DELTONNE Madeleine, Denise, Julia [épouse MATTEI]

Par Éric Belouet

Née le 11 septembre 1936 à Lille (Nord) ; secrétaire médicale puis adjointe des cadres hospitaliers ; militante jociste du Nord, permanente (1959-1965) et secrétaire générale (1963-1965) de la JOCF ; adhérente de la CFTC puis militante de la CFDT.

Fille d’un imprimeur devenu gardien de la paix en 1936 et d’une ouvrière (fileuse) devenue couturière à domicile durant la guerre, Madeleine Deltonne avait une sœur cadette. Ses parents, domiciliés à Lille, catholiques pratiquants occasionnels, sans engagement militant, avaient une forte conscience ouvrière et « des idées de gauche ».
Durant la Seconde Guerre mondiale, sa famille dut déménager plusieurs fois. Son père, prisonnier de guerre en Allemagne, s’évada et se rendit dans la région lyonnaise où, après avoir travaillé à poser des voies de chemin de fer, il retrouva un emploi de gardien de la paix. Elle le rejoignit avec sa famille et vécut deux ans à Lyon (Rhône). Elle revint ensuite à Lille, chez l’une de ses grands-mères qui habitait une courée du quartier de Wazemmes, son père ayant obtenu sa mutation. Mais celui-ci supportait mal le rôle de surveillance des jeunes requis pour le STO qu’on lui avait confié. Il sollicita une nouvelle affectation et fut envoyé au commissariat de Bauvin-Provin (Nord). La famille déménagea encore, cette fois dans le bassin minier, puis revint à Lille après la Libération.
À l’âge de huit ans, Madeleine Deltonne avait déjà connu six établissements scolaires. Elle fréquenta à Lille le collège moderne Jean-Macé, obtint le BEPC puis le Brevet d’enseignement médico-social (BES) après trois années d’études au lycée Valentine-Labbé. Entrée au travail en juillet 1955, elle occupa pendant un mois un emploi d’aide laborantine au Centre régional de transfusion sanguine à l’Institut Pasteur de Lille, fut animatrice au mois d’août dans une colonie de vacances en Haute-Savoie et se fit embaucher fin août 1955 comme secrétaire médicale au service d’électro-radiologie de l’hôpital régional, à la Cité hospitalière du CHU de Lille. Elle adhéra alors à la CFTC.
Madeleine Deltonne avait eu ses premiers contacts avec la JOCF à l’époque où elle était lycéenne, par l’intermédiaire de camarades du quartier des Bois-Blancs, ouvrières pour la plupart, qu’elle avait connues à l’école primaire et avec lesquelles elle avait fait sa communion. Peu après ses débuts dans la vie professionnelle, elle commença à participer aux réunions jocistes. En raison de son âge (dix-neuf ans), on lui confia rapidement la responsabilité d’un groupe et ce fut comme militante de la fédération de Lille-Ouest qu’elle participa à l’assemblée mondiale de la JOC à Rome en août 1957. Cette fédération n’était pas très étoffée et ses responsables durent s’employer, avec l’aide de l’aumônier fédéral, l’abbé Germain Dequae, à la développer.
En 1959, le secrétariat national de la JOCF demanda à Madeleine Deltonne de devenir permanente. Elle accepta, mais différa de deux mois son entrée en fonction en raison des fortes réticences de ses parents. Pendant vingt mois, elle travailla au plan national pour la branche « 17-21 ans » tout en suivant les cinq fédérations du Hainaut et les cinq autres de l’agglomération de Roubaix-Tourcoing (Nord) avec l’aumônier du secteur Nord, le père Guerre. Les deux années suivantes (septembre 1961-juillet 1963), elle assuma la responsabilité nationale de la branche « 17-21 ans ». À l’issue du 38e conseil national de la JOCF (6-8 juillet 1963), elle devint secrétaire générale en remplacement de Cécile Maurice* (tandis que Monique Lahaye* devenait présidente, Évelyne Beaumal vice-présidente et Monique Mazure* trésorière) et conserva cette fonction jusqu’au 40e conseil national (3-5 juillet 1965) au terme duquel elle quitta le mouvement et fut remplacée par Lucienne Daniel* au poste de secrétaire générale. Au cours des années passées au secrétariat national de la JOCF, Madeleine Deltonne s’occupa essentiellement de l’enquête-campagne annuelle du mouvement sur un thème différent avec l’aumônier de l’enquête qui était souvent le père Menant. Elle publia de nombreux articles dans la presse jociste (Vivre, Militante et Fédérale) et travailla en collaboration avec Pépita Villa, une jociste espagnole responsable de la commission « immigrées » au sein du secrétariat national. Elle participa en outre au rallye européen de Strasbourg, le rassemblement jociste organisé en 1964 pour permettre l’élaboration d’un « statut du jeune travailleur d’Europe ».
