JEVAIS Emile

Par Didier Bigorgne

Né le 4 novembre 1878 à Remilly-Aillicourt (Ardennes), mort le 10 juin 1936 à Braux ; ouvrier métallurgiste, secrétaire de mairie, directeur de coopérative, puis représentant de commerce ; coopérateur et militant du Parti socialiste SFIO des Ardennes ; secrétaire de l’Union des coopératives ardennaises (1909-1914), puis président de l’Union des coopératives des Ardennes (1919-1929) ; maire de Braux et conseiller général des Ardennes (1919-1936).

Emile Jevais était le fils d’Henri François Jevais, ouvrier ferronnier, et d’Appoline Bourgerie, mère au foyer Marié à Rose André Buche, sans profession, il exerçait aussi le métier d’ouvrier ferronnier. A la fin de sa vie, il était représentant de commerce.

En 1903, Emile Jevais était secrétaire du cercle d’études sociales Le Réveil de Remilly-Allicourt affilié à la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes qui avait rejoint le PSF à partir de 1902. Aux élections municipales de mai 1904, il fut élu conseiller municipal de Remilly-Allicourt.

Avec l’unité en 1905, Emile Jevais adhéra au Parti socialiste SFIO. En juin 1906, lorsque la Bourse du travail de Sedan rattachée à la fédération socialiste des Ardennes demanda une subvention, il intervient à la réunion fédérale pour que celle-ci fût accordée. Le 28 juillet 1907, il fut le candidat de son parti pour le conseil d’arrondissement dans le canton de Raucourt : il échoua en obtenant 697 voix sur 2013 inscrits et 1608 votants. Il représenta de nouveau le Parti socialiste SFIO à l’élection partielle du 22 août 1909 pour le conseil général dans le même canton. Il fut éliminé au premier tour en recueillant 681 suffrages sur 1995 inscrits et 1637 votants. A cette date, il était gérant de coopérative et délégué cantonal des sociétés de secours mutuels pour l’assistance des vieillards.

Après ce nouvel échec, Emile Jevais quitta le village de Remilly-Allicourt et devint secrétaire de mairie à Fumay (Ardennes) en 1911. En qualité de militant socialiste, il mena la lutte contre la vie chère et contre la loi des « trois ans ». Lors du conseil de révision d’avril 1913 à Monthermé, il fit partie des six cents manifestants qui accueillirent le préfet des Ardennes avec des drapeaux rouges et la musique jouant la marche des Jeunes Gardes. Après des heurts avec la police, il fut interpellé en compagnie du syndicaliste Théophile Sauvage. Traduit devant le tribunal correctionnel de Charleville le 28 mai suivant, il fut condamné à six jours de prison avec sursis ; la cour d’appel de Nancy porta sa peine à quinze jours de prison avec sursis. En 1914, Emile Jevais fut désigné pour représenter son parti aux élections législatives dans la circonscription rurale de Vouziers : il obtint 2209 suffrages sur 13 264 inscrits et 10 839 votants au premier tour, seulement 106 voix au scrutin de ballottage.

Emile Jevais commença une carrière d’élu après la Première Guerre mondiale. Il était alors directeur du moulin coopératif de Château-Regnault. Aux élections municipales du 30 novembre 1919, il conduisit la liste socialiste SFIO à la victoire dans la ville voisine de Braux dont il devint le maire le 11 décembre suivant. Trois jours plus tard, il fut élu conseiller général dans le canton de Monthermé en remportant la victoire déè le premier tour (1750 voix sur 4231 inscrits et 2125 votants). Ce double succès marqua le début d’une longue carrière politique. Réélu maire de Braux après chaque scrutin municipal, Emile Jevais occupa cette fonction jusqu’à sa mort le 10 juin 1936. De la même façon, il fut toujours réélu conseiller général au premier tour : le 14 mai 1925 avec 2110 voix, le 18 octobre 1931 avec 1885 voix .

