Portrait d’auteure - Marianne Enckell
PORTRAITSuite de notre série de "Portraits d’auteurs" autour d’un principe simple : un(e) auteur(e) du dictionnaire se présente à travers quatre questions qui définissent son rapport à l’œuvre et sa contribution.
Comment avez-vous découvert le Maitron ?
Par deux « entrées », vers 1970. Je faisais des recherches sur la Fédération jurassiene de l’AIT, et j’ai donc lu – avec quelle admiration ! – les notices de Marc Vuilleumier sur les réfugiés de la Commune de Paris en Suisse. Par ailleurs, René Bianco avait sollicité le CIRA de Lausanne (Centre international de recherches sur l’anarchisme) pour contribuer aux notices d’anarchistes, qu’il cherchait à développer. J’étais bien empruntée, ne connaissant pas encore grand’chose et ne sachant pas du tout comment rédiger ou compléter une notice…
Sur quels corpus ou quels sujets avez vous travaillé pour le Maitron ?
Sur le Dictionnaire des anarchistes, sollicitée en 2007 par Hugues Lenoir pour contribuer au projet en rédigeant des notices sur les anarchistes en Suisse. J’en ai fait beaucoup plus, depuis lors… Six ans de travail au sein d’un groupe aux compétences variées, dans un esprit coopératif, pour aboutir à un beau gros volume ! Le groupe s’est hélas un peu endormi sur ses lauriers. Ces derniers temps, je me suis surtout consacrée à compléter les notices de femmes, notamment grâce aux ressources infinies de Rolf Dupuy et de son Dictionnaire international des militants anarchistes.
Comment définiriez vous le Maitron ?
Un outil incomparable, peut-être aux ambitions démesurées : jusqu’où va le « mouvement social » ? jusqu’où va la chronologie ? Le piège, pour les rédactrices et rédacteurs, c’est que ce ne sera jamais terminé, jamais exhaustif : les commentaires reçus depuis l’ouverture du site le montrent bien. Mais depuis que j’assiste aux Journées annuelles, le Maitron, pour moi, c’est aussi une atmosphère fraternelle, une bande de têtes blanches, militants aguerris et infatigables. J’espère que les plus jeunes garderont cet esprit, avec pour boussole le « refus de parvenir », même s’ils sont universitaires de profession.
Une biographie à mettre en avant ?
La dernière en date, la première compagne d’Émile Pouget ! Aucune biographie de Pouget ne s’était jusqu’ici souciée de chercher son nom, bien qu’elle ait été à ses côtés pendant vingt-deux ans, à Paris et dans l’exil londonien. Je ne suis pas peu fière d’avoir découvert Stéphanie Boiteux ; on sait encore peu de choses à son sujet, mais le réseau va peut-être enrichir cette brève notice.
La présentation de Marianne Enckell lors des dernières journées Maitron sera prochainement disponible en ligne, sur le site Maitron.