DE MAMANTOFF Noëlle [née PECHOIN Noëlle, Marie-Paule]

Par Madeleine Singer

Née le 10 janvier 1903 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), morte le 13 février 1987 à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) ; ingénieur au CNRS ; fondatrice de la section CNRS-ITA du SGEN.

Noëlle de Mamantoff
Noëlle de Mamantoff

Noëlle Pechoin était la plus jeune des deux enfants d’Alexandre Pechoin, officier, et de Marie-Valentine Pechoin. Elle fit ses études secondaires au lycée Voltaire à Paris et obtint en 1925 une licence de mathématiques en Sorbonne. Elle se maria l’année suivante avec Anatole de Mamantoff, ingénieur, et en eut une fille. Elle travailla alors avec son mari qui avait un cabinet d’ingénieur-conseil. Elle poursuivit des études de mathématiques à la Faculté de Montpellier où elle passa des certificats en 1940. Elle entra au CNRS en 1945 et fut chargée de structurer le Service des traductions scientifiques qu’elle dirigea jusqu’à sa retraite en 1968 ; elle fut classée ingénieur 1A à cause de cette fonction. Son service acquit assez rapidement sous sa direction une grande notoriété qui lui valut d’être sollicitée pour devenir en 1966 la présidente du Centre européen, puis du Centre international des traductions à Delf, aux Pays-Bas. C’est à ce titre qu’au terme d’une présidence de quinze années, l’ordre de Guillaume d’Orange-Nassau lui fut décerné au nom de la reine des Pays-Bas, le 13 novembre 1981, et consacra indubitablement sa place internationale dans le domaine de la communication de l’information scientifique.

Dès 1946, elle fonda la section CNRS-ITA (ingénieurs, techniciens et administratifs) du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) et en resta la secrétaire générale pendant vingt-deux ans. Elle devint en même temps membre du Comité national de la fédération des fonctionnaires CFTC. Élue en 1951 au Comité national du SGEN, elle y siégea jusqu’à sa retraite. Pendant longtemps, elle dut assurer seule le fonctionnement de l’importante section des ITA ; à peine une centaine en 1949, ils sont 385 dix ans plus tard et leur nombre a encore triplé lors du départ de Madame de Mamantoff : ils sont 1 188 en 1967. Chaque mois elle rassemblait les représentants syndicaux des établissements parisiens. À partir de 1959, sa santé ayant été très ébranlée, elle obtint divers concours ; elle put alors réunir chaque jour dans son bureau ses adjoints syndicaux. Sa forte personnalité et l’importance de sa section lui valurent de présider de 1948 à 1966 l’Intersyndicale des ITA du CNRS, où siégeaient avec les représentants du SGEN ceux de FO et de la CGT.

Il fallait d’abord conquérir pour le personnel un statut. Elle s’en occupa activement dès 1949, représentant le SGEN au Comité technique paritaire, présente à toutes les commissions ou sous-commissions concernant le personnel technique du CNRS ainsi qu’aux réunions intersyndicales. Pour obtenir la sortie du statut en 1952, elle incita les autres organisations à donner leur accord à ce texte bien qu’il fût imparfait. Sous son impulsion, l’Intersyndicale s’efforça ensuite de l’améliorer, obtint un régime de retraite, puis en 1956 une prime de recherche. Au sujet de celle-ci, comme à propos de la modicité de la retraite de l’IPACTE, Madame de Mamantoff intervint auprès de R. Billères, ministre de l’Éducation nationale, qui reçut le 30 avril 1956 une délégation du SGEN dont elle faisait partie. Nouvelle audience du SGEN le 24 octobre suivant : le Ministre annonça à Madame de Mamantoff que la prime donnée aux techniciens était uniformisée à 16 %, comme ceux-ci le réclamaient.

Sans nous étendre sur les autres améliorations du statut conquises les années suivantes, disons seulement que l’action de l’Intersyndicale permit l’obtention en 1960 du fameux milliard destiné à combler une partie du décalage des traitements des ITA par rapport au secteur semi-public et privé. Toujours sur la brèche, Madame de Mamantoff prit la parole au nom de l’Intersyndicale au cours de la séance solennelle du 13 mars 1958 en Sorbonne : tous les syndicats dénoncèrent alors la situation faite à l’enseignement supérieur et à la recherche. En décembre 1958, grève du CNRS : elle prit à nouveau la parole, toujours au nom de l’Intersyndicale, devant les grévistes réunis en Assemblée générale le 10 décembre, puis lors de la conférence de presse qui se tint le 12 décembre à l’issue de la grève. Siégeant par ailleurs au bureau du SGEN-Supérieur où, à côté des chercheurs et des professeurs d’Université, elle représentait les ITA, on la retrouva à la conférence de presse que le SGEN tint le 12 novembre 1964 : elle y fit un des quatre exposés consacrés aux problèmes de la recherche scientifique.

Élue en 1955 au conseil d’administration de l’IPACTE, elle en devint présidente (1966-1970), alors qu’elle avait déjà de 1961 à 1963 présidé l’IGRANTE où elle resta ensuite administrateur. En 1967, elle fut désignée par l’IPACTE pour représenter cette caisse à l’Association internationale de sécurité sociale qui tenait à Léningrad sa 16e assemblée Quand les deux organismes de retraite complémentaire se fondirent dans l’IRCANTEC en 1971, elle en fut aussitôt administrateur, en assura la présidence en 1973-1974 et en devint administrateur honoraire à partir de 1981. Le poids de son action permit en outre la création en 1957 du Comité d’action et d’entraide sociales du CNRS : elle y tint une grande place au sein de la Commission 3e âge qui travailla efficacement à la reconnaissance des retraités au sein du CNRS.

Son départ en retraite n’avait donc pas ralenti son activité militante. Depuis 1964, elle était membre du Comité de gestion des retraites complémentaires CFDT. En 1968, elle fonda avec quelques camarades l’Union départementale interprofessionnelle des retraités CFDT du Val-de-Marne, puis la section locale de Fontenay-sous-Bois où elle résidait. Elle travailla en même temps à la Branche retraite du SGEN et devint membre du Conseil national de l’Union confédérale des retraités CFDT. Elle abandonna cette dernière responsabilité quand la CFDT lui demanda de se présenter aux élections d’octobre 1983 : élue administrateur de la Caisse primaire d’assurance-maladie du Val-de-Marne, elle eut en charge les budgets hospitaliers et soutint le projet de construction à Villejuif d’un centre d’accueil où les malades pourraient suivre leur traitement pendant quelques jours sans être hospitalisés, centre qui recevrait aussi les familles venant de province pour voir les leurs en hospitalisation. Les divers témoignages recueillis au moment de la mort de Madame de Mamantoff montrent que celle-ci sut allier l’efficacité de l’action syndicale à un souci de relations fraternelles avec tous, étant en outre « une mère et une grand-mère merveilleuses », comme le dira sa fille. Elle était chevalier des Palmes académiques, chevalier de l’ordre national du Mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22178, notice DE MAMANTOFF Noëlle [née PECHOIN Noëlle, Marie-Paule] par Madeleine Singer, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 20 janvier 2010.

Par Madeleine Singer

Noëlle de Mamantoff
Noëlle de Mamantoff

SOURCES : M. Singer, Le SGEN 1937-1970, Thèse, Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. dép. Nord, J 1471). — Histoire du SGEN, 1987, PUL. — École et Éducation (1949-1955). — Syndicalisme universitaire (1955-1968). — Lettres de Madame Marquet-de Mamantoff, accompagnées de documents, à M. Singer, 22.5.1995, 7.10.1996 (Arch. privées).

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