BAC Arnold

Par Jean-Luc Villeneuve

Né le 10 mai 1948 à Paris (IXe arr.) ; instituteur puis professeur des écoles en Seine-Saint-Denis ; militant syndicaliste au SGEN-CFDT ; militant socialiste, maire adjoint aux Lilas (Seine-Saint-Denis).

Arnold Bac
Arnold Bac

Son père, Ovche Bâc, tailleur sur mesure pour homme, juif roumain, naquit en 1906, en fait à Bender dans la partie russe de la Moldavie, roumaine après la Première Guerre mondiale jusqu’à la fin de la Seconde. Vivant en France depuis 1928 avec de faux papiers, sous le nom de Serge Bac, il s’était engagé en 1939 dans le 22e régiment de marche de volontaires étrangers. Fait prisonnier, il fut envoyé en Allemagne dans un camp près de Furstenberg, où il participa dans le stalag III B à un réseau de résistance à direction communiste. Bien que juif, son statut de prisonnier de guerre le protégea. De retour à Paris, en 1945, il apprit que son épouse polonaise, Zysla Finkielsztejn et leur enfant Abel âgé de quatre ans, avaient été déportés depuis Drancy et assassinés à Auschwitz.
Sa mère, Rose Halpern, qui travaillait avec son père, était également juive roumaine, engagée dans la résistance communiste aux côtés de son premier mari, Moszek Bajer, juif d’origine polonaise passé en zone libre et installé à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ; arrêté, torturé, il fut déporté et mourut à Auschwitz. Avec leur fille, elle vécut cachée à Alençon (Orne) durant le reste de l’Occupation.
Naturalisé français en 1947, son père se remaria avec Rose Halpern qui, par ce mariage, obtint la nationalité française.
Arnold Bac, après l’école élémentaire au 113, rue Championnet à Paris (XVIIIe arr.), de 1954 à 1959, suivit ses études secondaires au lycée Condorcet à Paris (IXe arr.), de 1959 à 1966, et y obtint le baccalauréat en 1966.
Il fut dispensé des obligations du service national pour frère « Mort pour la France ».
Il étudia à la faculté de Droit et de Sciences économiques à Paris (Assas) puis en Histoire au centre Censier, tout en s’inscrivant à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Il milita à l’UNEF de 1966 à 1968, puis, à partir du début de l’année 1968 dans des organisations d’extrême gauche jusqu’en 1972. Ainsi s’investit-il à l’UJCML (Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes) et dans les Comités Vietnam de base, créés par l’UJCML. Il agit, avec d’autres, pour que le moins possible de militants rejoignent ce qui allait devenir la Gauche Prolétarienne (GP) et au contraire aillent au PCMLF (Parti communiste marxiste-léniniste de France). Puis, de 1972 jusqu’à la fin de la guerre menée par les USA au Vietnam, il milita au MNSPI (Mouvement national de soutien aux peuples d’Indochine), indépendant de toute organisation ou parti.
Arnold Bac se maria le 16 novembre 1968 à Paris (XVe arr.) avec Jocelyne Teissandier, future professeure des écoles, puis directrice nationale au Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD). Ils eurent deux enfants.
Après avoir été surveillant d’externat à Paris en collège d’enseignement technique, il devint instituteur suppléant en Seine-Saint-Denis en 1972, puis instituteur remplaçant en 1974. Ayant obtenu le CAP d’instituteur, il passa de stagiaire en 1977, à titulaire en 1978. Ensuite, détenteur du CAEI (certificat d’aptitude à l’enseignement pour l’enfance inadaptée) en 1979, il exerça comme instituteur spécialisé. Il fut inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de directeur d’école à partir 1989 et il obtint le BAFA (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) en 1990. Au cours de sa carrière, il enseigna dans des écoles et collèges de Seine-Saint-Denis : Paul Langevin aux Lilas, Pierre Sémard à Drancy, Didier Daurat au Bourget, Vercingétorix II à Aulnay-sous-Bois, René Deschamps à Drancy.
Après avoir été adhérent du Syndicat national de l’enseignement technique et professionnel-CGT à Paris de 1969 à 1972, quand il était surveillant, il rejoignit en 1972 le Syndicat général de l’Éducation nationale-CFDT en Seine-Saint-Denis. Il y prit rapidement des responsabilités au niveau départemental.
En 1976, il devint responsable de la branche premier degré, puis de janvier 1981 à 1986, il fut secrétaire général de la section de Seine-Saint-Denis, bénéficiant d’une décharge syndicale à mi-temps.
