DEMONT Michel, Arthur, Théophile

Par Alain Dalançon

Né le 1er juin 1928 à Outreau (Pas-de-Calais), mort le 25 août 2016 à Grasse (Alpes-Maritimes) ; professeur de mathématiques ; militant syndicaliste du SNES, membre de la CA nationale (1959-1975) et du BN (1965-1969), secrétaire de la section académique de Nice (1964-1971) ; militant socialiste.

Congrès SNES 1974
Congrès SNES 1974
(coll. IRHSES)

Petit-fils d’instituteurs du Pas-de-Calais, Michel Demont fut élevé avec sa sœur à Calais, où son père était directeur d’école et sa mère institutrice, tous deux adhérents du Syndicat national des instituteurs, du Parti socialiste SFIO et de la Ligue des droits de l’Homme. Après l’école communale, il fit ses études secondaires au collège de Calais, obtint le baccalauréat « mathématiques élémentaires » en 1946, puis fut élève en classes préparatoires au lycée Faidherbe de Lille. Il termina ses études supérieures à la Faculté des Sciences de Lille, où il obtint une licence de mathématiques.

Reçu au concours du certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges en 1951, il fut affecté comme professeur certifié de mathématiques au lycée de Nevers (Nièvre) durant une année, puis effectua son service militaire en Allemagne en 1952-1953, où il suivit l’École d’application d’artillerie dont il sortit lieutenant de réserve.

Michel Demont fut nommé au collège d’Hirson (Aisne) en 1953, puis successivement au collège de Montargis (Loiret) de 1953 à 1956, au lycée Jacques-Amyot de Melun (Seine-et-Marne) de 1956 à 1958, et enfin au collège de Grasse (Alpes-Maritimes) devenu lycée Amiral-de-Grasse, où il demeura jusqu’à sa retraite en 1988, après avoir été promu au grade d’agrégé par liste d’aptitude en 1985.

Syndiqué dès le début de sa carrière au Syndicat national de l’enseignement secondaire, il y prit rapidement des responsabilités. Secrétaire de la section (S1) du collège de Montargis, il fut ensuite secrétaire de la section départementale (S2) de Seine-et-Marne de 1956 à 1958, puis fut élu membre de la commission administrative nationale de 1958 à 1966 au titre de la liste « C » (« Pour la rénovation du SNES et la défense de l’enseignement secondaire »). Il ne tarda pas à en être un des principaux porte-parole et représentant au bureau national, au côté notamment de l’ancien secrétaire général du SNES, Albert- Claude Bay et de Joseph Berthélémy, tout en étant, depuis 1966, secrétaire général du S3 de Nice, peu de temps après la création de l’académie, succédant à Henri Pochard. Il était aussi, en 1960, secrétaire de la section de Grasse du Parti socialiste unifié.

En juin 1966, alors que venait de se conclure la fusion du SNES et du SNET, et que la liste « Unité et Action » avait obtenu la majorité relative aux élections à la CA du seul SNES (classique et moderne), Michel Demont et ses cinq camarades élus de la liste C décidèrent de soutenir les élus de la liste « A » (autonomes), permettant ainsi à ces derniers de conserver la direction du nouveau syndicat en 1966-1967, mais en ne participant pas à cette direction et en mettant comme condition à ce soutien l’abandon des « errements du passé ». Ils s’opposèrent donc à ce que Robert Chéramy, ex-secrétaire général adjoint du SNES, marqué par l’échec de la grève administrative de 1965 et trop proche du SNI à leur goût, devienne co-secrétaire général du nouveau SNES, de sorte qu’André Mondot et Louis Astre furent élus à ces responsabilités.

Aux élections suivantes à la CA nationale de mai 1967 au collège unique, la plupart des militants de l’ex-liste C se retrouvèrent sur la liste À conduite par Astre, Demont y figurant en 4e position. Ce retour dans le giron de la tendance majoritaire autonome était fondé sur l’espoir que ce nouveau courant ainsi créé pèserait plus lourd dans la Fédération de l’Éducation nationale pour défendre les intérêts du second degré face aux prétentions hégémoniques du SNI. Pour une large part, grâce à la personnalité de Demont et son activité en faveur de la défense des enseignements de second degré et de leurs personnels, notamment à la commission paritaire nationale et à la CAPA des certifiés, le nouveau courant autonome obtint une solide majorité dans le S3 (près de 60 % des suffrages exprimés) face au courant U-A (34,5 %). Mais au plan national, la liste « A » perdit la majorité.

