CHÉREL

Par Jean-Yves Guiomar

Mort le 31 juillet 1921 ; cheminot ; syndicaliste révolutionnaire des Côtes-du-Nord [Côtes-d’Armor].

Surveillant à la traction en 1907, Chérel était membre du syndicat des cheminots de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord). Délégué au congrès de Nantes, en avril de la même année, où fut décidée la constitution d’une Fédération, il en rendit compte lors d’une réunion le 12 mai. Il était président du syndicat lors de la grève générale de 1910 mais fut entièrement empêché d’agir par ses chefs (cf. Dict. tome 11). Ce fut grâce à lui que l’Union départementale, dont il était devenu secrétaire, ne disparut pas durant la guerre et se redressa rapidement dès la fin des hostilités. Après avoir participé au congrès de Nantes (26-30 avril 1917), il organisa notamment une réunion du syndicat des cheminots, dont il restait également secrétaire, le 1er décembre 1917 et multiplia en 1919, avec l’aide d’Alphonse Guillossot les réunions pour relancer les organisations syndicales. Avant juin, quatre syndicats vinrent s’ajouter aux deux - cheminots et postiers - qui subsistaient à Saint-Brieuc fin 1918 et le nombre des syndiqués atteignit 2 000 dans la ville. Travaillant désormais comme serrurier forgeron à l’atelier du petit entretien de la gare et demeurant 40, rue Bagot, il était, suivant la préfecture, un « syndicaliste acharné... [qui] joue un rôle très actif dans les réunions syndicales et les mouvements ouvriers. N’ayant aucune faculté oratoire, il se contente d’appels très brefs mais répétés, invitant les camarades à faire la grève ». Rencontrant de nombreuses obstructions et trouvant les syndiqués trop influencés par la presse bourgeoise, il démissionna, avec l’ensemble du bureau, du secrétariat du syndicat des cheminots lors de la réunion du 16 octobre 1919. Il n’avait pu admettre, tout comme Guillossot, les réticences marquées par le plus grand nombre lors du 1er Mai et de la grève de solidarité projetée le 21 juillet. 1920 allait donner, une dernière fois, à ce syndicaliste révolutionnaire l’occasion de se lancer dans l’action. Désigné en troisième position par la préfecture parmi les « meneurs » du département, présent à toutes les réunions, il déclencha avec Alphonse Guillossot et Vallée la grève des cheminots du 1er mars et organisa la journée du 1er Mai. Le 5 mai, il se rendit en voiture à Loudéac avec deux camarades dont Vallée pour convaincre les employés de la gare de se joindre à la grève, ne remportant qu’un faible succès puisque seuls cinq d’entre eux suivirent la consigne et s’empressèrent de reprendre le 7. Révoqué après la défaite de la grève générale, Chérel s’installa à son compte sans quitter le syndicat et en restant secrétaire de l’Union locale de Saint-Brieuc. Il mourut le 31 juillet 1921 et son enterrement fut célébré le 2 août à la cathédrale. « Illettré et homme sans aucune valeur, Chérel n’exerçait que peu d’influence dans les milieux ouvriers de Saint-Brieuc », tel fut le jugement formulé par le commissaire spécial dans un rapport au préfet, marquant en fait par-là, outre un mépris de classe, le peu d’audience du syndicalisme révolutionnaire dans la région.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article2222, notice CHÉREL par Jean-Yves Guiomar, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 30 juin 2008.

Par Jean-Yves Guiomar

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-du-Nord, série M, réunions syndicales et corporatives ; grèves et conflits du travail. — CGT Répertoire des organisations adhérentes, 1919. — L’Éveil breton.

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