DELVAUX Marie [née ARCHIMBAULT Marie]

Par Florence Regourd, Jacques Blanchard

Née le 29 novembre 1901 à Champdeniers (Deux-Sèvres), morte le 9 juin 1997 à Luçon (Vendée) ; institutrice, inspectrice au contentieux dans une compagnie d’assurance, puis à nouveau institutrice ; militante syndicaliste CGTU puis SNI des Deux-Sèvres ; militante communiste, adjointe au maire de La Chapelle-Bâton (1947-1960) puis conseillère jusqu’en 1965.

Marie Archimbault était la fille d’Alcide Archimbault, instituteur franc-maçon et socialiste, et de Marie Rouvreau, sans profession. Elle prépara l’École normale d’institutrices de Niort, mais termina ses études à l’École normale de Douai (Nord) où son père, devenu juge de paix, avait été nommé. Elle prépara la capacité en droit à la faculté de Lille de 1922 à 1924. Ayant pris conscience des problèmes ouvriers dans les mines et les tissages du Nord, elle s’engagea dans la vie militante par pacifisme, sous l’influence de sa directrice d’École normale Madame Eidenschenk qui avait créé le « Mouvement des mères et des éducatrices pour la paix ». Mais ce pacifisme intégral ne correspondait pas totalement à son attente.

Elle se maria une première fois le 12 août 1922 à Paris (XVIIIe arr.) avec Paul Rameau, et se remaria le 21 avril 1931 à Paris (IXe arr.) avec Jean Delvaux, commissaire dans la marine marchande. Elle vécut à Paris où elle travailla comme inspectrice au contentieux de la Compagnie d’assurances « La Paix », mais les difficultés inhérentes à la grande crise contraignirent les époux Delvaux à un retour dans les Deux-Sèvres et à l’enseignement (son mari avait été licencié).

Ils furent nommés instituteurs à Noirlieu (Deux-Sèvres) en 1931. Témoins des difficultés matérielles des fermiers, métayers et domestiques agricoles, Jean et Marinette Delvaux entrèrent au Parti communiste en novembre 1934. Marie Delvaux, souvent prénommée Marinette, prit tout de suite des responsabilités en tant que secrétaire du rayon de Thouars. Elle militait alors dans le syndicat CGTU de l’enseignement, puis dans le SNI après le congrès d’unité d’Angers en mars 1936 auquel elle assista. Elle militait aussi au Parti communiste à Thouars puis vers Niort (elle avait obtenu sa mutation pour La Chapelle-Baton) et vers Bressuire où elle fit campagne aux législatives de 1936 avec le militant communiste Henri Barthélemy (cheminot de Thouars, fusillé par les Allemands à Châteaubriant) sur des thèmes de défense paysanne et d’antifascisme, enfin dans le Mouvement international des femmes dont elle fut déléguée départementale en 1939, et dans les comités de défense de l’enfance.

Les liaisons entre les communistes des Deux-Sèvres et de la Vendée se resserrèrent grâce à la création d’un journal imprimé à Fontenay-le-Comte, Le Semeur, dont Marinette Delvaux assura la rédaction jusqu’en 1939. Elle écrivait également dans Les Cahiers du Bolchevisme et dans le bulletin du SNI. Elle fut toutefois blâmée en février 1939 dans les Cahiers (cf. p. 213), pour avoir laissé annoncer dans Le Semeur du 14 janvier, l’achat par la bibliothèque municipale de Niort de l’ouvrage de Léon Trotsky, La Révolution trahie.

Oratrice du parti, elle sillonna les Deux-Sèvres, les Charentes, la Loire-Inférieure de 1936 à 1938, et la Vendée, quelquefois avec Charles Tillon et Gabriel Citerne et souvent en s’imposant, seule. Elle portait la contradiction dans les réunions du Parti social français, que ce soit à Fontenay-le-Comte (février puis mai 1938) où la soutenait la présence active des mineurs de Faymoreau (Vendée) ou bien à Luçon en mai 1938.

Plusieurs fois blâmée par l’inspection académique, elle fit pourtant la grève du 30 novembre 1938, sans toutefois être déplacée ou révoquée. Mais, le 15 janvier 1940, Marinette Delvaux, mère de trois enfants, fut arrêtée, sous l’inculpation de propagande antinationale et de reconstitution du Parti dissous.

Traduite devant le tribunal militaire de Tours, le 11 mars 1940, en même temps que François Goutefangea, elle fut acquittée. Elle se retrouva dans l’Aveyron, sous surveillance policière mais put cependant exercer son métier. En 1942, à nouveau inquiétés, les époux Delvaux échappèrent à la Gestapo, et rejoignirent la Dordogne.

Ils ne retrouvèrent leur poste à La Chapelle-Bâton qu’en 1945 et y restèrent jusqu’à leur retraite en 1960. En 1941, la brochure clandestine, Comment se défendre ?, l’avait dénoncée comme « traître » – sans doute et uniquement parce qu’elle s’était fait assister en conseil de guerre par un avocat franc-maçon.

Marinette Delvaux fut adjointe communiste au maire de La Chapelle-Bâton, de 1947 à 1960, puis conseillère jusqu’en 1965.

À partir de 1962, elle vécut à Longeville (Vendée) où elle continua à militer.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22170, notice DELVAUX Marie [née ARCHIMBAULT Marie] par Florence Regourd, Jacques Blanchard, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 6 janvier 2022.

Par Florence Regourd, Jacques Blanchard

SOURCES : RGASPI, 495 270 3493. — Arch. Dép. Vendée, M 405. — Arch. Dép. Deux-Sèvres, 4 M 11/4, 4 M 13/4 E ; état civil. — Archives de la justice militaire au Blanc, minutes du tribunal militaire de Tours.— Enquêtes auprès de militants et de l’intéressée. — Comment se défendre ?, brochure clandestine de 40 p., s.d. [février 1941] diffusée en juin 1941.

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