FOUCAULT Jean

Par Jean-Yves Guengant

Né le 5 novembre 1803 à Landerneau (Finistère), mort le 16 janvier 1876 à Condé-sur Vesgre, Seine-et-Oise (Yvelines)  ; agriculteur  ; saint-simonien puis fouriériste, membre de la colonie sociétaire de Cîteaux et du Ménage sociétaire de Condé-sur-Vesgre.

Jean Foucault naquit le 13 brumaire an XII (5 novembre 1803) dans la commune de où son père tenait le relais de poste. Devenu agriculteur sur la commune de Guipavas, il y exploita une petite ferme au lieu-dit Penfrat. Il y expérimenta les techniques nouvelles d’assolement.
En septembre 1831, les saint-simoniens Édouard Charton et Hippolyte Rigaud, en tournée de conférences dans l’Ouest de la France, vinrent à Brest. Parmi les rares personnes convaincues par le message saint-simonien se trouvait Jean Foucault et Charles Pellarin, alors chirurgien à Brest. Ce dernier, parti rejoindre la communauté de Ménilmontant, la quitta après six semaines, et se convertit alors au fouriérisme. Il en fit part à Foucault l’invitant à le rejoindre.
Jean Foucault fut nommé maire de la commune de Guipavas (1835-1838). Il s’abonna à La Phalange, et participa à la propagande et à la diffusion des ouvrages de l’École sociétaire avec ses amis Joseph Pouliquen, de Landivisiau, et Nicolas-Alexandre Bourguignolle, architecte installé à Guipavas comme cultivateur. Joseph Pouliquen soulignait dans une correspondance l’isolement des militants dans des petits bourgs.
En juillet 1837, Foucault souscrivit pour réunir l’argent nécessaire à l’élaboration des plans d’un futur phalanstère, en faisant un don de 1500 francs : « Nous adhérons complètement à l’emploi que vous jugerez convenable d’en faire en tant qu’il aura pour objet de hâter la réalisation des idées de M. Fourier. » Lors des tensions au sein de l’École sociétaire pendant l’été 1837, il est informé par les dirigeants de l’École des risques de dissidence. Il répond alors à Victor Considerant qu’il se range derrière lui.
« Guipavas, le 2 septembre 1837, […] J’ai reçu hier votre lettre confidentielle que j’avais lu la veille chez Contant. La dissidence dont il est question n’était point encore connue de nous, mais quoiqu’il en soit, vous pouvez nous compter du nombre qui fondent leur plus chère espérance sur votre beau talent et sur votre noble dévouement. Agréez, Monsieur, l’expression de ma haute estime et de ma vive affection ». Foucault (Archives nationales, fonds Fourier et Considerant). Il cessa alors de participer au projet d’Union phalanstérienne, soutenu à Brest par Édouard de Pompéry et J.-R. Allanic.
En 1838, il se sépara de son exploitation agricole et s’installa à Brest, comme agent de change. Il abandonna alors sa charge de maire de Guipavas. Le 3 octobre 1838, il fut reçu apprenti à la loge maçonnique des « Élus de Sully » dans la même cérémonie que Jean-René Allanic. Foucault dépassa le grade de Maître, ce qui montre une fréquentation régulière de la loge, jusqu’à son départ pour l’Abbaye de Cîteaux où on projetait de créer un phalanstère. En 1841 il céda son agence à un Louis-Émile Calbrie, un fouriériste brestois. Il participa à l’expérience de la colonie de Cîteaux à partir de l’automne 1841. Il rejoignit Condé-sur-Vesgre en 1850 où la Société Baudet-Dulary, Lenoir, Boissy et Cie fut remplacée par le Ménage sociétaire. Jean Foucault fut membre fondateur du Ménage sociétaire, avec son ami Pouliquen. Il habita à Condé en compagnie de Pouliquen « propriétaire associé ». En 1860, le bail prit fin et la Société Baudet-Dulary, Lenoir, Boissy et Cie n’existant plus, quelques phalanstériens se portèrent acquéreurs du domaine le 22 juillet. Puis une société, La Colonie, fut créée le 11 novembre de la même année. Foucault écrivit les statuts de cette société civile immobilière et en fut successivement le syndic (1861 à 1863, puis 1864 à 1867) et l’administrateur (1867 à la fin 1875). Il était abonné à La Science sociale.
En décembre 1875, ses problèmes de santé l’empêchèrent de remplir ses fonctions et un autre colon fut nommé pour le suppléer. Il vécut à La Colonie jusqu’à sa mort, le 16 janvier 1876. Un hommage fut rendu par Charles Pellarin le 7 avril 1876. Ce dernier prononça son éloge funèbre, retraçant son parcours depuis 1831 et évoquant le découragement qui le gagnait, ne voyant pas l’œuvre phalanstérienne se réaliser.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221919, notice FOUCAULT Jean par Jean-Yves Guengant, version mise en ligne le 9 janvier 2020, dernière modification le 9 janvier 2020.

Par Jean-Yves Guengant

SOURCES  : Charles Pellarin, Souvenirs anecdotiques : médecine navale, saint-simonisme, chouannerie, Paris, Librairie des sciences sociales, 1868. — 104e anniversaire natal de Fourier, Paris, Librairie des sciences sociales, 1876. — Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, archives départementales du Finistère, archives départementales des Yvelines, — Archives de Condé, Rapport du syndicat résumant le mouvement de la société « La Colonie », depuis son origine jusqu’au 31 mars 1870, par M. Morellet, président du Syndicat, 5 juin 1870, et registre des délibérations du syndicat de la société civile immobilière.

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