IMBERT Robert, Charles [pseudonyme dans la résistance : Max]

Par Eric Panthou

Né le 10 novembre 1919 à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), exécuté sommairement le 2 mai 1944 à Rochepaule (Ardèche) ; communiste ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP) ; évadé de la prison du Puy ; membre du camp Wodli.

Fiche de recherche des évadés du Puy en octobre 1943

Fils de Louis et de Juliette Thomas, Robert Imbert était électricien et habitait 2 boulevard Cost, quartier du Merlan à Marseille (Bouches-du-Rhône). Militant communiste, il participa à la reconstitution de la Jeunesse communiste (JC) clandestin en 1940-1941. Il fut signalé à la police en décembre 1941, qui perquisitionna son domicile et sait du matériel de propagande. Il parvint à lui échapper et se réfugia à Nîmes (Gard). Il était caché par la famille d’André Marquès dont les enfants, Jacques et Julienne Simone militaient avec lui. Comme à Marseille, il reçut des dirigeants de la Jeunesse communiste, notamment Jean Burles. Le Parti l’envoya reconstituer la JC à Alès (Gard) où il fut arrêté pour distribution de tracts le 22 janvier 1942. Déféré devant la justice militaire, il fut écroué au fort Saint-Nicolas à Marseille et condamné aux travaux forcés à perpétuité par le Tribunal militaire de la 15e Région, le 26 février 1942, pour activité communiste. Incarcéré à la prison Saint-Pierre, il fut transféré à la Maison d’arrêt du Puy (Haute-Loire) où se retrouvèrent plusieurs dizaines de prisonniers politiques, essentiellement des communistes.

Jean Burles signale à deux reprises Imbert dans une note manuscrite datée du 15 mai 1954 sur son parcours pendant la guerre : « transféré en décembre à la prison du Puy, en cellule avec Corsi, d’Arles, Sirca des dockers de Marseille, Philomen Mioch, Imbert. »

Robert Imbert alias Max fit partie des 26 condamnés politiques qui s’évadèrent le 25 avril 1943 de la Maison d’arrêt du Puy. 16 des 26 hommes, dont Robert Imbert, furent repris. Il réintégra la prison du Puy, mis en cellule au rez-de-chaussée avec Joseph Lamouroux, Franck Roucaute et Michel Navarro.

La nuit du 1er au 2 octobre 1943 grâce aux FTP de l’extérieur, Robert Imbert et ses 4 camarades de cellule s’évadèrent aux côtés de 74 autres détenus, la plupart des détenus politiques, comme eux. Parmi ses 79 évadés, on retrouve les 16 repris après l’évasion du 25 avril, dont Robert Imbert et ses 4 camarades de cellule.
L’opération fut un succès. La majorité des évadés, à l’image de Robert Imbert, fut conduite au maquis « Wodli ». Ce maquis, 312e Bataillon FTP, avait été créé par les Francs-tireurs et partisans (FTP) c’est-à-dire la branche armée du PCF. Localisé au lieu-dit Raffy, commune de Queyrière (Haute-Loire), ce maquis fut l’un des plus importants de la région, regroupant notamment de nombreux militants venus de la Loire, toute proche.

C’est en évoquant l’évasion du 1er octobre 1943 de la prison du Puy que Jean Burles évoque une seconde fois Robert Imbert dans un rapport à la direction nationale du PCF. Il écrit : "Nous étions 86, avec nous des trotskystes et Imbert abattus par la suite sauf un : Demazière. » On ignore pourquoi Burle distingue Imbert du reste des prisonniers politiques.

Le site Mémoire des Hommes indique qu’il serait mort au combat le 3 mai 1944 à Rochepaule (Ardèche). Rochepaule fut un des sites où le camp Wodli se réfugia entre mars et mai 1944. En effet, ce camp, pour échapper à la traque perpétuelle des Allemands et de la Milice, se vit contraint à un nomadisme permanent, quittant même le département de la Haute-Loire pour l’Ardèche voisine. C’est ainsi que le camp Wodli, d’abord installé vers Saint-Préjet-d’Allier, en mars 43 se déplaça en Ardèche, La Louvesc, Rochepaule, en mai 43, puis la forêt du Meygal, Raffy, Montbuzat, en août 43. Il rejoignit enfin le secteur de Paulhaguet, La Chaise-Dieu, Bellevue-la-Montagne en avril 44, Saint-Pal-de-Senouire en mai, La Chapelle-Bertin en juillet pour se fixer en août 44 dans le secteur de La Chaise-Dieu et Sembadel.

C’est donc sur l’un des sites du camp Woldi que Robert Imbert fut tué mais il semble qu’il s’agisse non du 3 mais du 2 mai. Le 2 mai, eut lieu une attaque du maquis par les Allemands et les miliciens. Vasco Corsi fut tué ce jour, exécuté sommairement par les Miliciens. Selon le moment élevé à Rochepaule en hommage aux victimes de cette attaque, Robert Imbert fut le second FTP tué ce jour-là.
A côté d’eux, 6 autres FTP furent arrêtés puis déportés dont trois ne revinrent pas : le jeune Georges Boyer alias Claude, autre militant communiste ; Rey, alias Ernestitio et Zuzo alias Victor.

Robert Imbert a été reconnu "Mort pour la France".

Son nom figure sur monument aux Morts de Châteaurenard ainsi que sur le Monument aux Morts de Rochepaule.

Sa mère, Juliette née Thomas, née en 1891 dans l’Aisne, partageait les convictions de son fils et fut au courant de ses activités. Un arrêté d’internement administratif fut pris à son encontre le 23 février 1942. Elle fut envoyée au camp de Brens (Tarn). Elle nia avoir appartenu au PC, s’engagea à ne pas faire opposition à la politique du gouvernement et à l’oeuvre du maréchal Pétain e 17 août 1942. Le chef de camp fut favorable à une libération conditionnelle mais la police y était défavorable. Elle fut libérée par un arrêté signé le 87 décembre 1942.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221881, notice IMBERT Robert, Charles [pseudonyme dans la résistance : Max] par Eric Panthou, version mise en ligne le 8 janvier 2020, dernière modification le 13 décembre 2021.

Par Eric Panthou

Fiche de recherche des évadés du Puy en octobre 1943

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône 5 W 160 (dossier Marquès), 183 (dossier Ferla), 216 (dossier de sa mère). — SHD Vincennes, GR 16 P 301452. Dossier Robert Imbert (nc) .— AVCC Caen, AC 21 P 55444. Dossier Robert Imbert (nc) .— Arch. Comité national du PCF, dossier Jean Burles. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 158 : évasion du Puy, 1er octobre 1943 .— Jean Vigouroux, « Résistance : tragédie du 3 avril 1944, l’imprudence ou la trahison ? », Le Progrès - Lyon, Firminy-ville, dimanche 3 mai 2015 .— « Hommage aux déportés locaux au travers du livre « Digoinais dans la guerre » », Le Journal de Saône et Loire Charolais, samedi 23 avril 2005 .— Mémorialgenweb.— notes Jean-Marie Guillon.

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