CHANCEAUX Michel

Par Jean Belin

Né à Labruyère (Côte-d’Or) le 12 juillet 1860, mort dans les années 1930 à Paris ; cheminot ; syndicaliste CGT puis CGTU ; secrétaire général de l’UD et de la Bourse du travail de Dijon ; coopérateur ; militant socialiste et communiste de Côte-d’Or.

Fils de Claude Chanceaux, manouvrier chef et de Françoise Ponnelle, la mère de Michel Chanceaux vint habiter et travailler sur Dijon après le décès de son mari en 1868. Il fut employé de la Cie de chemin de fer du PLM à Dijon et retraité comme accidenté du travail lorsqu’il fut secrétaire permanent de la Bourse du travail en 1909. Lors de la création de la première Union des syndicats ouvriers CGT de Dijon et de Côte-d’Or le 4 juin 1911, il fut élu secrétaire général avec une commission administrative composée de Alexandre Cathomen*, François Veland*, Charles Vaudry*, Emile Jacquemier*, Pierre Boissières*, Gautrenet (cheminot) et Camille Jacob*. Cette nouvelle UD assura la gestion des activités et services mis en place depuis la fondation de la Bourse du travail en mars 1893. Chanceaux favorisa aussi la création d’un syndicat des locataires et la publication d’un mensuel, organe officiel de l’UD, Le Réveil Syndical, dont le premier numéro paru en octobre 1912. Il en fut le gérant à sa réapparition de 1918 à 1920. Il du relever deux défis dès le début de ses premiers mandats de dirigeants de la CGT de Côte-d’Or, poursuivre et amplifier le mouvement engagé contre la vie chère et la hausse des prix depuis plusieurs années, et engager un combat contre les préparatifs de guerre et pour la Paix.
Suite aux actions que développa l’UD et les socialistes au cours des années 1912-1913 pour empêcher le vote de la loi des trois ans et la guerre, le 26 mai 1913, la police effectua une perquisition au domicile de Michel Chanceaux et chez cinq autres militants, dont André Claudot, artiste peintre dijonnais. Les commissaires saisirent quantités de tracts et de journaux qui appelèrent à participer à une manifestation interdite par le préfet. Après la déclaration de guerre, l’UD fut affaiblie, la plupart des militants furent mobilisés. Michel Chanceaux dû s’adapter et maintenir une organisation qui soit en capacité d’engager malgré tout des actions revendicatives. Il fut à l’origine de la création d’un comité d’action dijonnais présidé par Arthur Vacher, qui lança un plan d’action pour lutter contre la vie chère. Il obtint un prêt de la municipalité dijonnaise qui permit de mettre en place un service de ravitaillement de denrées alimentaires et de produits de première nécessité pour les familles ouvrières vendus à des prix beaucoup plus bas que chez les commerçants. Ce service fut installé dans les locaux de la Bourse du travail avec l’aide de la coopérative ouvrière de consommation, « la Maison du Peuple ». Après la guerre, le centre de ravitaillement se transforma en Union des coopérateurs.
Après l’échec de la grève des cheminots de mai 1920, les syndicats de cheminots et l’UD CGT se retrouvèrent très affaiblie par la perte de près des trois quarts de leurs effectifs. Au congrès de l’UD qui se tint en juillet 1920, Michel Chanceaux, qui du subir des échanges âpres entre les militants des deux courants, « réformistes » et « révolutionnaires », du céder la place de secrétaire général de l’UD à Albert Manière*. Il resta toutefois secrétaire permanent de la Bourse du travail. Après la scission de 1921, il rejoignit le camp des unitaires avec Albert Manière* et Léon Barbu*. Il fut secrétaire administratif de l’Union Départementale Unitaire (UDU) du 11 juin 1922 à 1924. Malgré les tensions qui suivirent la scission, il maintint des liens étroits avec les dirigeants de l’UD confédérée espérant une réunification. Lors du congrès de l’UDU de juin1923, Chanceaux et Manière firent adopter une motion par les délégués présents proposant la mise en place d’une commission d’entente entre les deux UD, ce qui fut accepter par l’UD confédéré. Après la réunion de la commission, un comité général mixte se tint à la Bourse du travail le 20 septembre 1923 qui adopta une résolution demandant aux délégués des deux Unions de défendre une motion demandant la reconstitution de l’unité syndicale lors du prochain Comité national confédéral et congrès de chacune des organisations.
Adhérent du parti socialiste avant la guerre de 1914-1918, Chanceaux fut candidat aux élections municipales de Dijon en 1919 sur la liste socialiste conduite par Henri Barabant*, mais ne fut pas élu. Il devint membre en décembre 1920 du groupe de Dijon qui vota son adhésion à la Section française de l’internationale communiste (SFIC).
Michel Chanceaux se maria à Dijon le 13 octobre 1883 avec Jeanne Marie Geoffroy, cuisinière avec laquelle il eut 2 enfants, Pierre André Désiré, tué à 25 ans au cours de la 1ère guerre mondiale le 29 septembre 1915 et Renée Marcelle née en 1892 à Dijon. Domicilié au 44 rue Condorcet à Dijon à la fin des années 1920, il devint aveugle, et quitta Dijon pour vivre à Paris chez sa fille Renée dans le 19e arrondissement vers 1930. Il mourut dans les mêmes années.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222299, notice CHANCEAUX Michel par Jean Belin, version mise en ligne le 31 janvier 2020, dernière modification le 31 janvier 2020.

Par Jean Belin

SOURCES : Arch. Nat. F7/13567 et F7/13600 (rapport du 22 août 1913), F7/12981, rapp. du 11 mars 1922 et F7/13091. — Arch. Dép. Côte-d’Or. Suppl. moderne 7741 (rapport de police de janvier 1925), état civil, recensement de la population — Le Rappel socialiste, n° du 6 mars 1915. — Le Réveil syndical, 1912-1914, 1918-1920. — Le Populaire de Bourgogne. — Le Semeur (hebdomadaire SFIC). — Témoignages d’Auguste Blanchet* et d’André Claudot*. — Arch. Municipales de Dijon, sous-série 7F, correspondances entre la Bourse du travail et la ville de Dijon, sous-série SG 23 A-B, rapports de police, sous-série SG 118. — La Bourse du travail de Dijon et le syndicalisme CGT en construction de 1890 à 1930, Jean Belin, novembre 2016

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