Au conseil général des Ardennes, Emile Jevais siégea d’abord à la 3ème commission dite des Chemins de fer et Voies navigables au sein de laquelle il se distingua en proposant l’amélioration de la liaison ferroviaire Charleville-Givet et la création d’un port fluvial à Monthermé, puis à la Commission de l’Assistance et de l’Hygiène publique, de l’Assurance et de la Prévoyance sociale. Il occupa aussi la fonction de secrétaire de la commission départementale du 3 octobre 1922 au 19 août 1929. Secrétaire du conseil général de 1926 à 1935, il joua un rôle important au sein de l’assemblée quand la préfecture des Ardennes se décida à ouvrir un fond départemental de chômage en mars 1931 pour soutenir par des prestations les ouvriers sans travail.

Dans le même temps, Emile Jevais resta un militant actif. Il joua un rôle important lors des grèves de 1919 à 1920, il fut délégué au congrès national du Parti socialiste SFIO qui se tint du 25 au 29 septembre 1920 à Strasbourg. Après la scission de Tour (25-30 décembre 1920), Emile Jevais participa à la reconstitution de la fédération socialiste SFIO des Ardennes et en devint un dirigeant. Il fut membre de la commission exécutive du 23 janvier 1921 au 19 janvier 1930, puis du 29 janvier 1933 au 10 juin 1936. Il siégea aussi à la commission exécutive de la fédération des élus cantonaux et municipaux socialistes fondée le 9 janvier 1927.

Pendant ces années, il représenta son parti à trois reprises, aux élections législatives. Le 16 novembre 1919, il figurait en cinquième position sur la liste socialiste et recueillit 19 595 voix (pour une moyenne de liste de 19 886 voix) sur 81 878 inscrits et 57 433 votants. Le 11 mai 1924, il était en dernière position sur la liste du cartel des gauches : il obtint 24 990 voix (pour une moyenne de liste de 25 699 voix) sur 79 298 inscrits et 69 445 votants. Enfin, il fut candidat dans la première circonscription de Mézières les 22-29 avril 1928 : arrivé en tête au premier tour avec 4116 voix sur 22 256 inscrits et 18 819 votants, il échoua au scrutin de ballottage en rassemblant 8592 suffrages sur 19 236 votants.

Emile Jevais était aussi un coopérateur de premier plan. En 1905, il était secrétaire de la société coopérative de consommation L’Espérance de Remilly-Allicourt. Il devint secrétaire de l’Union des coopératives ardennaises en 1909 et fut son délégué au comité fédéral de la Bourse des coopératives socialistes. Il assista au 7ème congrès national de la coopération socialiste qui se déroula du 30 mai au 1er juin 1909 à Monthermé (Ardennes), puis au 8ème congrès national qui se tint à Calais en 1911. Le 1er novembre 1912, il participa au congrès de Paris où il vota en faveur de l’unité coopérative : il y représentait La Maison du Peuple de Fumay, L’Union coopérative de Boulzicourt et L’Abeille bragarde de Saint-Dizier.

Emile Jevaisl assista au congrès de l’Unité à Tours. Il était alors délégué de l’Union des coopératives ardennaises, et de vingt de ses sociétés adhérentes. Après la Première Guerre mondiale, il reconstruisit le mouvement coopératif en constituant l’Union des coopératives des Ardennes. Il en devint le président, fonction qu’il occupa jusqu’à la fusion avec l’U.D.C de Lorraine en 1929.

A la mort d’Emile Jevais, son premier adjoint Jules Davis lui succéda au poste de maire de Braux. Par contre, le Parti socialiste SFIO perdit le siège de conseiller général du canton de Monthermé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221493, notice JEVAIS Emile par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 23 décembre 2019, dernière modification le 5 juin 2020.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Nat. F7.13599, 14 février 1908.— Arch..Dép. Ardennes 3M 4, 5, 6, 7, 8 et 9. — Archives de la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes. — L’Humanité, 7 août 1913. — Le Socialiste Ardennais, 1903 à 1936. — DBMOF, notice de Jean Gaumont et Henri Manceau. —Etat civil de Remilly-Allicourt et de Bogny-sur-Meuse (commune de Braux).

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