Au congrès national à La Rochelle en 1982, il fut élu au conseil fédéral, organe directeur de la fédération des SGEN-CFDT. Réélu en 1986, au congrès d’Annecy, membre de la commission exécutive, il devint secrétaire national à l’action revendicative. Il suivit de nombreux dossiers comme ceux concernant la décentralisation et la déconcentration, les rythmes scolaires, le contenu des programmes, l’éducation prioritaire, les langues et cultures de France, le « cycle terminal polyvalent diversifié modulaire » pour le lycée, l’enseignement supérieur, et de nombreux autres dossiers concernant la recherche pédagogique. Il fut également chargé du suivi de l’INRP (Institut national de la recherche pédagogique), du CNDP (Centre national de documentation pédagogique) et du CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information).
Considéré comme trop critique de la ligne de la confédération CFDT sur l’École et l’Université, contraire aux positions du SGEN-CFDT, en particulier depuis le mouvement lycéen et étudiant de 1986 contre le projet de loi Devaquet, le conseil fédéral ne lui accorda pas la majorité de 50% pour pouvoir refaire acte de candidature au congrès de Marseille en 1989, congrès où, néanmoins, il rapporta sur le projet fédéral qu’il avait piloté sur le « cycle terminal polyvalent diversifié modulaire » pour le lycée, et le fit adopter à la suite de débats particulièrement tumultueux.
Après la fin de ses responsabilités syndicales, il devint entre 1989 et 1994, chef de la mission « Aménagement des rythmes de la vie de l’enfant et du jeune » à l’administration centrale du ministère de la Jeunesse et des Sports, puis de 1994 à 1996, il fut chargé de mission Éducation à la délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain à Saint-Denis, et enfin, de 1996 à 2007, il était responsable du secteur confédéral Éducation auprès de la direction nationale de la Ligue de l’enseignement, et, à ce titre, siégeait régulièrement au Conseil supérieur de l’Éducation.
Sur le plan politique, il adhéra au Parti socialiste en 1992, à la section des Lilas. Élu conseiller municipal dans cette ville en 2002, réélu en 2008 et 2014, sur une liste PS-PC-Écologistes-Société civile, il était maire adjoint, en charge des finances et du personnel.
Retraité en 2007, il continua, en dehors de son mandat municipal, d’avoir de multiples activités. Membre du comité national Éducation de la Ligue de l’enseignement, il la représentait dans l’instance ministérielle du CNAECEP (Conseil national des associations éducatives complémentaires de l’enseignement public). Il était également membre du conseil d’administration de l’Institut de recherche du SGEN-CFDT (Iréa), de l’OZP (Observatoire des zones prioritaires), de Prisme (réseau documentaire en sciences et action sociale), de l’association Éducation et Devenir, et du bureau du Mouvement la Constante Macabre (MCLCM). Il collaborait au site d’information « ToutEduc » dirigé par le journaliste Pascal Bouchard. Enfin il était membre de la commission « Engagés volontaires et anciens combattants juifs » du Mémorial de la Shoah.
En 1993, il fut décoré des Palmes académiques et de la médaille d’argent de la Jeunesse et des Sports.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221419, notice BAC Arnold par Jean-Luc Villeneuve, version mise en ligne le 20 décembre 2019, dernière modification le 29 novembre 2022.

Par Jean-Luc Villeneuve

Arnold Bac
Arnold Bac
Dans les années 1980

ŒUVRE : Co-auteur avec Annette Bon, André Chambon, Eric Favey, Jean-Claude Guérin, Ecole, Université : pour que la République tienne ses promesses, L’Harmatan, mai 2007. — « Changer le temps, changer l’école » dans Ainsi change l’école, Ed. Autrement, mars 1993. — « Placer l’élève au centre du système éducatif : les parcours modulaires », Livre blanc, le lycée de demain, Cahier d’Education et Devenir, n°4 spécial, mai 2009. — « L’École entre éducation et territoires » dans « Faire réussir l’école » Education et Devenir, février 2014.

SOURCES : Arch. SGEN-CFDT et personnelles de l’auteur. — Renseignements fournis par l’intéressé dont parcours de son père, Serge Bac (Musée de l’histoire de l’immigration).

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