BERTRAND Auguste (PERNET G., dit)

Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell

Anarchiste à Paris.

G. Pernet, sous la signature d’Auguste Bertrand, fut un collaborateur régulier des Temps Nouveaux (1895-1914) de Jean Grave qui l’avait surnommé « l’homme aux idées » et qualifié d’homme aux promesses : « Il ferait ceci, organiserait cela. Il était prêt à se charger de tout. Lui aussi n’avait qu’un défaut. C’est que, une fois le dos tourné, il oubliait les promesses faites ». Toutefois Grave concédait qu’en 1909, lors de l’affaire Francisco Ferrer, ce fut lui, sous le nom de Bertrand, qui aida à mener la campagne d’agitation et qui « paya de sa poche les frais du numéro exceptionnel… sous le titre L’Echo de Montjuich qu’il rédigea lui-même » et qui fut reproduit en brochure : La vérité sur l’affaire Ferrer, tirée à 10 000 exemplaires (Publication des Temps Nouveaux).

Vers le printemps 1910, il avait été nommé trésorier de la Ligue internationale pour l’éducation rationnelle de l’enfance aux cotés de Soledad Villafranca (présidente), Ch. A. Laisant (vice président), Charles Albert (secrétaire) et Anatole France (président d’honneur).

Au moment de la déclaration de guerre, Grave qui craignait d’être arrêté et interné dans un camp, pensa à lui demander asile mais ne le trouva pas.

A l’automne 1917, Bertrand fut au nombre des militants – avec entre autres Chr. Cornelissen, J. Grave, P. Kropotkine, C.A. Laisant, Ch. Malato, le docteur Pierrot, Paul Reclus et Jean Wintsch – qui répondirent à « l’Enquête sur les conditions d’une paix durable » constituant le numéro 8 et spécial (52 pages) des Temps Nouveaux, Bulletin (Paris, 16 numéros et 2 suppl., mai 1916 à juin 1919) édité par les partisans du Manifeste des Seize.

Il collabora par la suite à la nouvelle série Les Temps Nouveaux (Paris, juillet 1919- juin 1921, 24 numéros) publié par Marc Pierrot puis Jacques Reclus et à laquelle Jean Grave cessa toute collaboration en juin 1920, demandant au Comité de rédaction d’abandonner le titre. Lors de la réunion de rupture à ce propos, J. Grave qualifiait les propos de Bertrand, présent à la réunion, de « gasconnades ».

Pernet fut ensuite l’éditeur d’un Annuaire industriel où en 1921 il avait embauché plusieurs compagnons dont Jacques Reclus, Chr. Cornelissen, Emile Pouget et C. Desplanques ainsi que Lily Cornelissen Rupertus qui surveillait la salle des dactylos. Dans une lettre à Max Nettlau, cette dernière écrivait : « Si un anarchiste se met exploiteur, il me semble plus féroce qu’un autre, et notre ex-camarade qui est mon employeur n’est guère sentimental pour ses employés, au contraire. » Après avoir quitté son emploi en 1922, elle précisait en décembre 1923 que « tous les camarades qui travaillaient chez Pernet sont sur le pavé ». Toutefois Pernet continua par la suite à collaborer à la revue du docteur Pierrot Plus Loin (Paris, 1925-1939) et en 1927, au moment où Nettlau envisageait de venir en France et craignait d’être expulsé, Lily Cornelissen lui écrivait « Vous pouvez être tranquille, Pernet a fait le nécessaire. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221590, notice BERTRAND Auguste (PERNET G., dit) par Rolf Dupuy, Marianne Enckell, version mise en ligne le 29 décembre 2019, dernière modification le 2 octobre 2022.

Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell

SOURCES : J. Grave. Quarante ans de propagande…, op. cit. — Lettres de Lily Cornelissen à Nettlau (IISG, Fonds Nettlau) — R. Bianco « Un siècle de presse anarchiste.. », op. cit. — Les Temps Nouveaux, 28 mai 1910.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable