LECAMP Barthélémy [LECAMP Joseph, Barthélémy]

Né le 21 juin 1827 à Craonne (Aisne) ; mort le 26 octobre 1888 à Paris (Ve arr.) ; commis-voyageur ; socialiste révolutionnaire de 1848 et de 1871.

Il était le frère de Louis, Athanase Lecamp ; marié, père de deux enfants.
En 1849, pendant la captivité de son frère, Barthélemy Lecamp assura la publication de L’Association rémoise dont Bressy était le rédacteur en chef.
De 1850 à 1854, B. Lecamp encourut six condamnations : le 7 juin 1850, six mois de prison et 500 f d’amende pour exaltation à la rébellion ; le même jour, un an de prison et 2 000 f d’amende pour diffamation envers un ancien maire ; le 19 juin 1850, cinq semaines de prison et 25 f d’amende pour colportation d’écrits sans autorisation ; le 12 août 1850, deux ans de prison et 3 000 f d’amende pour provocation à la désobéissance aux lois. Lecamp se réfugia alors en Belgique où se trouvait son père. Le 19 septembre 1854, il fut condamné à quatre ans de prison pour affiliation à société secrète et, deux jours plus tard, à six mois de prison pour tentative d’évasion. Transporté en Guyane, il rentra en France après amnistie en 1858.
Les condamnations de 1854 étaient intervenues dans les circonstances suivantes : de Belgique, B. Lecamp s’était rendu à Londres où il était devenu le secrétaire de Félix Pyat. Celui-ci le renvoya à Reims, en janvier 1853, pour faire la liaison entre les socialistes de la ville et la Commune révolutionnaire. B. Lecamp y arriva sous le nom de Jacques et dirigea, tout de suite, l’agitation ouvrière. Il y avait à l’époque une crise industrielle très grave qui atteignait plus de la moitié d’une population ouvrière de plus de 45 000 âmes employée au tissage et à la filature. Près de 7 000 ou 8 000 ouvriers voyaient leur gain limité à deux francs par jour ; 4 850 ménages étaient secourus à domicile. On dut distribuer près de 2 000 bons de pain à prix réduit.
Dans ces conditions-là, Lecamp fonda une société secrète qui groupa 150 à 200 ouvriers, qui eut ses règles, son serment — quelque peu mélodramatique, aux dires du réquisitoire — ses mystères, et qui avait pour but de livrer les propriétés aux ouvriers, de proclamer la Révolution sociale, d’entrer en rapport avec les conjurés pour supprimer l’Empire.
La conspiration fut découverte peu après la condamnation des inculpés des complots parisiens de l’Hippodrome et de l’Opéra-Comique. Au moment de cette découverte, Lecamp était à Paris avec trois amis : le commis-voyageur Daguet P., le typographe Gillibert, le peintre Trouscard. Ils furent ramenés à Reims. Les révélations de l’ouvrier Hardy amenèrent l’arrestation et le maintien sous les verrous de 91 accusés, presque tous ouvriers de la fabrique de Reims : apprêteurs, tisseurs, fileurs, peigneurs. 149 personnes furent poursuivies parmi lesquelles la mère de Lecamp, âgée de 60 ans, avec qui il vivait, Dauphinot, Lejeune Alfred, Courmeaux (alors en Belgique).

« Révolutionnaire incorrigible », B. Lecamp participa à la Commune. En 1871, Bozier Ét., Davoust, Faillet, François, Joignaux, B. Lecamp, E. Léger, Éloi Leseure, Masson, Michel, Jules Sassin et Sévin composèrent le comité d’initiative du XVIIe arr. de Paris qui patronna les candidatures de A. Combault et A. Dupont aux élections du 26 mars 1871 parce que ces deux noms résumaient « le mieux l’idée de la Révolution Communale ». (cf. Murailles... 1871, op. cit., p. 105). Combault appartenait à l’Internationale. Il ne fut élu ni le 26 mars, ni le 16 avril. A. Dupont fut élu membre de la Commune le 16 avril.
Durant la Commune, B. Lecamp appartint à la commission municipale du XVIIe arr. — voir Bonnefont. Des médecins attestèrent par la suite qu’il avait dirigé avec dévouement le service des ambulances de l’arrondissement.
Il fut condamné le 5 avril 1875 par le 3e conseil de guerre à cinq ans de détention. Il écrivit le 30 octobre 1877 avoir « résisté aux vandales du Comité central ». En février 1878 il était atteint d’une phtisie pulmonaire très avancée ; il était « complètement épuisé » ; « homme tranquille et qui accepte son sort avec résignation, en manifestant de très bonnes dispositions » ; il faisait suivre sa signature des trois points maçonniques disposés en triangle (cf. son recours en grâce du 6 janvier 1878, ainsi que d’autres lettres) — voir Thirifocq Eugène.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221884, notice LECAMP Barthélémy [LECAMP Joseph, Barthélémy], version mise en ligne le 8 janvier 2020, dernière modification le 8 février 2022.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/815, n° 5448 (en ce qui concerne la Commune). — Arch. Dép. Marne, 30 M 17, 30 M 18. — I. Tchernoff, Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire. — Boussinesq et Laurent, Histoire de Reims..., t. II, 2e partie. — Y.-M. Hilaire, « Le Messager du Nord et la question ouvrière sous la Seconde République », Revue du Nord, n° 174, avril-juin 1962. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, 2021. — Notes de Sandrine Cousty.

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