Par Antoine Olivesi
Né le 14 juin 1913 à Nice (Alpes-Maritimes), mort le 16 août 1999 à Marseille (13e arr.) ; maçon ; militant communiste des Bouches-du-Rhône ; syndicaliste CGT, secrétaire du syndicat des produits chimiques.
Son père, italien, était tonnelier antifasciste et sa mère infirmière. Philippe Demaurizi travailla tout jeune comme cuisinier puis comme maçon et adhéra à la « Jeunesse communiste » en 1928, à Marseille ainsi qu’au syndicat de sa profession, et en 1934, devint secrétaire fédéral à l’organisation des JC de Marseille, avec Léon Enjalbert. Parti au service militaire fin 1934, Lorsqu’éclatèrent les grandes grèves de juin, il fut désigné pour diriger le mouvement chez Fournier-Ferrier et négocier avec ses patrons des contrats collectifs. En décembre 1936, il devint permanent et remplaça en qualité de secrétaire du syndicat des produits chimiques, avec Bruno Razzoli, son prédécesseur jugé incapable. La même année, il adhéra au PC et fut envoyé par François Billoux, à l’école nationale du PC à Arcueil en même temps que Victor Joannès. Il revint à Marseille six mois plus tard et fut nommé secrétaire de la 5e section, spécialement chargé de l’organisation des regroupement de quartiers. Il résidait alors 116 rue Félix-Pyat.
En 1938, il participa au ravitaillement de l’Espagne républicaine. Après avoir été licencié des Usines Régis Frère, il fut définitivement confirmé comme cadre du Parti, il était en même temps secrétaire du Comité d’intérêts de son quartier.
En juin 1939 il était président du comité d’initiative des fêtes du Cent cinquantième anniversaire de la Révolution française, pour son quartier de Saint-Mauront, sous le parrainage de Jean Duchemin.
Les listes électorales de 1939 indiquant en marge de son nom, de son adresse et de sa profession (journalier), la mention « incapacité » sans significations réelles, selon lui.
Demaurizi fut mobilisé en septembre 1939 à Valdeblore et démobilisé le 29 juillet 1940. Selon son témoignage recueilli par A. Bernard, il chercha « par tous les moyens le contact avec le Parti clandestin. En septembre 1940, j’ai pu rencontrer Lepori ». Il lui indiqua la consigne de la Région : « se tenir tranquille » momentanément. Arrêté préventivement le 1er décembre 1940 avant la visite du Maréchal Pétain à Marseille, il fut libéré huit jours plus tard. Il reçut alors d’Henri Caresmel la mission de former des comités populaires dans les entreprises.
En janvier 1941, il devint responsable politique du 5e canton reconstitué du Parti communiste puis, en mars, responsable politique du secteur « Nord » de Marseille. Enfin, en mai 1941, il était secrétaire politique de la Fédération des Bouches-du-Rhône du Parti communiste clandestin. Il fit paraître Rouge-Midi clandestin, avec un tirage de 10 à 15 000 exemplaires où, dans le numéro du 15 mai 1941, il publia un appel pour la constitution d’un Front National de lutte pour l’indépendance de la France.
Demaurizi fut arrêté le 29 juillet 1941 et condamné le 26 novembre à 20 ans de travaux forcés par la Section spéciale du Tribunal militaire de Marseille. Il fut condamné à 20 ans de travaux forcés et d’interdiction de séjour, ainsi qu’à la dégradation civique « pour activité communiste régionale et détention de circulaires récentes communistes ».
Il fut interné à Nice jusqu’en octobre 1943 puis à Eysses où il fut nommé en octobre 1943 président régional des détenus participa à la fameuse révolte du 19 février 1944 où 1 200 prisonniers se battirent durant 13 heures contre les Allemands. Il fut alors déporté à Dachau où il fut libéré en 1945 par les Alliés.
En 1947, Demaurizi était employé aux Produits chimiques selon les listes électorales marseillaises. Il reprit son activité au syndicat des produits chimiques, redevint secrétaire de section et fit partie des grands électeurs pour le Conseil de la République.
Demaurizi, très malade en 1962, retraité depuis 1973 - il prit sa carte des retraités CGT de la construction -, vivait en 1984 à La Bouilladisse près de Marseille, avec sa femme, elle-même résistante active et discrète. Jean Cristofol avait été témoin de leur mariage. Il était encore vice-président de l’Amicale de Dachau et s’occupait avec Antoine Laï des services de l’ANACR, ainsi que du secrétariat de l’ADIRP.
Par Antoine Olivesi
SOURCES : Arch. com. Marseille, listes électorales de 1939 et de 1947. — Provence Socialiste, 16 juin 1939. — Notice biographique transmise par M. Marcel Bernard après interview du militant, dans le cadre d’une thèse de 3e cycle d’histoire, Aix. — Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en Région 2, Thèse de doctorat, 3 vol, 860 p., Aix, 1977. — Site Match ID, Acte n°53 N, Source INSEE : fichier 1999, ligne n°593584. — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.