DELOUVRIER Paul

Par Yvonne Le Goïc

Né le 25 juin 1914 à Remiremont (Vosges), mort le 16 janvier 1995 à Provins ; grand commis de l’État ; gaulliste sans lien avec le mouvement ouvrier, mais homme clef de la vie associative.

Sa conception du service de l’État, ce pragmatisme créateur et cette indépendance d’esprit valurent à Paul Delouvrier la confiance de tous les présidents de la République. Par sa manière très personnelle d’associer des équipes et de commander les hommes, il représenta le type même du grand commis de l’État. Il mit aussi toute son énergie aux services d’actions associatives
Originaire des Ardennes, aimait-il à dire, il était le fils de Roger Delouvrier, qui fait carrière au Crédit Lyonnais et de Suzanne François.
Paul Delouvrier fit ses études secondaires au collège Saint-Louis du Mans, puis dans des collèges catholiques à Saint-Étienne et à Strasbourg. Étudiant en droit à l’Institut catholique de Paris puis à Sciences- Po., il fit du patronage, dans les milieux populaires de Montreuil et de Bagnolet. Après son service militaire en 1937, il était aux Équipes sociales. En 1940, il retrouva à Vichy son condisciple H. Dhavernas, mais ne voulut pas aller dans les chantiers de jeunesse. En mai 1941, il fut reçu major à l’Inspection des Finances. En août 1941, il décida de faire un stage de six semaines à l’école des cadres d’Uriage où il devint l’ami d’Hubert Beuve-Méry qu’il retrouva dans la Résistance. Il devint dans le même temps gaulliste. À Uriage, il eut comme chef de groupe le pasteur Lochard. En 1944, Paul Delouvrier était responsable d’un maquis qui avait pour mission de recevoir le général de Gaulle et de le conduire à Paris si la 2e Division blindée ne pouvait le faire.
En octobre 1946, il se maria avec Lise Van Lith, ils eurent cinq enfants. À partir de 1946, il collabora avec J. Monnet au redressement de l’économie française, puis à Luxembourg et à Bruxelles aux bases de la Communauté charbon-acier (CECA), du Marché commun et de l’Euratom. Il créa en 1957 la Banque européenne d’investissement. Parallèlement, il enseigna à Sciences Po à partir de 1946.
En 1950, avec Ph. Viannay, M. Debré, R. Seydoux*, M. Cayron, J. Arthuys et avec l’adhésion de F. Bloch-Lainé, il imagina à Paris la réalisation d’un centre d’accueil pour les jeunes. En 1962, une association fut créée pour mener à bien ce projet. L’ouverture du FIAP, en février 1968, fut réalisée par P. François qui assuma la charge de premier directeur jusqu’en 1970. Il en fut le président de 1968 à 1988. En 1962, il était trésorier d’Éducation et Échanges.
En 1958, le Général de Gaulle chargea P. Delouvrier « d’être la France en Algérie », où il remplaça le général Salan. En 1961, il lui confia la réorganisation de la région parisienne dans son ensemble, c’est à ce titre qu’il fut l’auteur du « Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme » et le fondateur des cinq villes nouvelles créées autour de Paris. Il resta délégué général au district de la Région de Paris jusqu’en 1966, date à laquelle, il devint préfet de la région de Paris.
De 1969 à 1979, il fut président d’Électricité de France et lança le programme nucléaire français. En 1970, il fut membre fondateur du comité national pour le développement des grandes écoles. Il présida l’association des anciens élèves de la rue St-Guillaume et fut membre du Conseil de développement culturel, de 1971 à 1973, sous la présidence de P. Emmanuel.
Paul Delouvrier coopéra aussi, à la création des Glénans avec Ph. Viannay, avec qui il inventa également le conservatoire du littoral, fondé en 1975.
En janvier 1979, atteint par l’âge de la retraite, V. Giscard d’Estaing lui confia la présidence du conseil d’administration de l’établissement public du Parc de la Villette. Il créa alors, avec une équipe qu’il recruta, la Cité des sciences et de l’industrie, poste dans lequel F. Mitterrand le confirma jusqu’en 1984.
En 1988, le FIAP organisa, pour son vingtième anniversaire, une semaine européenne de rencontre de 350 jeunes qui accompagnèrent le transfert des cendres de Jean Monnet au Panthéon. L’association prit le nom de FIAP Jean Monnet. Une fois encore, les deux hommes furent associés autour d’une idée chère qu’ils partageaient : « Faire l’Europe, c’est faire la paix ». Il fut également président de l’association pour le développement industriel de l’ouest atlantique. Son soutien au journal Le Monde ne se démentit jamais et il créa, en 1985, la Société des lecteurs du Monde, dont il fut le vice-président pendant huit ans.
« Symbole du service de l’état et du désintéressement » dira E. Balladur en lui rendant hommage en janvier 1995.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22121, notice DELOUVRIER Paul par Yvonne Le Goïc, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 18 juin 2020.

Par Yvonne Le Goïc

SOURCES : R. Chenu, Paul Delouvrier ou la Passion d’agir, Seuil, 1994 (L’histoire immédiate). — Entretien avec Jacques Chancel 1972. — Documents internes, écrits du FIAP. — Entretiens (1985-1990). — Jean-Marie Colombani, Le Monde 18 janvier 1995

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