GUENDON Pierre, Albert, Jacques

Par Josette Ueberschlag

Né le 28 novembre 1904 à Cavaillon (Vaucluse) ; mort le 17 mars 1992 à Avignon (Vaucluse) ; instituteur dans le Vaucluse, adepte des techniques Freinet ; militant syndicaliste du SNI, de la FOL, de l’ICEM et de l’OCCE.

Pierre Guendon
Pierre Guendon

Pierre Guendon était le fils unique de Pierre, Albert Guendon, représentant de commerce, et de Marie, Élise, Zélia Kraszewski, institutrice. Ses parents s’étaient mariés à Besançon (Doubs) le 26 mai 1903. À sa naissance, sa mère avait 32 ans, tandis que son père, veuf depuis 1898, né à Ménerbes (Vaucluse) d’une mère célibataire, Marie Guendon, était âgé de 55 ans.

Orphelin de père à 10 ans, Pierre Guendon effectua sa scolarité primaire à Cavaillon jusqu’au certificat d’études puis fut élève à l’école primaire supérieure Benoit de L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse). Après avoir été élève-maître à l’École normale d’instituteurs d’Avignon, il effectua son service militaire au 30e bataillon de chasseurs à pied dans la zone d’occupation des pays rhénans, de novembre 1925 à avril 1927, qu’il termina au grade de sergent.

De retour à la vie civile, il enseigna dans des villages du plateau de Sault et du Lubéron. Il se maria avec Marie-Louise Vollot à Lyon (VIIe arrondissement), le 7 juillet 1930. Ils eurent deux fils : Jean (né en 1932, devenu chef de rayon au Printemps à Paris) et Edmond (né en 1933, boucher).

En 1930, Pierre Guendon fut nommé à l’école de Fontaine-de-Vaucluse où il enseigna durant vingt-deux ans en cours moyen-fin d’études (garçons). Il y appliquait les techniques pédagogiques de Célestin Freinet. Le petit papetier, titre de son journal scolaire, était une référence aux papeteries Valdor, Garcin et Navarre qui faisaient vivre la plus grande partie des habitants de ce village industriel, dont beaucoup étaient des émigrés : Italiens, Espagnols, Arméniens.

Après avoir été remobilisé de septembre 1939 à juillet 1940, il reprit son poste d’instituteur. Le couple Guendon était très lié au couple Garcin. Quand Robert Garcin, maire, fabricant papetier, et son fils Jean entrèrent dans la Résistance active en 1943, ils aidèrent l’épouse du maire, Yvonne Garcin, qui réglait les affaires courantes à la mairie, à maintenir le moral de la population en organisant des rencontres musicales et des sketches théâtraux à l’école. Marie-Louise Guendon confectionnait avec les moyens du bord les costumes et les accessoires ; les dons recueillis permettaient d’envoyer des colis aux prisonniers. Les composteurs et caractères de l’imprimerie Freinet de l’école servirent aussi aux maquisards, souvent anciens élèves, pour imprimer leur propagande sur du papier fourni par la papeterie Garcin.

A la Libération, le couple Guendon participa activement à la reconstruction dans le cadre du comité de libération de Fontaine-de-Vaucluse, transformé en conseil municipal présidé par Yvonne Garcin, poursuivant ainsi symboliquement le mandat de son mari mort en déportation. Aux premières élections municipales d’avril-mai 1945, où les femmes purent se présenter pour la première fois, Marie-Louise Guendon fut une des deux femmes élues au conseil municipal (sur 12 conseillers), sur la liste unique conduite par Jean Garcin, élu maire, et fut chargée avec sa collègue du bureau de bienfaisance. Quant à Pierre Guendon, bien que non élu, il participa à la commission des chaussures et vêtements. Peu après, étant venu écouter Freinet à sa causerie à Avignon en février 1946, il rencontra à cette occasion des élèves-maîtres, Pierre Constant, André Gente*, Pierre Nicolas* et Lucien Perret. Voulant agir pour promouvoir une école laïque, émancipatrice pour le peuple, ils constituèrent un groupe vauclusien d’École moderne (GD 84) dont il fut membre du bureau et trésorier.

Instructeur des CEMEA (Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active) de 1949 à 1953, il encadra de nombreux stages de moniteurs et de directeurs de colonies de vacances. De plus, son investissement à Fontaine-de-Vaucluse dans les activités laïques péri et post-scolaires (sport, théâtre, chant), avait retenu l’attention de la Fédération des œuvres laïques. Il organisait des sorties scolaires, des spectacles de théâtre et des fêtes avec l’aide de sa femme qui était la cheville ouvrière des déplacements des jeunes. Il avait aussi monté un petit orchestre de jeunes qu’il dirigeait et qui allait jouer de village en village pour des fêtes et des bals.

Le brusque décès de son épouse, en 1952, coïncida avec sa mise à disposition de la SOPS (Service des œuvres péri et postscolaires) à la rentrée scolaire, pour faire fonctionner la FOL dont il devint secrétaire départemental adjoint. Il quitta son poste à Fontaine-de-Vaucluse à regret, mais l’esprit tranquille car Hélène Gente* le remplaçait et allait poursuivre le travail qu’il avait engagé. Il se remaria en février 1954 avec Michèle Aucejo, ayant 20 ans de moins que lui ; ils eurent un fils, Pierre-Henry, né le 3 juin 1955, devenu salarié à la MGEN.

