Par Jean-Luc Marquer
Né le 12 octobre 1878 à Grenoble (Isère), sommairement exécuté le 26 novembre 1943 à Claix (Isère) ; docteur en médecine ; résistant de l’Armée secrète, membre du réseau Reims-Coty, homologué Forces françaises de l’Intérieur et interné résistant
Henri, Jacques Girard était le fils de Jules, Marius, docteur en médecine et de Valentine Chevrier.
La famille habitait 4 rue Vicat à Grenoble (Isère).
Jacques Girard fit ses études au lycée Champollion.
En 1897, étudiant en médecine, il s’engagea pour trois ans au 140ème RI.
Arrivé au corps le 29 octobre 1897, il fut libéré de ses obligations militaires le 17 septembre 1898, ayant demandé à bénéficier de l’avant-dernier alinéa de l’article 59 de la loi du 15 juillet 1889, modifiée par la loi du 11 juillet 1892.
Il poursuivit ses études de médecine et fut diplômé de la faculté de médecine de Paris en 1911, (thèse : l’ectopie simple congénitale du rein).
Bien qu’il ait été réformé en 1903 et 1904, il fut classé service armé à sa demande en août 1914 et rejoignit le Service de santé de la 14ème région militaire, comme médecin aide-major de 2ème classe de réserve, pour la durée de la guerre.
Après avoir été affecté à différentes unités, il fut désigné pour faire partie de la mission médicale française en Serbie à partir du 8 mars 1915. En septembre de la même année, il fut affecté à l’Armée serbe, puis servit en Grèce dans l’Armée d’Orient jusqu’au 8 mai 1917 où il rentra en France, en permission mais malade.
Hospitalisé à Paris, il se porta volontaire pour rejoindre la 1ère Armée, qui combattait contre les allemands, après sa convalescence et fut affecté à différentes ambulances (5/1, 9/53, 9/3).
Il fut promu médecin aide-major de 1ère classe de réserve le 19 août 1916.
Rendu à la vie civile le 15 août 1919, il se retira à Grenoble.
Le 19 juin 1919, il épousa Marie, Alice, Victorine Chenal.
Chirurgien spécialisé en urologie, il travaillait à l’hôpital de Grenoble.
Jacques Girard s’engagea dans la Résistance. Il faisait partie de l’État Major départemental de l’Armée secrète de l’Isère.
Il appartenait au réseau Reims-Coty mis en place dans la région grenobloise par Pierre Fugain, étudiant en médecine et militant communiste.
Il fut dénoncé par la propriétaire du "Palais de la bière" aux époux Girousse, responsables grenoblois du Francisme, et collaborateurs appointés des services de police allemands.
Le 26 novembre 1943, vers 13 heures, une traction noire stoppa devant la villa du docteur Girard, 60 rue Elisée-Chatin, dans le quartier de la Capuche.
Trois individus armés de mitraillettes en sortirent, pénétrèrent dans la villa du médecin, s’en saisirent brutalement et le poussèrent dans leur voiture.
Le groupe qui procéda à son arrestation était composé de Français, membres du Mouvement National Anti Terroriste (M.N.A.T.), un groupuscule d’extrême-droite collaborationniste créé et dirigé par Francis André, dit "Gueule Tordue", et exécuteur des basses besognes pour les Allemands, et de policiers allemands.
Averti de l’arrestation, Pierre Fugain envoya alors trois membres de son réseau, dont l’inspecteur de police Aventure, récupérer les documents importants et archives que le docteur Girard conservait à son domicile.
Le 27 novembre 1943, on découvrit son corps au croisement de la route allant de Claix à Seyssins et du chemin allant à Malhivert., au lieu-dit "Les Peyrouses". Il portait les traces de trois balles tirées, l’une à la tête, l’autre au ventre et la dernière à la cuisse. À son poignet, sa montre cassée indiquait 0h17.
Il obtint la mention "Mort pour la France" et fut décoré de la Médaille de la Résistance avec rosette.
Il fut homologué membre des Forces françaises de l’Intérieur ( une mention marginale portée sur son acte de décès indique qu’il avait le grade de commandant) et interné résistant.
Son nom figure sur la plaque commémorative du lycée Champollion à Grenoble, sur la plaque commémorative du Mur des Martyrs de la Résistance à Grenoble et sur le monument aux victimes de la Saint-Barthélémy de la Résistance grenobloise.
Voir : Grenoble (Isère), 25 au 29 novembre 1943, la Saint-Barthélémy grenobloise
Voir : Claix
Notice provisoire
Par Jean-Luc Marquer
SOURCES : Arch. Dép Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 412 et 453. — Arch. dép. Isère, RMM 11NUM/1R1327_02, p. 109 à 112. — SHD Vincennes, GR 16 P 257268 (à consulter) ; GR 19 R 38/2 — AVCC Caen, AC 21 P 195017 et AC 21 P 615468 (à consulter). — Pierre Giolitto, Grenoble 40-44, Perrin, 2001. — Patrice Escolan, Lucien Ratel, Guide Mémorial du Vercors résistant, le Cherche-Midi, juin 1994. — Mémorial GenWeb. — Mémoire des hommes. — État civil