LORGUE Jacques

Né le 29 décembre 1822 au Theil, commune de Blond (Haute-Vienne), mort en 1907 ; sabotier ; opposant au Second Empire.

Il fut expulsé en 1852 par la Commission mixte. Lorgue vécut à Londres, Pency Street, où il fonda un hôtel meublé avec restaurant. Il y recevait des proscrits et se mêlait à leur vie. Il célébra parfois dans des discours l’anniversaire des journées de juin 1848. Il fut signataire, en 1855, d’un avis paru dans le journal L’Homme, publié à Londres, avis réfutant les calomnies formulées contre Talandier par La Sentinelle de Glasgow.
Le restaurant de Lorgue fut le lieu de réunion de la colonie française de la proscription à Londres. « C’est dans cet établissement qu’on procédait au remaniement de la France, à la confection des fameuses listes de nomination de fonctionnaires républicains. Là aussi venaient se mesurer dans la discussion les membres de la « Commune révolutionnaire » de Paris contre les « Droits de l’Homme » et autres sectes fantaisistes. Des groupes de femmes révolutionnaires y étaient formés, l’un d’eux avait pour présidente la citoyenne Lorgue ». (E. Fribourg, l’Association internationale des Travailleurs, p. 150, Paris, Le Chevalier, 1871.)

À la faveur de l’amnistie de 1859, Lorgue revint en 1860 en Limousin où il fut l’émissaire de Talandier. À son arrivée à Paris, il reçut des lettres des porcelainiers Boiron et Mantin. Le 1er septembre 1860, il se rendit à Bellac où il rencontra des amis de Talandier et de Jourdain, dont Tharaud, avec lequel il organisa les moyens de correspondre avec Londres. Le 17 septembre, il séjourna à Blond, son pays natal. Revenu à Paris le 18 septembre, il repartit pour Londres, porteur de lettres de Boiron et Mantin pour Talandier. (Voir ces noms.) Membre de la Franc-Maçonnerie, il était orateur de la loge des « Gymnosophistes » (voir Berjeau Jean).
En 1867, il fit un nouveau voyage à Blond.
Il rentra à Limoges en septembre 1870. Il fut membre du Comité de la Société populaire de défense nationale et du Comité de défense départementale. Sa candidature aux élections pour l’Assemblée nationale, du 8 février 1871, fut proposée par la Société populaire, mais non retenue par la réunion de la Société populaire et de la Société de défense républicaine de tendance plus modérée, ce qui amena la protestation de plusieurs militants.

Nommé économe de l’asile d’aliénés de Naugeat, le 22 décembre 1879, Lorgue exerça ses fonctions jusqu’au 14 mai 1902. Il n’en continua pas moins à participer à la vie des associations démocratiques.
En février 1881, il prit la parole à Limoges dans un meeting commémoratif de la révolution de février 1848 et exalta l’action menée par Pierre Leroux dans la région.
En décembre 1881, il fut témoin à Paris au mariage de la fille d’Alfred Talandier, Mary-Ann, née en Angleterre, avec M. Niox-Château. En mai 1885, il fut délégué par les proscrits de Limoges pour assister aux obsèques de Victor Hugo.

Lorgue mourut à l’âge de 84 ans et fut incinéré. Ses cendres ont été transférées à Blond et placées dans une tombe de famille. La tombe a disparu, lors de la construction par les descendants d’un caveau mortuaire, ainsi qu’une plaque rappelant le souvenir de Jacques Lorgue. Les registres d’état-civil de Blond ne portent aucune mention de transcription. Lorgue a eu un fils et une fille, celle-ci s’est mariée avec M. Béchard, sous-préfet à Cholet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221914, notice LORGUE Jacques, version mise en ligne le 9 janvier 2020, dernière modification le 9 janvier 2020.

SOURCES : E. Fribourg, L’Association internationale des Travailleurs, Paris, Le Chevalier, 1871. — P. Cousteix, « L’opposition ouvrière au Second Empire en Haute-Vienne » (Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 1955). — P. Cousteix, « La Commune à Limoges » (L’Actualité de l’Histoire, 15 avril 1956). — André Combes, « Des Origines du Rite de Memphis à la Grande Loge des Philadelphes, 1838-1870 », Chroniques d’histoire maçonnique, n° 34, 1985. — Notes de M. Cordillot.

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