Grand amateur de musique, Pierre Guendon, à son arrivée à la FOL 84, commença par réorganiser le service des œuvres post et périscolaires (à l’exception du cinéma), en apportant un soutien aux différentes manifestations des amicales laïques, ce qui lui valut d’être le premier délégué du département de l’UFOLEA (Union française des œuvres laïques d’éducation artistique) de l’après-guerre.

Militant au Syndicat national des instituteurs, membre du conseil syndical départemental de juin 1951 à juin 1955, se reconnaissant dans la majorité autonome, il participa activement aux actions contre les lois Marie et Barangé (septembre 1951) qui accordaient des bourses aux élèves de l’enseignement privé. En tant que militant laïque, ce fut son premier combat d’envergure. Il devint d’ailleurs secrétaire général du Comité vauclusien d’Action laïque à la création du CNAL en 1953. Cela l’amena à prendre aussi la responsabilité, de 1953 à 1956, de la section départementale de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), à laquelle vint s’ajouter la trésorerie de la section départementale des Francs et franches camarades.

Désigné secrétaire général de la FOL 84 en 1955, il put alors travailler main dans la main avec l’Office central de la coopération à l’école (OCCE), de manière à rapprocher la Fédération du Vaucluse des coopératives scolaires chères à Freinet. Dans une allocution aux jeunes instituteurs en 1958 à Avignon, il estimait que « la coopérative scolaire d’école (ou de classe) doit être le groupement, la « société de base » de toutes les œuvres périscolaires, parce qu’elles forment et développent chez les élèves l’esprit d’entraide et de solidarité, qu’elles resserrent les liens entre l’école et les familles en organisant fêtes scolaires ou sportives, voyages d’étude ou excursions et qu’elle éduque à la citoyenneté et à la démocratie. » Les œuvres de vacances firent également une percée importante sous son impulsion. La FOL acheta en 1958 une grande bâtisse en Tarentaise pour y installer de manière pérenne la colonie de vacances « Villette » qu’il avait créée et dont il assurait la direction depuis 1956.

Durant ses responsabilités à la FOL, de 1952 à 1964, Pierre Guendon suivant les positions de la majorité du SNI, s’opposa au référendum sur la Constitution de la Ve République en septembre 1958 « qui visait, écrivait-il, par son allure de plébiscite à renforcer le pouvoir actuel ». Il participa activement à la bataille organisée par la FEN, le SNI et le CNAL contre la loi Debré votée en décembre 1959, en appelant notamment à signer en 1960 la pétition contre la loi. Le département du Vaucluse recueillit 95 095 signatures, soit, comme dans 64 départements, la majorité absolue par rapport au nombre de ses électeurs (170 849), ce qui le classait au 14e rang national.

Cette même année, en décembre, la section départementale de la FOL, dans un communiqué de presse, soutint l’autodétermination en Algérie « de ceux contre qui l’on se bat », tout en étant contre un référendum « qui vise à un statut octroyé aux Algériens et qui, par son allure de plébiscite, comme toujours, renforce le pouvoir actuel, acteur des mesures anti-laïques et antidémocratiques que l’on connaît. »

Des tensions se manifestèrent cependant durant toute cette période entre communistes et socialistes de la FOL et du SNI, chacun cherchant à placer le plus possible de sympathisants parmi les responsables. Ainsi Jean Lèbre, communiste, succéda à Pierre Guendon de sensibilité socialiste – mais jamais encarté – comme délégué UFOLEA en 1954 ; puis de trésorier général de la FOL depuis 1961, il lui succéda aussi comme secrétaire général en 1964.

À la fin de sa mise à disposition en 1959, Pierre Guendon fut nommé directeur de l’école de la rue Thiers à Avignon. Mais il resta secrétaire départemental jusqu’à sa prise de retraite en 1964 et fut ensuite membre du conseil fédéral.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222133, notice GUENDON Pierre, Albert, Jacques par Josette Ueberschlag, version mise en ligne le 18 janvier 2020, dernière modification le 8 février 2020.

Par Josette Ueberschlag

Pierre Guendon
Pierre Guendon
Congrès de la Ligue à Bordeaux, 1954
Pierre Guendon et son épouse

ŒUVRE : « Le Vaucluse, jardin de Provence », co-auteur avec le groupe vauclusien d’École moderne, Bibliothèque de Travail, n° 435, 10 juin 1959, Cannes, ICEM.

SOURCES : Arch. Dép. Vaucluse : fiche matricule ; dossier de carrière, GC/AC/n°2005. — Arch. Communauté de communes, Pays des Sorgues, Monts de Vaucluse. — René Grosso, Histoire de la Fédération des œuvres laïques de Vaucluse, éd. FOL de Vaucluse, 1981. — Renseignements fournis par ses fils, Jean-Marie Guillon, Gérard Leidet, Jacques Rey. — État-civil de Cavaillon et de Besançon.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable