maurice", la famille de de Franz Petrei.

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