FRANCART Prosper, Pierre, Louis, Nicolas, Joseph

Par Jean-Yves Guengant

Né le 27 février 1814 à Paris (Ve arr.), mort le 23 janvier 1854,à Lambézellec (Finistère) ; ingénieur civil, quitte Paris pour s’installer à Nantes puis à Brest ; entrepreneur ; membre de la Société des Droits de l’Homme, nommé sous-commissaire de la République en 1848 à Brest, démocrate-socialiste.

Né à Paris en 1814, Prosper Francart était le fils d’un charpentier entrepreneur, Nicolas, décé-dé à Grenelle en 1832, et de Geneviève Joséphine Ternois, qui suivit son fils à Brest. Elle vivait avec lui et mourut à Brest le 20 juin 1862.

De la fratrie de quatre enfants, dont Prosper Francart était l’ainé, seul le benjamin, Paul Léon, fut charpentier. Il rejoignit son frère à Brest, comme Geneviève-Élizabeth, (1817-1878) qui épousa André Adolphe Eugène Disdéri. Le couple Disdéri, qui vécut à Brest à partir de 1847, peu de temps après la naissance de leur premier enfant, puis se sépara, fut connu dans le monde de la photographie [On doit à Disdéri les photographies des rois et reines d’Europe, et des fusillés de la Commune de Paris, Geneviève fit une carrière plus locale, mais aujourd’hui ses clichés sont reconnus au niveau international]..

Républicain, Prosper Francart il fut inquiété en avril 1834 ; selon un journal (« Le Républi-cain »), il fut condamné à quatre mois de prison. En février 1835, nouvelle condamnation, quinze jours de prison pour voies de fait. Mais plus grave, en juin 1836, dans une histoire de complot contre le roi, son domicile fut perquisitionné et on trouva de la propagande socialiste. Il était sans doute déjà membre de la Société des Droits de l’Homme. (voir Chavot).

Il fit des études scientifiques et devint ingénieur civil. Après avoir séjourné à Nantes, il s’installa à Lambézellec, commune voisine de Brest (Finistère). Il projetait d’établir un « dépôt de matières fécales » avec un atelier servant à « transformer les liquides en sulfate d’ammoniaque et les solides en poudrette sèche », selon l’enquête administrative menée par la préfecture du Finistère. Une société civile avait été formée, dans laquelle Prosper Dubois, un négociant connu de Brest, avait pris des intérêts. La société avait acquis à cette effet un terrain sur la commune, acheté des brevets et procédé à des expériences en avril 1846.

Il entra rapidement dans les réseaux brestois constitués : le 27 janvier 1847, il fut initié à la loge maçonnique des Élus de Sully. Il est indiqué qu’il était Lowton, c’est-à-dire fils de franc-maçon et il fut reçu unanimement après les trois votes obligatoires. Il apparaissait en 1847 sur les listes de membres de la Société d’émulation de Brest. Il organisa sur Brest une section de la Société des droits de l’homme, société dont son frère cadet, Louis Adolphe, né le 24 mai 1816 à Paris, était commissaire central à Paris. En février 1848, Louis Adolphe était agent de paye aux Ateliers Nationaux.

Prosper Francart entretenait des liens étroits avec les groupes démocrates-socialistes de la capitale. Cela lui valut sa nomination après la révolution de février 1848, sa nomination à la fonction de sous-commissaire de la République à Brest (sous-préfet). Il prit la tête des démo-crates-socialistes de Brest et fut son représentant aux élections constituantes du 23 avril 1848.

Lors de l’insurrection parisienne, son frère Louis Adolphe avait pris les armes le 23 juin 1848. Arrêté le soir même et convaincu d’avoir porter les armes et s’être attaqué à la Garde natio-nale, il fut condamné à la transportation en Algérie. En décembre 1853, sa peine fut commuée en relégation. Il se maria à Constantine où il décéda le 24 janvier 1858 : il était alors employé au Génie militaire. Prosper Francart fut jugé dangereux et révoqué en septembre 1848.

Le beau-frère de Prosper Francart, Disdéri, était également membre des démocrates-socialistes. Il se fit remarqué à la réunion démocrate-socialiste qui préparait les élections légi-slatives de 1849, il y sema la confusion. En 1850, il accueillait les détenus des Pontons qui venaient d’être amnistiés, et accompagné de Jacques le Doré, président d’une Solidarité répu-blicaine, leur distribuait du pain et du tabac. Francart dut prendre du recul par rapport à Disdé-ri, qui essaya de s’opposer par la force au coup d’état du 2 décembre 1851.

Prosper Francart décéda le 24 janvier 1854. Sa tombe, où reposent deux filles du couple Disdéri et son frère Paul Léon, est l’un des premiers exemples de tombe sans décoration religieuse. Juste un pilier qui rappelle l’engagement de Prosper Francart.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222138, notice FRANCART Prosper, Pierre, Louis, Nicolas, Joseph par Jean-Yves Guengant, version mise en ligne le 19 janvier 2020, dernière modification le 19 janvier 2020.

Par Jean-Yves Guengant

SOURCES : Laurent Le Gall, L’Électeur en campagnes dans le Finistère. Une Seconde République de Bas-Bretons, Les Indes savantes, 2009. — Archives de Brest Métropole : état-civil, collection d’affiches, dossiers des associations, archives de la loge maçonnique des Élus de Sully. — Archives nationale d’outre-mer (ANOM).

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