L’accession à la direction du SNES des militants « Unité et Action » fut à l’origine de débats dans le courant autonome sur la stratégie à adopter. Réélu membre de la CA et du BN, Michel Demont était de ceux qui plaidaient pour jouer au sein du SNES le rôle de premier courant minoritaire en pratiquant une opposition constructive. Cette orientation ne l’emporta pas ; Astre, Jean Simon et Chéramy engagèrent une lutte d’opposition systématique contre la nouvelle direction du SNES et continuèrent de siéger au bureau national de la FEN. Dès lors, les différends s’accentuèrent dans le courant autonome et éclatèrent au moment des événements de 1968.

Le S3 de Nice fut très en pointe dans la mobilisation de Mai-juin. Michel Demont, n’ayant pu se rendre à Paris le 6 juin au conseil national du SNES et à la CA de la FEN dont il était membre depuis 1966, fit connaître dans ces deux instances son opposition à la reprise du travail, comme le CN du SNES l’avait décidé le matin même, à la suite d’une consultation de tous les syndiqués, mais la direction fédérale qui souhaitait l’arrêt de la grève refusa de prendre son vote en compte. Quelques jours plus tard, le 9 juin, il ne s’associa pas à la démission en bloc des membres autonomes du BN du SNES de cette instance pour marquer leur désaccord complet avec la politique de la direction du syndicat. Il continua donc de siéger au BN tout en marquant sa différence le lendemain 10 juin. Il aurait souhaité que le BN ne prît pas la décision d’organiser immédiatement une seconde consultation trop démobilisatrice à son sens et ne votait pas la cessation de la grève comme le souhaitait la direction, mais il s’inclinait devant la décision majoritaire, demanda que le SNES cesse d’être « livré à la guerre des tendances » et que le BN soit le seul organisme d’exécution du syndicat.

Au cours du mouvement de Mai-juin, les oppositions entre courants de pensée se réduisirent dans le S3 de Nice et, à la rentrée scolaire 1968, une direction unitaire fut mise en place dans la section académique, Michel Demont restant secrétaire général avec Albert Chappaz, militant U-A de Nice, comme secrétaire général adjoint. Aux élections à la CA nationale de 1969, il ne figura sur aucune liste, mais revint siéger à la CA nationale comme membre suppléant sur la liste U-A après les élections de 1971 et celles de 1973. Ce passage dans le courant « Unité et Action » s’expliquait pour une large part par la pratique syndicale unitaire menée sur le terrain dans son S3 dont il devint le secrétaire adjoint après 1971, Chappaz lui succédant à la responsabilité de secrétaire général. Sans rien renier de ses convictions précédentes, il gardait cependant une grande liberté de parole dans le courant.

Adhérent au nouveau Parti socialiste au congrès d’Épinay, Michel Demont ne prit jamais de responsabilité dans son parti. Il se présenta cependant aux élections municipales à Grasse et fut élu conseiller socialiste de 1977 à 1983. En 1995, il appela à voter pour Robert Hue au premier tour de l’élection présidentielle. Dans les années 2000, il s’occupait en particulier de l’Association philatélique et cartophile de Grasse qu’il présidait.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22223, notice DEMONT Michel, Arthur, Théophile par Alain Dalançon, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 février 2021.

Par Alain Dalançon

Congrès SNES 1974
Congrès SNES 1974
(coll. IRHSES)

SOURCES : Arch. Nat., 581AP/119. — Arch. IRHSES (CA, congrès, L’Université syndicaliste, S3 de Nice). — Renseignements fournis par l’intéressé. — l’Humanité (31 mars 1995) ; Nice Matin (1er septembre 2008). — Notes de Jacques Girault.

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