LEBLOYS Ernest

Né le 31 mars 1824 à Limoges, mort accidentellement le 21 avril 1872 ; journaliste républicain-socialiste, opposant au Second Empire.

Ernest Lebloys appartenait à une famille de médecins limousins : son grand-père avait été médecin de la maison centrale de Limoges, et son père, qui exerçait également la médecine, avait été conseiller général sous la monarchie censitaire. Ernest Lebloys fit ses études au lycée de Limoges puis à Paris à l’institution Mathé, faubourg Saint-Honoré. Il devint un des disciples de Pierre Leroux et s’associa à ses travaux à Boussac.

Sous la Seconde République, il fut rédacteur du Peuple, journal trihebdomadaire de Limoges. À l’automne 1848, il écrivit Le Soldat loup-garou, brûlot antimilitariste qui fut ensuite publié par le journal de Proudhon, Le Peuple, et diffusé au printemps 1849 par la Propagande démocratique et sociale à des dizaines de milliers d’exemplaires, et jusque dans les casernes.
En avril 1849, il suivit pour le journal Le Peuple les débats qui se déroulèrent aux assises de Poitiers où comparurent les participants à la manifestation qui avait eu lieu à Limoges, le 27 avril 1848. En même temps, il assurait la défense des accusés Talandier et Mollat. Le 5 avril, il fut expulsé de la salle des débats pour avoir pris la parole lors de la déposition d’un témoin et avoir présenté, dans son journal, cette déposition d’une façon inexacte. Le président ayant rejeté les conclusions présentées par Michel de Bourges au nom de la défense, Lebloys ne put plaider et ses clients durent assurer eux-mêmes leur défense. Voir Briquet Ch.
Le 13 juin suivant, présent à Paris, Lebloys prit part aux événements survenus alors. Il assista à une manifestation au Château-d’Eau, porteur d’un drapeau tricolore, en tête d’une colonne d’étudiants, tandis que le cortège des ouvriers était précédé d’un drapeau rouge (cf. M. Dommanget, Histoire du Drapeau rouge, Paris, 1967, p. 118).
En 1850, Lebloys était rédacteur en chef du Salut du Peuple, feuille mensuelle. À l’occasion d’une élection partielle, le 10 juin, il y publia un appel en faveur de la candidature républicaine de Ducoux au siège laissé vacant par Lamazière, déchu de son mandat, à la suite de l’affaire du 13 juin 1849. Le 9 mars 1850, Lebloys fut condamné par la cour d’assises de la Haute-Vienne à un an de prison pour délit de presse.

Au moment du coup d’État, il prit les armes et, le 3 décembre 1851, se trouvait aux côtés de Denis Dussoubs sur la barricade du Petit-Carreau (Ténot, Paris en décembre 1851, p. 219). Il dut s’exiler. À Londres, il retrouva Pierre Leroux et Talandier et fit partie du groupe l’« Union socialiste » animé par Cabet, Louis Blanc et Pierre Leroux. En 1853, il se rendit en Belgique et se fixa à Bruxelles où il fut rédacteur au journal littéraire Ylenspiegel. Il donna des articles sur les questions sociales à L’Association (Voir Talandier) et collabora également au Courrier français de Vermorel, après que celui-ci se fut brouillé avec Georges Duchêne.

En 1857, Lebloys vint en visite à Roziers-Saint-Georges (Haute-Vienne) où résidait sa famille. Il se maria en Belgique. Le 9 décembre 1863, il rentrait en France avec sa femme. Il avait alors l’intention de se fixer à Roziers-Saint-Georges. Avec Élisée et Élie Reclus, A. Verdure, etc., il collabora à La Coopération qui parut à Paris du 9 septembre 1866 au 14 juin 1868. La Coopération avait succédé à l’Association, bulletin international des sociétés coopératives. Imprimée à Bruxelles, La Coopération donna des informations sur l’Internationale.
E. Lebloys figura, dans le même temps, au nombre des collaborateurs de La Voix de l’Avenir, 31 décembre 1865-8 novembre 1868, que dirigeait P. Coullery et qui, à partir du 26 mai 1867, devint le journal de l’AIT de la Suisse romande.
Au second congrès de l’Internationale tenu à Lausanne du 2 au 8 septembre 1867, il adressa 150 exemplaires d’une motion intitulée : La paix désarmée dans les deux mondes. Il intervint par une seconde lettre accompagnant l’envoi de son ouvrage : Quel gouvernement remplacera l’Empire ? dont il faisait hommage au congrès. Il demandait alors que sa motion La paix désarmée soit prise en considération et discutée. Une adresse au congrès de la Paix ayant déjà été votée, on passa à l’ordre du jour.

Passé le 4 septembre 1870, Lebloys fut, avec Lamazière, un des fondateurs de la Société Populaire réorganisée à Limoges. Il prit ensuite part aux opérations militaires contre la Prusse. En novembre 1870, il leva une compagnie de francs-tireurs de soixante-quatre hommes, « les Amis de Paris », qui combattit avec la Deuxième Armée de la Loire. Après la déroute du Mans (10-12 janvier 1871), cette compagnie était réduite à 22 hommes dont 12 seulement étaient encore valides. Lebloys demanda l’autorisation d’aller la reformer en Limousin où il espérait pouvoir lever une centaine d’hommes. Après l’armistice, il ramena à Limoges les hommes qui lui restaient.
Il échoua aux élections à l’Assemblée nationale du 8 février 1871, en Haute-Vienne, sur la liste « gambettiste », mais, le 8 mai 1871, il fut élu maire de la petite commune de Roziers (Haute-Vienne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221882, notice LEBLOYS Ernest, version mise en ligne le 8 janvier 2020, dernière modification le 5 octobre 2022.

ŒUVRES : Articles de presse dans les journaux de Limoges : Le Peuple (1848), Le Salut du Peuple (1850), et de Paris : L’Association (1864), Le Courrier français.Parmi ses ouvrages, citons : Critique du gouvernement français, ou Quel gouvernement remplacera l’Empire ? par Étienne Marcel [E. Lebloys], Bruxelles, 1862, in-18, 71 p., Bibl. Nat. 8° Lb 56/1257. — Question posée au Congrès des sciences sociales : Voulez-vous la paix et le désarmement général ?..., Bruxelles, 1862, in-8°, 22 p., 8° R Pièce 2400. — Socialisme pratique : moyen facile de payer l’impôt extraordinaire de deux millions cinq cent mille francs, récemment décrété pour la Haute-Vienne. La calomnie de M. Langle contre M. Lebloys réfutée, s. d. [1870], in-fol, 2 p., Fol. Lb 57/402.

SOURCES : Recherches de A. Perrier et notamment Arch. Dép. Haute-Vienne, M 747 et pièces du procès de mars-avril 1849. — Populaire du Centre, octobre 1960 (étude par André Bois). — Citons encore : Répertoire..., vol. I, La Première Internationale, Périodiques, op. cit., — La Première Internationale (J. Freymond), op. cit., tome I, pp. 130-137. — Le Peuple, 23 février 1849. — La Révolution démocratique et sociale, 10 mars 1849. — Vincent Robert, La Petite-fille de la sorcière, enquête sur la culture magique des campagnes au temps de George Sand, Les Belles lettres, 2015, p. 241-245.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable