LOUBOUTIN Marie, Anne, Pauline

Par Jean-Yves Guengant

Née le 10 Janvier 1883 à Brest (Finistère), mort le 14 décembre 1966 à Brest, compagne de Jules Le Gall, militant anarchiste, membre de la Maison du Peuple de Brest.

Photo de Marie Louboutin (à droite, avec un drôle de chapeau) et d’autres femmes d’anarchistes de Brest, devant la Maison du Peuple. Sa fille Andrée est devant. La photo date de la fin des années vingt.

Marie Anne Louboutin naquit rue Arago (aujourd’hui Charles-Berthelot), dans le quartier de Saint-Martin, Brest. Son père, Pierre, était charretier, sa mère, Marie Jeanne Fitamant, sans profession. Le couple était originaire de Châteaulin, Finistère. Le père, âgé de trente-cinq ans, déclarait de ne pas savoir signer l’acte de naissance.
Elle partagea la vie de Jules le Gall, leader anarchiste et syndicaliste de la CGT (1907). Il résidait auparavant avec sa mère, Amélina et son frère Émile. Licencié de l’arsenal, il ouvrit en 1908 une librairie rue Louis-Pasteur, grâce à une souscription syndicale, menée à l’initiative de son ami Victor Pengam. Le couple emménagea dans la même rue, et le 30 novembre 1909 naquit Andrée, Émilienne, reconnue par son père à la déclaration de naissance. Enfant unique, elle épousa Louis Prigent (1905-1983), ouvrier de l’arsenal, le 30 novembre 1929.
Pendant la guerre 1914-1918, le couple abandonna le commerce de libraire et acheta une quincaillerie, rue de la Porte à Recouvrance. En 1921, le recensement indiquait que le couple vivait avec la mère de Jules Le Gall, Amélina, née en 1862, dont les ressources étaient quasi-inexistantes.
Le 4 avril 1925, Jules et Marie Anne se marièrent et légitimèrent leur fille Andrée (1909-2002). Marie Anne participa activement à l’aventure de la Maison du Peuple, dont elle était cotisante lors du lancement de l’association, fin 1920. Il fallut attendre février 1924 pour inaugurer la Maison du Peuple.
Début 1941, Jules Le Gall fut averti que la police allemande le surveillait ;i l ne pouvait fuir sans mettre sa famille en danger. Il se résolut à procurer un refuge à Marie Anne, sa fille et ses deux petits-enfants à Grâces, une commune limitrophe de Guingamp, Côtes-du-Nord (Actuel. Côtes d’Armor). Il fut arrêté le 24 juillet 1941 par le SD dans sa quincaillerie, et incarcéré à Nantes jusqu’au 7 octobre 1943. Quelques temps plus tard, l’immeuble fut rasé par l’Occupant.
Marie Anne essaya de le faire libérer, demandant au maire de Brest d’intervenir et formulant un recours en grâce auprès de la Kommandantur. Après qu’il fut envoyé au camp de Royallieu, à Compiègne, le 7 octobre 1943, elle essaya avec ses amis de faire évader, en vain.
Après la guerre, elle dut affronter la procédure employée pour les « non-rentrés », réunir les témoignages sur le décès de Jules. Le 23 juillet 1946, l’acte de décès était délivré. En mars 1953, elle obtint pour son mari le titre de déporté politique. Enfin en 1961, un dossier d’indemnisation des victimes du nazisme fut rempli. Elle bénéficiait d’une pension de guerre pour vivre.
Elle vécut chez avec sa petite-fille Paule, née en 1931, boulevard Montaigne, Brest (recensement de 1954). Elle résidait chez sa fille à son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222454, notice LOUBOUTIN Marie, Anne, Pauline par Jean-Yves Guengant, version mise en ligne le 2 février 2020, dernière modification le 2 février 2020.

Par Jean-Yves Guengant

Photo de Marie Louboutin (à droite, avec un drôle de chapeau) et d’autres femmes d’anarchistes de Brest, devant la Maison du Peuple. Sa fille Andrée est devant. La photo date de la fin des années vingt.

SOURCES : Jean-Yves Guengant, Nous ferons la grève générale, éditions GOATER, Rennes, 2019. — Ministère de la défense, division des archives des victimes des conflits contemporains, 14037 Caen. — Archives de Brest Métropole. — État-civil, recensements, victimes du national-socialisme. — Archives départementales du Finistère, 200 WW, correspondance avec la Feldkommandatur.

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