REGHEM Félix.

Par Francis Drugman

Quaregnon (pr. Hainaut, arr. Mons), 2 avril 1885 – Jemappes (aujourd’hui commune de Mons), 6 juillet 1952. Ouvrier dans diverses industries, militant socialiste, délégué syndical permanent, conseiller communal, échevin puis bourgmestre de Jemappes, conseiller provincial du Hainaut.

Félix Reghem est le fils de Jean-Baptiste Reghem, né à Herchies (aujourd’hui commune de Jurbise, pr. Hainaut, arr. Mons), ouvrier aux chemins de fer, et de Victoire Bourlard (1849-1920), mère au foyer. Après des études primaires à Quaregnon, il entame des humanités gréco-latines au collègue Saint-Stanislas à Mons, où son frère aîné, Jean-Baptiste, futur commissaire de police à Quaregnon, le précède. Reghem ne termine pas ses études mais poursuit sa formation en autodidacte. À l’âge de quinze ans, il travaille dans une librairie puis tâte à toutes sortes de métiers. Doué d’une force herculéenne, il est affecté comme débardeur au chargement des bateaux charbonniers au rivage de Qauregnon (canal de Mons à Condé-sur-l’Escaut (département du Nord, France)). Par la suite, il travaille à la Société anonyme des Verreries de Jemappes.

Le 26 juin 1909, Félix Reghem épouse à Quaregnon Catherine Decamps, journalière, née à Jemappes le 17 septembre 1886.

Pendant la Première Guerre mondiale, Félix Reghem est déporté en Allemagne. Revenu en Belgique, il devient ouvrier à la Société anonyme des Forges et Laminoirs de Jemappes. Il s’investit dans l’action politique et syndicale. Ce militant socialiste est élu conseiller communal de Jemappes lors des élections du 24 avril 1921. Il est nommé échevin des Travaux le 31 mai suivant, il le restera jusqu’au 31 décembre 1926. Il n’est pas réélu lors du scrutin communal du 10 octobre 1926. Il rentre à nouveau au conseil communal à la suite des élections du 9 octobre 1932. Dans la foulée, il devient échevin des Travaux le 10 janvier 1933. Réélu le 16 octobre 1938, il est nommé bourgmestre (arrêté royal du 25 janvier 1939), nomination effective à partir du 14 janvier 1939.

Parallèlement à son action politique, Félix Reghem devient délégué syndical permanent représentant la Centrale – socialiste – des métallurgistes de Belgique au sein de l’entreprise qui l’occupe. Le 28 mai 1927, les ouvriers des laminoirs de Jemappes et leur délégué, Félix Reghem, participent à la manifestation de Frameries (pr. Hainaut, arr. Mons) qui célèbre le 40e anniversaire de la Fédération socialiste républicaine du Borinage (pr. Hainaut).

La crise économique mondiale des années 1930 touche durement la Belgique et le Borinage qui connaît une importante grève défensive en 1932. Le chômage est au plus haut et les mesures tant patronales que gouvernementales laissent les travailleurs et les chômeurs dans une situation plus que précaire. Le 17 décembre 1934, un premier comité de lutte des chômeurs est mis en place à Jemappes. Il est composé exclusivement de syndiqués socialistes. Leur leader est Félix Reghem, permanent local des métallos. Le groupe organise une première manifestation de masse le 4 janvier 1935 à Jemappes. C’est un succès. D’autres manifestations suivent. Le point d’orgue doit être la manifestation régionale décidée par les comités de chômeurs présidés par Félix Reghem. Prévue pour le vendredi 18 janvier à Quaregnon, l’organisation de cette manifestation est l’occasion pour le Parti ouvrier belge (POB) de reprendre la main sur ces comités qui œuvrent à côté des structures officielles du mouvement. Reghem est convoqué par les dirigeants syndicaux en vue de coordonner l’action mais c’est finalement Alexandre Spreutel*, président régional de la Centrale des métallurgistes et sénateur, qui préside la réunion. La manifestation du 18 janvier a lieu en présence de plusieurs personnalités du POB comme Achille Delattre, Paul-Henri Spaak*, Henri De Man et Georges Plumat*, bourgmestre de Quaregnon et secrétaire fédéral du Parti ouvrier belge (POB). Par la suite, Félix Reghem ne présidera plus les comités de chômeurs. C’est un militant discipliné. Il reste délégué permanent et poursuit son action politique à la commune de Jemappes. Il est à signaler que son frère, Jean-Baptiste, étiqueté socialiste, commissaire de police à Quaregnon, avait pour charge de rédiger le rapport de la manifestation.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Félix Reghem, ardent patriote, ne veut pas collaborer avec l’occupant allemand. Il renonce à son poste mayoral. Il reste domicilié à Jemappes. Il est fait l’objet de l’animosité des rexistes de la commune. Reghem refuse d’adhérer à l’Union des travailleurs manuels et intellectuels (UTMI), le syndicat unique imposé par les Allemands, et lutte au sein du mouvement socialiste clandestin. Il est réquisitionné « pour le service d’otages » sur les trains durant six semaines à la Noël 1943. Il est régulièrement visé pour effectuer les corvées de garde des pylônes, etc.

Félix Reghem retrouve son écharpe mayorale le 26 octobre 1944 et dirige un collège de transition composé de socialistes et de catholiques. Le 24 février 1946, il est élu conseiller provincial du Hainaut, représentant le canton de Mons. Il assure ce mandat du 27 février 1946 au 19 mai 1949. Réélu conseiller communal lors des élections du 24 novembre 1946 – le conseil communal est installé le 17 janvier 1947 –, Félix Reghem est nommé bourgmestre de Jemappes par arrêté du Régent le 8 avril 1947.

Frappé par une embolie – il est retrouvé en bas de l’escalier menant à sa chambre –, Félix Reghem meurt le dimanche 6 juillet 1952. Ces funérailles ont lieu le 9 juillet 1952 en présence notamment d’Achille Delattre, Léo Collard*, Jean Duhot*, Henri Desruelles* et Victor Cornez.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222184, notice REGHEM Félix. par Francis Drugman, version mise en ligne le 3 février 2020, dernière modification le 16 décembre 2021.

Par Francis Drugman

SOURCES : Archives communales de Quaregnon, registres de l’état civil – Archives communales de Mons, section de Jemappes, registres de l’état civil – Archives familiales et personnelles de Francis Drugman – MAERTEN F., « Du murmure au grondement. La Résistance politique et idéologique dans la province du Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 -septembre 1944) », dans Analectes d’histoire du Hainaut, t. 7, vol. I, 1999, p. 118.

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