Par Paul Boulland, Michel Dreyfus
Né le 9 décembre 1923 à Eaubonne (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), mort le 13 avril 2015 ; ajusteur à la SNCF puis ouvrier EDF ; syndicaliste CGT de région parisienne, secrétaire (1956-1979) et secrétaire général adjoint (1966-1972) de la Fédération CGT de l’Énergie, administrateur (1963-1984), secrétaire général (1964-1965 et 1972-1978) et vice-président (1979-1981) de la CCAS, secrétaire de l’UCR-CGT (1979-1989) ; administrateur de GDF (1969-1979) ; militant communiste, membre du bureau de la fédération PCF de Seine-Nord-Est (1953-1959).
Pierre Delplanque était le fils de David, Ludovic Delplanque (1881-1968), cultivateur dans une ferme familiale à Wicquinghem (Pas-de-Calais) qui resta mobilisé après son service militaire et combattit durant toute la Première Guerre mondiale. Entré à la Compagnie des chemins de fer du Nord, il travailla à Beaumont-sur-Oise (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) puis à Ermont (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) où travailla également le père de Jean Thomas* ; il se maria le 12 novembre 1918 à Paris avec Yvonne, Anne, Sidonie Lamarche (1897-1980), née à Paris, titulaire du brevet d’enseignement primaire, institutrice privée dans une famille pendant la guerre, puis sténodactylo comptable de 1918 à 1923. Pierre Delplanque était l’aîné de cinq enfants, trois garçons et deux filles.
Après l’obtention du certificat d’études primaires Pierre Delplanque poursuivit ses études jusqu’au brevet élémentaire. Il passa le concours des bourses, avec notamment l’espoir d’intégrer l’école normale, mais il dut finalement s’orienter, en septembre 1939, vers le concours à l’École professionnelle de la SNCF, région Nord, à La Chapelle, qu’il intégra en qualité d’apprenti. Après l’exode, le centre de formation de la La Chapelle fut déplacé à Ermont au cours de l’été 1940. À l’issue de ses trois années de formation, Pierre Delplanque fut nommé ouvrier-ajusteur et affecté au dépôt des locomotives aux ateliers de La Plaine Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), en septembre 1942.
Pierre Delplanque versa sa première cotisation syndicale à la CGT clandestine le 5 octobre 1942 et participa à toutes les actions et manifestations organisées au dépôt SNCF de La Plaine Saint-Denis ainsi qu’à la grève insurrectionnelle des cheminots du 10 au 25 août 1944. Il adhéra aux Jeunesses communistes en août 1944 et, avec un camarade, forma le cercle des JC d’Eaubonne et l’Union des cercles JC du canton de Taverny dont il fut le secrétaire adjoint et le trésorier. Il fut membre des Milices patriotiques du dépôt rattaché au XVIIIe arrondissement et il accepta de prendre la responsabilité de receveur (collecteur) principal de la section syndicale du Dépôt de La Plaine.
Mobilisé aux armées de février 1945 à avril 1946, Pierre Delplanque fut affecté en mars au Centre d’organisation d’infanterie, à Rueil-Malmaison (Seine, Hauts-de-Seine) puis à Versailles (Yvelines) et enfin à la caserne de Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine). Il obtint le grade de caporal.
À sa démobilisation en avril 1946, il devint secrétaire du cercle d’Eaubonne de l’UJRF et membre du Parti communiste. Retourné travailler aux ateliers de la gare de Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), Pierre Delplanque dut quitter la SNCF en mai 1946, lorsqu’il préféra participer à une sortie de son cercle UJRF plutôt que de répondre à une astreinte imposée par son chef de service. Sur les conseils de ses camarades communistes, il entra à EDF où il fut affecté à la centrale thermique de Saint-Denis le 24 juin 1946, d’abord en qualité d’aide ouvrier puis comme ajusteur. Il travailla au service d’entretien de la pulvérisation du gaz. En 1947, il fut élu au bureau de la fédération UJRF de Seine-et-Oise, puis au secrétariat fédéral l’année suivante.
En janvier 1947, Pierre Delplanque fut élu délégué général adjoint de la section syndicale de la centrale de Saint-Denis. Ces nouvelles responsabilités syndicales entraient en concurrence avec son activité au sein de l’UJRF qu’il s’efforça dans un premier temps de préserver. Dès septembre 1947, il participa à une délégation de la Fédération CGT en Pologne. À la fin de l’année, il fut rappelé dans une unité militaire de secteur pendant les grèves de novembre à décembre 1947. Libéré de ses responsabilités au sein de l’UJRF, Pierre Delplanque devint délégué général de sa section syndicale de janvier 1950 et jusqu’en avril 1953, période pendant laquelle il participa également à l’activité de l’Union locale de Saint-Denis. En 1950, il fut élu secrétaire non permanent du syndicat du personnel des industries énergétiques de la région parisienne et, en avril 1953, il en devint secrétaire permanent puis secrétaire en mai 1955. À ce titre, il fut chargé de décentraliser le syndicat en neuf organisations.