Avant de quitter son emploi à l’hôpital, Madeleine Deltonne avait obtenu un congé de disponibilité d’un an, renouvelable une fois. Mais après six ans, elle ne pouvait plus prétendre à une réintégration. Grâce à l’intervention du médecin dirigeant son ancien service, elle retrouva un poste de secrétaire médicale stagiaire au sein du nouveau service de chirurgie cardiaque du CHU de Lille. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres ancien(ne)s permanent(e)s, le retour à une activité professionnelle « classique » ne fut pas aisé. Elle rejoignit la CFDT et devint secrétaire adjointe de la section. Dans le cadre de cette responsabilité, elle participa aux grèves et manifestations de Mai 68, à un congrès de la fédération CFDT-Santé et au congrès confédéral d’Issy-les-Moulineaux (1970). La permanente de l’Union locale de Lille lui demanda de la remplacer mais elle refusa (« à moins de faire vœu de célibat, comment concilier une vie d’épouse, de mère de famille ? »).
À la fin de l’année 1968, Madeleine Deltonne passa le concours départemental d’adjoint des cadres. Reçue quatrième, elle put choisir son affectation et ainsi rester à Lille. On lui confia un poste de rédactrice au sein du service du personnel avant de prendre en charge la section du recrutement. Après son mariage à Lille le 3 avril 1971 avec Pierre Mattei, elle quitta son emploi et le couple s’installa en région parisienne, à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne). Son mari, fils d’un ancien directeur de la Shell à Casablanca, avait été scout au Maroc et fait des études de sciences économiques à l’Université Panthéon-Assas à Paris.
En 1971, Madeleine Deltonne-Mattei se fit embaucher au service du personnel de l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) - ce qui lui permit de recruter Françoise Coudouloux*, elle-même ancienne permanente de la JOCF - et préféra, dans un premier temps, taire son identité syndicale. Au cours de cette période, elle participa à plusieurs réunions du PSU dont son mari fut quelque temps militant. Celui-ci ayant obtenu une importante promotion, elle put prendre un congé de trois ans au moment de la naissance de leur unique enfant. Le couple quitta Sucy-en-Brie pour un pavillon à Melun-Sénart (Seine-et-Marne). Madeleine Deltonne-Mattei adhéra, comme son mari, à la section PS de cette commune et participa à plusieurs réunions du CERES à Paris, mais ce qu’elle découvrit du monde politique ne l’incita pas à prolonger cet engagement.
Ayant repris son activité professionnelle en 1975, elle se heurta à la direction de l’hôpital qui tardait à lui confier un poste conforme à ses vœux et, suite à une intervention de la section CFDT, finit par être affectée au service social. En 1980, elle accompagna son mari dans le Var où ce dernier monta une affaire rapidement mise en liquidation. Madeleine Deltonne-Mattei fut réintégrée en mars 1983 à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges. Affectée à la bibliothèque médicale, elle fut promue en 1986 chef de bureau - le grade de bibliothécaire n’existant pas dans les grilles hospitalières - et géra ce service pendant près de dix ans. Au cours de cette période, elle siégea dans les commissions paritaires. Elle tomba gravement malade en septembre 1996 et, après un congé de longue maladie d’un an, suivi d’un mi-temps thérapeutique d’une autre année, elle reprit son activité à temps plein pendant trois mois et fit valoir ses droits à la retraite.
Installée ensuite avec son mari à Yerres (Essonne), elle eut encore des activités bénévoles dans une association d’aide aux devoirs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22158, notice DELTONNE Madeleine, Denise, Julia [épouse MATTEI] par Éric Belouet, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Éric Belouet

SOURCES : Arch. JOCF (Arch. dép. Hauts-de-Seine) : 45J 109-111 (mouvements de permanentes) ; comptes rendus des conseils nationaux de la JOCF (1961-1965). — Témoignage l’intéressée, 8 mars 2000. — État civil de Lille.

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