TSIRANANA Philibert

Par Tiana Tatiana Deyrius

Né le 28 octobre 1912 à Anahidrano dans le district d’Antsohihy (Madagascar), mort le 16 avril 1978 à Tananarive ; instituteur de formation ; fondateur du Parti social-démocrate (PSD), premier président de Madagascar (1958-1972), surnommé « le Père de l’indépendance ».

Officiellement, Philibert Tsiranana est né le 28 octobre 1912 à Anahidrano dans le district d’Antsohihy. Certains ouvrages indiquent qu’il serait, en réalité, âgé de quelques années de plus mais qu’il a été « rajeuni » pour pouvoir entrer à l’école primaire après le décès de son frère aîné. Il entama des études primaires à l’école d’Anjiamangirana située à vingt-cinq kilomètres de son village natal. Sa vive intelligence ayant été remarquée, il fut orienté vers des études plus poussées. Il concourut alors pour entrer à l’école régionale d’Analalava en 1926. Il y fut admis à la huitième place sur vingt-cinq. S’imposant rapidement à la tête de la classe, il fut appelé en 1930, à suivre les cours de la « section normale » de l’Ecole « Le Myre de Vilers » de Tanamarive, considérée comme la pépinière des futurs cadres de l’administration malgache. Il en sortit major de sa promotion avec le diplôme « officiel » d’instituteur à l’âge de vingt-deux ans. Il retourna alors dans sa région natale où il enseigna durant dix ans. il épousa en 1932 Justine Kalotody avec laquelle il eut huit enfants.

En 1942, il s’orienta vers le professorat en suivant un cours de perfectionnement à Tanamarive. En 1945, Philibert Tsiranana passa avec succès le concours du cadre des professeurs assistants et retrouae l’École Normale Le Myre de Vilers.

Dans le domaine politique, cette période de l’après-guerre fut marquée par une ambiance survoltée suite à une certaine rénovation du système colonial accordant une plus large liberté aux colonisés. Les activités déployées par les députés Joseph Raseta (né le 9 décembre 1886 à Marovoay (Madagascar), mort le 5 octobre1979 à Tanamarive) et Joseph Ravoahangy ne laissaient guère indifférent Philibert Tsiranana. En janvier 1946, sous l’influence de l’instituteur français Georges Condaminas et certainement aussi de son mentor, le nationaliste tsimihety Paul Ralaivoavy, il effectua ses premiers pas en politique en adhérant au GEC (Groupe d’Etudes Communistes de Madagascar) et assista aux réunions organisées par les communisants de la capitale. Au sein du Groupe, il assurait les fonctions de trésorier adjoint au niveau de la section indigène. Mais sa participation aux travaux du GEC fut de courte durée puisqu’il le quitta dès avril 1946. Il dira de cette expérience « avoir appris beaucoup de choses, notamment, toutes les ruses des communistes… gens terribles et dangereux ». En juin de la même année, il fut de ceux qui fondèrent le Parti des Déshérités de Madagascar (PADESM), présidé alors par Ramambason. Membre du Comité d’administration du Parti, il refusa toutefois, le mois suivant, d’en être le secrétaire général en raison de son proche départ pour la France où il devait effectuer un stage professionnel à l’École normale de Montpellier. Bénéficiant d’une bourse d’études, Philibert Tsiranana quitta donc Madagascar le 2 novembre 1946. Son départ pour la Métropole ne l’empêcha pas de poursuivre ses activités politiques. Il adhèra à la SFIO dont l’idéologie de socialisme modéré l’attirait par sa similitude philosophique avec les conceptions du paysan malgache, selon sa vision. En octobre 1949, il fut l’un des fondateurs de l’Association des étudiants malgaches côtiers (AEMC) issue d’une scission de l’Association des étudiants d’origine malgache (AEOM). Il en assura la présidence jusqu’en 1950, année de son retour dans la Grande Ile. Riche de son expérience en France, il sillonnait sa région à la rencontre de la population, prit ses distances vis-à-vis des dirigeants du PADESM qu’il trouvait « trop soumis à l’administration ». Il ne cachait pas son intention de réorganiser les structures du Parti dont il envisageait d’ailleurs de changer le nom.

L’ascension politique de Philibert Tsiranana à son retour à Madagascar s’effectua très progressivement. Le 30 mars 1952, il fut élu Conseiller provincial dans la 3e circonscription de Majunga, puis conseiller à l’Assemblée représentative malgache. Mais l’homme aspirait à un mandat national, plus précisément à la députation. Après quelques échecs électoraux, son souhait se concrétisa lors des législatives du 2 janvier 1956. Faisant ainsi partie des trois députés représentant Madagascar à l’Assemblée nationale française, il milita en faveur de l’autonomie tout en maintenant des rapports étroits avec l’ancienne métropole, position qui ne manquait pas, bien évidemment, de séduire les autorités coloniales. C’est ainsi qu’en 1957, il accèda à la vice-présidence du Conseil du gouvernement. En octobre de l’année suivante, il fut chargé d’assurer avec le Haut-Commissaire, André Soucadaux, la coordination générale des activités du territoire. Il fit adopter par le Congrès des Assemblées provinciales, la loi constitutionnelle n°1, à la suite de laquelle il fut désigné comme Président du Gouvernement provisoire de la République malgache. Le 1er mai 1959, par 113 voix sur 114, il fut proclamé solennellement par le Parlement malgache premier Président de la République malgache. En vertu de la Constitution, il fut en même temps Chef du Gouvernement. Fidèle à sa position antérieure, il maintint des relations privilégiées avec l’ancienne métropole, ce qui lui valut de nombreuses critiques de la part de ses adversaires politiques.

Taxé de néocolonialiste, le régime Tsiranana connut une chute brutale suite à des mouvements de contestation, en avril 1971 et en mai 1972.
Après son éviction à la tête du pays et son état de santé s’affaiblissant, Philibert Tsiranana se retira de la vie politique. Le 14 avril 1978, il fut admis en urgence à l’hôpital Befelatanana où il rendit l’âme, deux jours plus tard. Suivant ses dernières volontés, il fut inhumé à Andengondroy face à la Résidence présidentielle, non loin de son village natal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221805, notice TSIRANANA Philibert par Tiana Tatiana Deyrius, version mise en ligne le 6 janvier 2020, dernière modification le 19 août 2022.

Par Tiana Tatiana Deyrius

Oeuvres :
TSIRANANA P., Le cahier bleu – Pensées, Souvenirs, Tanamarive, Imprimerie Nationale, 1971, 100 p.

BIBLIOGRAPHIE
-  SAURA A., Philibert Tsiranana (1910-1978), Premier président de la République de Madagascar, Tome 1 : A l’ombre de de Gaulle, Paris, L’Harmattan, 2012, 382 p.
-  SAURA A., Philibert Tsiranana (1910-1978), Premier président de la République de Madagascar, Tome 2 : Le crépuscule du pouvoir, Paris, L’Harmattan, 2014, 345 p.
-  LES SOURCES
Les sources écrites
-  Discours d’ouverture prononcé le 9 septembre 1963 à Tanamarive aux journées internationales socialistes par le camarade Philibert Tsiranana, Président de la République, Fondateur du PSD, Tanamarive, Imprimerie Nationale, 1964, 16 p.
-  Repobolika Malagasy, Annuaire national, Editions Société les 4 points cardinaux, Paris, 1968, 313p.
Les sources orales
-  Entretien avec Eliana Bezaza, petite-fille du président Philibert Tsiranana
-  Entretien avec Raymond Ranjeva, juriste international et Président de l’Académie malgache.

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