Au cours de cette période, Pierre Delplanque prit également des responsabilités au sein du Parti communiste. Membre du bureau de la fédération PCF de Seine Nord-Est à sa création en décembre 1953, il assura la direction de la fédération durant plusieurs mois, après l’éviction d’André Karman* en mars 1954 et avant son remplacement par Fernande Valignat*. Il resta ensuite membre du bureau fédéral jusqu’en 1959. À cette date, accaparé par ses responsabilités syndicales, il demanda son retrait. Il poursuivit son engagement communiste et devint vétéran du PCF en 1984.
De 1955 à avril 1961, Pierre Delplanque fut secrétaire de l’intersyndicale CGT des syndicats de l’Énergie de la région parisienne, secrétaire général du syndicat de la production et du transport d’énergie de la région parisienne, tout en étant aussi membre de la commission exécutive de l’UD-CGT de la Seine. De 1958 à 1966, il fut également président de la Caisse mutuelle complémentaire d’action sociale (CMCAS) Production thermique.
À partir d’octobre 1956, il fut un des secrétaires de la Fédération CGT de l’Énergie dont il fut élu secrétaire général adjoint en avril 1966. Il y fut notamment chargé de l’organisation et des questions internationales. Ainsi, de 1969 à 1981, il présida le Comité de coordination consultatif des syndicats européens de l’Énergie dont l’un des objectifs était d’organiser tous les deux ans une conférence. Lors du congrès de Vichy en 1975, la retraite approchant, il demanda à ne plus être reconduit à ce poste mais fut encore un des secrétaires de la Fédération jusqu’en 1979. Dans la perspective du XXVIIe congrès (Le Touquet, avril 1979) il soutint avec Jean Thomas* la candidature de François Duteil* pour le poste de secrétaire général, face à Roger Pauwels* qui privilégiait l’élection d’Henri Maupoil*. En avril 1979, Pierre Delplanque fut élu secrétaire de l’UCR-CGT, réélu en 1982 et en 1985, membre de son bureau de 1989 à 1992 puis de son comité national de 1992 à 1996. Depuis 1972, il avait été responsable fédéral des activités sociales. Il demanda à être déchargé de ses responsabilités de secrétaire mais appartint encore à sa commission exécutive jusqu’au XXVIIIe congrès fédéral (Toulouse, novembre 1982).
Durant son élection à la Fédération de l’Énergie, il avait occupé diverses tâches statutaires ou officielles : membre de plusieurs commissions secondaires du personnel (1953-1956), commission nationale supérieure du personnel (1955-1972), conseil supérieur consultatif du Gaz et de l’Électricité, membre du conseil d’administration de GDF de 1969 à janvier 1979, etc. Nommé administrateur suppléant de la Caisse centrale d’activités sociales (CCAS) dès la reprise des activités sociales par les organisations syndicales en 1963, il fut titulaire de 1967 à 1981, puis à nouveau suppléant jusqu’en 1984. Il fut le secrétaire général de la CCAS de 1964 à 1965 et de 1972 à 1979 et vice-président de 1979 à 1981. Depuis 1954, il était administrateur des Œuvres sociales coopératives et médicales (OSCM) et en fut le président de 1961 à la vente des locaux d’Ivry (1981). Il fut président de l’APOS (Polyclinique) de 1955 à sa reprise par la CCAS. Il fut également président de Tourisme et travail en 1988. En 1981, sur mandat de la CGT, il avait fondé l’association « Loisirs et Solidarité » des retraités. De 1981 à 1993, il en fut successivement le trésorier, le secrétaire et le vice-président.
Mis en inactivité de service le 1er février 1979, Pierre Delplanque poursuivit son militantisme.
Pierre Delplanque s’était marié à Eaubonne le 29 mai 1948 avec Jacqueline Sicard dont il eut une fille, Viviane, née le 6 décembre 1950. Le couple divorça en 1963. Leur fille fut responsable des archives de la CCAS de 1990 à son départ en retraite en 2009.
Par Paul Boulland, Michel Dreyfus
SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Force militant, n° 273, 1979. — P. Boulland, Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations PCF de banlieue parisienne (1944-1974), Thèse de doctorat d’histoire, Paris 1, 2011. ― Éléments biographiques recueillis auprès de l’intéressé en 1984 par Jean Boulant qui fut l’un de ses collaborateurs à l’UCR-CGT, ainsi qu’en février-mars 1996 et juillet 2010. — Renseignements fournis par M. Rault. ― Entretien avec Pierre Delplanque, avril 2010. — Les Cahiers de l’Institut d’histoire sociale mines-énergie, n° 51, janvier-mars 2016, "Pierre Deplanque, une vie militante".