ZIMMERMANN Jean [pseudonyme dans la résistance : Rase-motte]

Par Eric Panthou

Né le 22 août 1922 à Chadeleuf (Puy-de-Dôme), mort le 29 novembre 1997 à Montpeyroux (Puy-de-Dôme) ; agent EDF ; réfractaire au STO ; résistant au sein du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) et du Mouvement Franc-Tireur ; déporté.

Fils de Gustave et de Virginie, née Abraham, Jean Zimmermann se maria le 27 septembre 1947 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) avec Elise, Lucienne, Louise Sagnelonge.
Doté d’un niveau d’instruction primaire, il a effectué un stage de 8 mois aux Chantiers de Jeunesse à la Plaud, Corrèze d’où il est revenu en février 1943. Il était alors célibataire et considéré comme cultivateur. Son père avait assassiné sa précédente femme en 1909.

Il fut membre du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) du 1er janvier 1943 jusqu’à son arrestation le 13 juin de cette année.
Il était réfractaire au STO et rejoignit les FTP (attestation de soldat dressée par Marcel Munier, liquidateur national du FN, le 4 avril 1958). Il fut alors envoyé le 14 mai 1943 vers le maquis d’Arlanc (Puy-de-Dôme)-La Chaise-Dieu (Haute-Loire), un maquis du mouvement Franc-Tireur -totalement distinct des Francs-tireurs et partisans (FTP)- mais de fait contrôlé par plusieurs membres ou cadres du Parti communiste : Pierre Cerveau, Jean Perrain et Paul Daigneau.
Après que le 9 juin 1943 les gendarmes d’Arlanc aient arrêté plusieurs jeunes réfractaires réfugiés au maquis, Pierre Cerveau décida d’intervenir avec un groupe armée. L’opération permit de délivrer les 6 jeunes mais Cerveau se tua accidentellement et un gendarme fut abattu. Jean Zimmermann participa à l’attaque.
La traque qui s’en suivit par la police et les GMR conduisit à l’arrestation d’une grande partie des membres du maquis, dont Jean Zimmermmann, le 13 juin au bois de Nigier, près d’Arlanc. Parmi ses camarades arrêtés avec lui, Michel Ducroix, de Clermont-Ferrand, lui fournit une attestation. Le responsable national de Franc-Tireur, Maurice Jouanneau, lui délivra également une attestation pour son action au maquis dArlanc.

Au moment de son arrestation, la police estima qu’il n’a jamais fait de politique. Pourtant, son nom figurait sur la liste des membres du PC établie par Pierre Cerveau au sein du maquis. Mais pour la plupart de ces jeunes, c’est Pierre Cerveau qui les avait forcés à s’inscrire.

Jean Zimmermann fut jugé par le tribunal de Thiers mais déclare après-guerre que sa peine, pour infraction au STO, ne lui fut pas notifiée. Il fut en fait condamné à deux ans de prison. Après avoir été interné à la prison d’Ambert puis celle de Thiers (Puy-de-Dôme) où il resta environ trois mois, il fut envoyé successivement au camp de Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne), pour deux mois, puis Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). En mars 1944, le Chef du service régional de Police de Sûreté estima que rien ne pouvait s’opposer à sa demande de libération anticipée formulée par son père, n’ayant pas participé à l’attaque de la gendarmerie et ayant eu une bonne conduite en prison. Il se prononçait néanmoins pour une assignation à résidence autour de Chadeleuf. Son père justifia sa demande notamment parce que son second enfant, sa fille, était partie travailler en Allemagne et qu’il ne pouvait plus travailler pour subvenir aux besoins de sa femme infirme. Finalement, il ne fut pas libéré, comme il n’avait pu obtenir de permission exceptionnelle en octobre 1943.
Le 7 août 1944, il fut déporté de Saint-Sulpice-la-Pointe vers le camp de concentration de Buchenwald (Allemagne) dont il fut libéré le 27 mars 1945.

Au moment de son arrestation en 1943, il habitait sa commune de naissance, Chadeleuf.

Après-guerre, il devint agent à EDF et habita 9 rue de la Lièvre à Clermont-Ferrand.
En 1958, alors qu’il habitait Montpeyroux (Puy-de-Dôme), il s’est vu attribuer le titre de Déporté résistant (DIR) après avoir attendu trois ans une réponse favorable.
Il n’a pas été homologué FFI mais Résistance intérieure française (RIF) pour la période du 1er janvier 1943 au 6 mai 1945, au titre de son action au sein du Front national. Il n’a donc pas été reconnu comme FTP. Dans ses déclarations après-guerre, il se présente comme FTP du maquis d’Arlanc sous la direction de Jouanneau, ce qui est une erreur et une confusion manifeste, Maurice Jouanneau dirigeant un maquis de Franc-Tireur et non de Francs-tireurs et partisans (FTP). Il est néanmoins surmenant que lors de la même enquête du commissaire Chaduc en 1948 pour établir les actes de résistance de Jean Zimmermann il ait recueilli une déposition de Maurice Jouanneau, alors en traitement à la clinique des Neufs-Soleils, attestant qu’il dirigeait le maquis FTP d’Arlanc. L’erreur est peut-être uniquement due à une mauvaise transcription de la déposition.

On ignore s’il eut un engagement politique ou syndical après-guerre.
Il mourut à Montpeyroux en 1997.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221716, notice ZIMMERMANN Jean [pseudonyme dans la résistance : Rase-motte] par Eric Panthou, version mise en ligne le 3 janvier 2020, dernière modification le 27 décembre 2020.

Par Eric Panthou

SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 694650. Dossier Jean Zimmermann .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 422 : affaire attaque gendarmerie d’Arlanc, 1943 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 91, dossier d’internement de Jean Zimmermann. — Généanet .— État-civil Chadeleuf.

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