DEBUNNE Oscar. Pseudonyme : Dove. [Belgique]

Par Jean Puissant

Forest (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 24 avril 1921 − Uccle (Région de Bruxelles-Capitale), 11 mai 2006. Avocat, directeur de l’Institut Émile Vandervelde, fonctionnaire international, conseiller communal puis bourgmestre socialiste d’Alost (Aalst, pr. Flandre orientale, arr. Alost), député de l’arrondissement d’Alost, fils d’Auguste Debunne, oncle de Georges Debunne.

Oscar Debunne est le second fils, reconnu en 1935, d’Auguste Debunne, ouvrier chaisier, pionnier du socialisme en Flandre occidentale, bourgmestre de Menin (Menen, pr. Flandre occidentale, arr. Courtrai) et député de Courtrai (Kortrijk, pr. Flandre occidentale, arr. Courtrai-Kortrijk), et de Bertha Deboeuf (Menin, 1893-Forest, 1968). Il poursuit ses études primaires en français à Forest, puis secondaires, toujours en français, à Ostende, et à Courtrai en néerlandais. Il est actif aux jeunesses socialistes de Menin. Il est diplômé en droit de l’Université d’état (Rijksuniversiteit) de Gand (Gent, pr. Flandre orientale, arr. Gand) en 1943. Il s’inscrit au barreau de Gand, où il exerce de 1944 à 1948, puis au barreau de Courtrai. Durant ses études, son père lui répète : « N’oublie jamais que tes études sont payées par la classe ouvrière. C’est elle qui t’y envoie, ce n’est pas ton père ». À quinze ans, il prend conscience des enjeux politiques en croisant des volontaires allemands socialistes, en partance pour les Brigades internationales, qui transitent par la Belgique. Il dit avoir distribué des feuilles clandestines à l’université.

Après la guerre, comme avocat, Oscar Debunne défend des victimes de la guerre. En 1948, le Parti socialiste belge (PSB)-Belgische socialistische partij (BSP) le pressent pour prendre la direction de l’Institut Émile Vandervelde (IEV), le centre d’études et de documentation du parti. Il participe à l’opposition au retour du roi Léopold III, aux côtés notamment de son neveu Georges Debunne, et aux côtés de Paul-Henri Spaak, figure de proue de la lutte anti-léopoldienne dans la capitale.

En 1952, Oscar Debunne est mandaté par le parti pour prendre la direction de la campagne électorale à Alost, où le mouvement socialiste est divisé, notamment entre la section politique et les syndicats. Ces élections constituent un grand succès pour le parti socialiste dans le pays et à Alost en particulier. Il y devient bourgmestre, dans une coalition socialiste-libérale, renvoyant les démocrates-chrétiens représentant le Christelijke volkspartij (CVP – Parti social-chrétien) dans l’opposition. Dans le même élan, il est élu député de l’arrondissement d’Alost lors des élections législatives de 1954 qui voient également un succès socialiste généralisé. Il se dit mal à l’aise devant la majorité socialiste-libérale qui se forme, les ministères économiques étant détenus par les libéraux. Plus tard, il se dit avoir été partisan d’une alliance avec les démocrates-chrétiens. Pour des raisons personnelles, il démissionne de son mandat de bourgmestre en mai et, en novembre 1956, de son mandat de député en raison de l’opposition interne à son abandon de poste à Alost.

Grâce à Paul-Henri Spaak, alors ministre des Affaires étrangères, Oscar Debunne obtient une mission d’assistance technique des Nations-Unies en Inde et au Népal (1956-1959). Ensuite devenu secrétaire général de l’OTAN, P.-H. Spaak lui ouvre les portes de l’institution où il rejoint la direction économique et plus particulièrement le service attaché aux pays communistes, ceux d’Europe de l’est et leurs relations avec le Tiers-Monde (1959-1967). Il en devient le directeur-adjoint, puis le directeur à Bruxelles, de 1967 à 1975.

Oscar Debunne dirige à nouveau l’IEV de 1975 à 1986. Il participe, avec Piet Franzen, à la création des revues doctrinales de l’institut, Socialistische Standpunten et Socialisme (1954), qui cherchent à réunir des collaborateurs de qualité dans un large éventail de convictions. Il fait partie du comité de rédaction et y publie de nombreux textes plutôt doctrinaux. Depuis 1976, il représente son parti, devenu lors de la scission − le parti unitaire se scinde en deux ailes francophone et néerlandophone − de 1978, le Socialistische partij (SP), aux réunions internationales et congrès et à l’Internationale socialiste. Son plurilinguisme favorise naturellement ces fonctions. De 1978 à 1982, Debunne préside le conseil consultatif de l’Administration générale de l’aide au développement (AGAD).

Oscar Debunne prend sa retraite en 1986 mais conserve un bureau à l’IEV. Son dernier article date de 1989 : « Ik had een droom » (J’ai fait un rêve) dans Socialistische Standpunten. Il préside également le FOS, Fonds voor ontwikkelingsamenwerking, l’asbl socialiste d’aide au développement, de 1982 à 1992. À partir de 1990, il dirige l’European Institute for South and South-East Asia à Bruxelles. Il est également professeur à la section gandoise de l’École ouvrière supérieure, située à la Bagattenstraat.

Debunne est le fondateur de la coopérative de construction de logement pour la Dendre et le pays de Waas, DEWACO.

Époux d’Elisabeth Verhulst, Oscar Debunne se qualifie en 1993 de « ni Flamand, ni Wallon, mais Européen » et de « socialiste, agnostique, humaniste et universaliste ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221188, notice DEBUNNE Oscar. Pseudonyme : Dove. [Belgique] par Jean Puissant, version mise en ligne le 14 décembre 2019, dernière modification le 20 mars 2024.

Par Jean Puissant

ŒUVRE : De kapitalistische concentratie, Gent, Germinal, 1950 − Rédaction des rapports internes de l’IEV − Collaboration à Socialistische Standpunten et à Socialisme de 1954 à 1989.

SOURCES : Interviews d’Oscar Debunne par Georges Chelot en 1989 et par Daphné van Rijckevorsel en 1993 − Notices réalisées par Georges Chelot et Daphné van Rijckevorsel, Section Journalisme et Communication de l’Université libre de Bruxelles, 1989 et 1993 − PEIREN L., « Debunne Oscar », dans Site Web : odis.be.

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