Clavières (Cantal), 10 au 13 juin 1944

Par Eric Panthou

Ces combats eurent lieu au lendemain de la première attaque allemande contre la concentration du Mont-Mouchet.
Les milliers hommes rassemblés ici devaient empêcher l’accès au Mont-Mouchet pour les troupes allemandes venues de Saint-Flour (Cantal). Les combats auraient fait 74 morts parmi les résistants dont 44 de la 26ème Compagnie. Il y eut aussi 9 victimes parmi les civils suite aux exactions et destructions allemandes dans le village de Clavières.

Les combats de Clavières ont surtout concerné la journée du 11 juin 1944 où la 26ème Compagnie qui avait été envoyée en renfort après l’attaque du Mont-Mouchet par les troupes allemandes le 10 juin, fut décimée par la contre-attaque allemande.
C’est le colonel Garcie qui sollicita le colonel Mondange du Réduit de Fridefont pour lui fournir d’urgence des troupes pour empêcher l’accès au Mont-Mouchet via Clavières.
La 26ème Compagnie était à Fridefont du fait que le secteur du Mont-Mouchet était à saturation tant l’afflux de volontaires avait été important après l’appel lancé par le colonel Gaspard le 20 mai. Ce fut elle qui fut désignée car c’est la seule qui possédait des bazookas.
La 26ème Compagnie s’installa au matin du 11 juin à Clavières avec ses trois groupes de combat représentant 120 hommes. La 27ème Compagnie l’accompagnait mais elle se serait retirée avant les combats.
L’attaque débute après 9h30. Aux tirs de bazookas touchant les premiers véhicules de la colonne allemande venue de Saint-Flour répondirent à des tirs allemandes à la mitrailleuse lourde et au mortier ce qui entraîna le repli de la section Bories. La 26ème Compagnie résista toute la matinée à l’attaque allemande, supérieurement armée, notamment avec deux automitrailleuses blindées, mais elle dut évacuer car non secourue. En effet, l’état-major du Mont-Mouchet avait entre temps décidé l’évacuation sans prévenir la 26ème Compagnie. Celle-ci ne put le faire par le sud du village car l’infanterie allemande s’y était déployée avec deux automoteurs et des mitrailleuses. Les combats au cœur du village eurent lieu de midi à 13 heures environ. Dans ses déplacements, elle trouva un groupe du corps Franc des Truands. La méconnaissance de la topographie des lieux, l’absence de consignes de certains chefs, contribuèrent à la désorganisation du repli.

16 de ces hommes furent tués lors du repli sur la colline du Puech Farrat, sous le commandement du sous-lieutenant Bories. Les corps de ces derniers furent découverts à partir du 22 juin seulement.
Le manque de coordination, la faiblesse de certains officiers ont entraîné de lourdes pertes, beaucoup de blessés ne pouvant être évacués et étant ensuite achevés par les troupes allemandes. La colonne allemande fut bloquée pendant 5 heures à Clavières ce qui permit à bon nombre de compagnies du Mont-Mouchet une évacuation rapide et avec peu de danger.
Ces combats auraient fait 74 morts parmi les résistants dont 44 de la 26ème Compagnie, et 9 parmi les civils. Parmi les victimes, 11 restèrent non identifiées et leur corps ont été inhumés dans l’ossuaire du cimetière de Clavières. Les travaux de Manuel Rispal ont permis d’identifier une de ces victimes, Jean Oharocki. Nous émettons une hypothèse pour la dixième, possiblement nommé Laton.

Aux morts parmi les résistants s’ajoutent les victimes civiles exécutées sommairement ou tuées dans leurs maisons incendiées par les troupes allemandes. Le maire de la commune, Jean Broncy, venu au devant des troupes allemandes, fut arrêté. On ne retrouva jamais son corps.
Un doute subsiste sur le fait que Jean Reversac, mort le 30 juin, victime civile, fasse partie des victimes de ces exactions.

Liste des victimes

Résistants :

ARANGUREN Louis
BELLOSTA Albert
BERGOUHON Paul
BESOMBES Eugène
BESOMBES Henri
BOIS Louis
BOISSON Maurice
BONNEBOUCHE Robert
BORIES Jean
BOUSQUET Maurice
CABANES André
CHAMBON Maurice
Champroux François
CHASSAING André
CHASSANG André
CONTENSOU Raymond
DEVÈZE Marcel
DORANGEVILLE René
ESTOC Victor
FAURE Élie
FICHES Louis
FONTANGES Marcel
FOSSAT Alexandre
GEHIN Maurice
GOMEAUX Lucien
GRANGIER Pierre
GUILLOT Pierre
GUINARD Louis
Inconnu Clavières 1 alias Spada III
Inconnu Clavières 2
Inconnu Clavières 3
Inconnu Clavières 4
Inconnu Clavières 5
Inconnu Clavières 6
Inconnu Clavières 7
Inconnu Clavières 8
Inconnu Clavières 9
KLING André
KRAWCZYK Édouard
LAPORTE Paul
LATON
LAURENT Ferdinand
LENARD Joseph tué ou déporté ?
LEPENNETIER Pierre
LOPES DE FREITAS Maurice
MADRIGNAC Antoine
MAMMOLITI Michel
MARCOLLET Lucien
MAZIÈRES Pierre
MIRALLÈS Antoine
MIRALLÈS Joseph
MIZERMONT Joseph
MOREL Paul
MOULERGUE Jean
MUCH Louis un des 9 inconnus ?
MURATET Pierre
NOTIER Étienne
NUDEL Jacques
OHAROCKI Jean
ONGARO Jean-Baptiste
PAJER Charles
PALHÈS Germain
PRÉSUMEY Robert
RODIER Jean
ROLIN Pierre
ROMERO Pierre
ROTTER Maurice
ROYET Henri
SAUTEREAU Robert
SULAK Léon
TEULET Denis
TORTOSA Pedro mort le 10 juin ou 10 juillet 1944
VADON André
VASSERMANN Charles
VERDIER Jean

Civils :

BONHOMME Pierre
BRONCY Jean
CHASSANG Marie
COUTAREL Raymond
JOHANY Pierre
JOHANY Yvonne
LÈBRE André
LOMBARD épouse JOHANY Maria
PICHOT Joseph
REVERSAC Jean

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221454, notice Clavières (Cantal), 10 au 13 juin 1944 par Eric Panthou, version mise en ligne le 22 décembre 2019, dernière modification le 16 février 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : La 26e Compagnie. Laroquebrou - Clavières, édition établie par Jean Favier, éditions de l’Association du Musée de la Résistance d’Anterrieux, 2010. — Manuel Rispal, Tout un Monde au Mont-Mouchet, 1940-1945. Ytrac : Editions Authrefois, 2014, 114 p. — SHD Vincennes, GR 19 P 15/1 : liste nominative des tués, fusillés, déportés non rentrés du département du Cantal, dressée en 1947. — État civil Clavières.

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