SANTOT Raymond

Par Jean Belin

Né le 11 juillet 1901 à Macon (Saône-et-Loire), mort le 15 octobre 1975 à Dijon (Côte-d’Or) ; cheminot ; syndicaliste CGT de Côte-d’Or ; militant communiste ; résistant au sein du Front national (FN) et des Francs-tireurs et partisans (FTP) ; conseiller municipal.

Né sous le nom de sa mère, Marie Jeanne Planchon, couturière, mais reconnu et légitimé par son mariage le 17 avril 1909 avec Marie Elie Louis Santot, maçon, après la fin de se scolarité, Raymond Santot quitta sa région natale pour Paris et travailla dans un emploi de régleur aux usines Citroën dans le XVe arrondissement jusqu’à son incorporation d’avril 1921 au 1er avril 1923 dans le régiment des tirailleurs marocains. A son retour, il vint habiter sur Dijon et rentra à la Cie du PLM comme aide ouvrier au dépôt de Perrigny-lès-Dijon (Côte-d’Or). Raymond Santot prit sa carte à la CGT en 1925 et au Parti communiste en 1935.
Membre du bureau lors de la réunification entre la CGT et la CGTU en décembre 1935, il fut élu secrétaire de la section Technique du Dépôt Sédentaire du syndicat de Dijon le 11 décembre 1936. Le syndicat fut rattaché au 3e secteur de l’Union des syndicats CGT des cheminots du réseau du PLM (Paris Lyon Méditerranée), qui devint en 1938 l’Union des syndicats de la Région Sud-est, dont le secrétaire général fut Auguste Heinimann.
Raymond Santot fut élu délégué du personnel auprès du chef du service du Matériel et de la Traction de la région du Sud-est de la SNCF en novembre 1939. Le syndicat CGT des cheminots de Dijon fut dissout sur ordre du préfet de Côte-d’Or en septembre 1939. Santot devint membre infiltré du syndicat légal reconstitué en avril 1940 et secrétaire du syndicat clandestin des cheminots du dépôt de Perrigny. Avec d’autres militants communistes, il participa, dès l’automne 1940 à la reconstitution du Parti communiste chez les cheminots et de la direction Fédérale de Côte-d’Or, ainsi qu’à la création du Front national (FN) et des Francs-tireurs et partisans (FTP). Lors d’actions au dépôt de Perrigny-lès-Dijon pour des revendications concernant les conditions de travail, les rations alimentaires… Raymond Santot actionna le sifflet pour donner le signal des débrayages, ce qui lui valu d’être emprisonné à deux reprises. Avec l’aide de chauffeurs et de mécaniciens du dépôt, il fit passer de nombreux prisonniers évadés et de clandestins par le train en zone libre. Suspecté d’activité communiste, en novembre 1942, il fut l’objet d’une enquête effectuée par la police française sur demande de la S.I.P.O. Il fut arrêté par la même police avec onze autres personnes. Relâché, il fut ensuite étroitement surveillé. Il fut en rapport direct et constant pendant toute l’occupation avec les responsables FTP, PC, UD CGT clandestine et UFF (Union des femmes françaises). Il communiqua à plusieurs reprises, des informations sur le transport de matériel et de troupes allemandes.
Le 11 novembre 1943, jour anniversaire de l’armistice, avec d’autres militants du dépôt et en lien avec Marcel Asmus*, responsable pour le département du Parti communiste clandestin, il organisa un arrêt de travail qui fut très suivi. Les cheminots défilèrent ensuite au centre ville de Dijon, aux côtés d’ouvriers d’industries métallurgiques de Dijon et de l’usine des Tabacs, en chantant la Marseillaise pour la première fois depuis l’occupation.
Quelques jours plus tôt, le 31 août, sept cheminots du groupe sédentaire FTP de Perrigny furent arrêtés pour sabotages et réception d’armes lors d’un parachutage à Arcenant, à proximité de Dijon (Voir Raymond Pageaux*, André Dubois*…). Le 27 novembre, le tribunal militaire allemand siégeant à Dijon, les condamna à mort. Lorsque fut connue la nouvelle de leur condamnation, sous l’impulsion de Raymond Santot et de ses camarades, Roger Poulet*, André Bonnet*, Gabriel Bligny*, Marcel Asmus*, une grève d’avertissement de deux heures fut décidée pour obtenir leur grâce, suivie par 1500 cheminots le 29 novembre.
Malgré les menaces proférées par le préfet vichyste et les pressions exercées par la hiérarchie SNCF, la colère des cheminots monta et gagna la population. Le 2 décembre la grève rebondit, 2000 cheminots cessèrent le travail ; le dépôt, le triage et la gare de Dijon-ville furent paralysés. Une délégation, dont fit partie Raymond Santot, se rendit le soir même à Vichy pour rencontrer Laval afin de lui demander de s’adresser à l’occupant pour demander la grâce des condamnés. La délégation exigea une réponse pour le 10 décembre. Le 9 décembre, les condamnés furent graciés, leur peine capitale étant commuée en déportation vers l’Allemagne où ils furent jugés à nouveau et exécutés le 19 avril 1944 dans la prison de Stuttgart.
Après la Libération de Dijon le 11 septembre 1944, il fut désigné par le nouveau préfet de la Côte-d’Or pour participer au conseil municipal de la ville de Dijon avec 34 autres membres. Ce qui le préoccupa le plus à ce moment-là, fut de savoir, si son fils, René Santot* arrêté en février 1944, pour fait de Résistance, puis déporté dans les camps de la mort, reviendra. L’annonce de sa libération en mai 1945 et son retour au foyer parental, fut un soulagement et un moment de bonheur pour Raymond Santot. Il poursuivit ses activités militantes dans sa profession et fut élu membre de la commission administrative de l’Union départementale CGT du congrès de janvier 1946 au congrès de juin 1949. Domicilié au 78 rue de Chevreuil à Dijon après la guerre. Il se maria à Dijon le 23 février 1924 avec Germaine Alphonsine Charlotte Ferrérolle, avec laquelle il eut deux enfants. Il prit sa retraite en 1955 et milita dans sa section des retraités cheminots de Dijon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221341, notice SANTOT Raymond par Jean Belin, version mise en ligne le 21 décembre 2019, dernière modification le 21 décembre 2019.

Par Jean Belin

SOURCES : Le Cheminot Syndicaliste, organe de l’Union de syndicats du PLM puis du Sud-est, 10 janvier 1937, 10 mars et 10 novembre 1938, arch. IHS Fédération CGT des cheminots. — Résistance en Côte-d’Or, Gilles Hennequin, tomes 1 et 2, éditions de 1981 et de 1984. — Arch. IHS CGT 21, fonds de l’UD et du syndicat des cheminots de Dijon. — Arch. Départ. de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire, état civil et fiche de recrutement militaire. — Les communistes dans la Résistance en Côte-d’Or, témoignage de son fils René Santot, édition de 1996. — Carrefour de guerre Dijon 1940-1944, Pierre Gounand, éditions Franc’Albert, 1990. — La Vie Ouvrière, N° 182, janvier 1944.

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