BARRY Yves, Jean

Par Pierre Bonnaud

Né le 30 juillet 1889 à Saugues (Haute-Loire), exécuté sommairement 8 juillet 1944 à Portes-Les-Valence (Drôme) ; médecin ; résistant, membre de la délégation municipale du “Comité de Libération Nationale” d’Annonay (Ardèche) en juin 1944, homologué Forces françaises de l’Intérieur et interné résistant (DIR).

Yves Barry était le fils de Jean-Baptiste Barry, notaire dans la petite ville de Saugues (Haute-Loire) et de Marie-Rose Barroux, déclarée sans profession, âgée de trente et un an au moment de la naissance de son enfant.
Alors qu’il était étudiant à Paris et recensé militaire dans cette ville (3e bureau), il renonça au sursis qui lui avait été accordé et effectua son service militaire au 86e RI du 9 octobre 1910 au 25 septembre 1912. Il quitta le régiment avec le grade de sergent.
Il fut nommé médecin auxiliaire de réserve le 19 août 1913 et affecté à la 24e section d’infirmiers militaires, puis le 9 janvier 1914, au 5e régiment du Génie.
C’est au sein de ce régiment qu’il effectua la totalité de la 1ère guerre mondiale.
Il fut régulièrement promu dans la réserve jusqu’au grade de Médecin aide-major de 1ère classe le 29 septembre 1923.
Inscrit à la faculté de médecine de Paris, Yves Barry en sortit diplômé en 1920.
Rappelé à l’activité en 1939, il fut affecté au 142e régiment régional le 25 août 1939 et démobilisé le 13 juillet 1940.
Installé un temps à Lyon (Rhône, Métropole de Lyon), il exerça ensuite la médecine à l’hôpital d’Annonay (Ardèche) et ouvrit un cabinet en ville en mars 1941 au 2, rue Seysselles. Il résidait à cette adresse avec son épouse, née Marie, Marcelle Audiard durant la période de la guerre.

Les dossiers et enquêtes rassemblés par l’administration au moment de la Libération (Mémorial de l’oppression), les démarches de sa famille et de ses amis dans l’immédiate après-guerre, (Archives de Caen, Service des victimes des conflits contemporains ), font apparaître qu’Yves Barry s’était engagé tôt dans la Résistance annonéenne : dès 1942, il faisait partie du mouvement France d’Abord. Son domicile servit aussi de boîte aux lettres aux groupes du Front national lié au Parti communiste. En tant que médecin, il apporta ses soins aux résistants malades ou blessés.

En 1944, lors de l’insurrection qui suivit le 6 juin et de l’épisode de la “République d’Annonay” (du 6 au 19 juin), il fit partie de la délégation municipale du “Comité de Libération nationale” présidée par Jacques Méaudre de Sugny dit “Loyola”. Il fut inscrit comme membre de la 7104e compagnie FTP de l’Ardèche.

Lors de la reprise de la ville par les forces conjointes de Vichy et de la Wehrmacht, il refusa de fuir et d’abandonner ses malades. Il fut arrêté à son domicile le 19 juin. Aux mains des Allemands, il fut transféré à Lyon , emprisonné à Saint-Paul puis à Montluc. Il fut enfermé au “réfectoire des hommes” de Montluc où les détenus étaient entassés (60 grabats pour 110 détenus). Un co-détenu, Georges Dionnet, a apporté son témoignage et ses souvenirs sur Yves Barry : « Durant les trois semaines pendant lesquelles notre camarade Barry fut notre compagnon de misère, nous avons eu le privilège d’entendre plusieurs de ses causeries touchant des sujets aussi passionnants qu’étranges pour la plupart d’entre-nous ».
Yves Barry fut interrogé, sévèrement torturé et il “supporta stoïquement toutes ces blessures affreuses” infligées par ses bourreaux.

Le 8 juillet, les Allemands vinrent prélever 33 détenus qu’ils firent embarquer “dans un fourgon de déménagement garni de paille”. Celui-ci se rendit à Portes-lès-valence (Drôme). Yves Barry faisait partie de ces “voyageurs sans bagages”. Les otages furent fusillés contre un mur des bureaux du dépôt SNCF, en représailles d’une attaque de la Résistance drômoise (du groupe franc Paul Bernard) qui, dans la nuit du 6 au 7 juillet 1944, avait fait de gros dégâts matériels dans le dépôt et douze morts dans les rangs allemands.
Le 20 juin 1955, le ministère des anciens combattants et victimes de Guerre donna suite aux démarches de l’épouse et de la mère d’ Yves Barry. Il fut reconnu comme “interné Résistant” et homologué résistant, membre des Forces françaises de l’Intérieur.
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume par décret du 2 avril 1959 paru au JO du 8 avril 1959.
Son nom figure sur le monument aux morts et la stèle commémorative des victimes 1939-1945, à Annonay, sur la stèle érigée sur le lieu des exécutions, à Portes-lès-Valence, et sur la plaque commémorative 1939-1945 de la Faculté de médecine Paris-Descartes, à Paris VIe arr. (Paris).
La rue Seysselles à Annonay est devenue la rue du docteur Barry.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222027, notice BARRY Yves, Jean par Pierre Bonnaud , version mise en ligne le 14 janvier 2020, dernière modification le 12 novembre 2022.

Par Pierre Bonnaud

SOURCES : Arch. de Paris, RMM, 1909, 3e bureau, mat. 3877. — Les ressources du Mémorial de l’oppression (Arch.Dép. Rhône, 3808W) et des archives de Caen (Service des victimes des conflits contemporains) ont été exploitées avec minutie dans le travail d’une classe de 3e du collège Charles De Gaulle de Guilherand-Granges (Ardèche) conduit sous la responsabilité de leurs professeurs d’Histoire-Géographie : madame Stéphanie Buis et monsieur Bruno Hermann. Cf. www.ac-grenoble. fr/college/guillerand/ file/ journal-de-bord.
Autres sources : A. Demontès, L’Ardèche martyre, Largentière, 1946. — Louis-Frédéric Ducros, Montagnes ardéchoises dans la guerre, t.III, Valence, 1981. --- ANACR, Mémorial de la Résistance en Ardèche, Lienhart, Aubenas, 3e édition, 1994. — Témoignage de Georges Dionnet reproduit dans Bruno Permezel, Montluc, Antichambre de l’inconnu, 1942-1944, edit. BGA Permezel, Lyon, 1999 et Anne Boudon, Des grenades sous le plancher, Carnets de la Vanaude, 2001. — Compléments Jean-Luc Marquer. — Extrait d’acte de naissance d’Yves jean Barry transmis par la mairie de Saugues (Haute-Loire).

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