HURLIN Gérard

Par Hugo Melchior, Jean-Paul Salles

Né le 7 février 1945 à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; employé aux Douanes, militant à la CFDT un bref moment puis à la CGT ; adhérant de la Ligue communiste à sa fondation (1969), démissionne en 1975, puis adhére de nouveau en 1980 ; membre de la section de Rennes, intervient sur l’usine Citroën de Rennes-La Janais.

Né à Rennes, Gérard Hurtin était l’aîné d’une famille de trois enfants. Son père était cheminot, il avait onze frères et sœurs. De sensibilité de gauche, il était syndiqué à la CGT et sympathisait avec le Parti communiste.
Scolarisé d’abord dans une école catholique, à douze ans il entra dans une école d’enfants de troupe, aux Andelys dans l’Eure. Ces écoles, créées par Napoléon devinrent en 1974 des collèges puis des lycées militaires.
Interne, revenant très rarement à la maison, il y resta jusqu’à la classe de seconde. Les professeurs étaient des civils, mais les élèves étaient pris en main par des militaires après les cours, enchaînant les marches, le maniement des armes, dormant en chambrées. Il en est parti à l’âge de dix-sept ans, à la suite d’un conseil de discipline. Il poursuivit ses études au Lycée de Lorient. Mais supportant mal d’être à la charge de ses parents, il passa avec succès un concours et fut embauché aux Douanes. Il fut affecté au Havre. Passionné de football et joueur de talent, il renonça assez vite à l’idée de devenir footballeur professionnel et pratiqua ce sport en amateur, au Havre puis à Rennes où il arriva en 1970.
Militant à la CFDT dès son premier emploi au Havre, Gérard Hutin milita ensuite à la CGT après avoir rencontré un militant du PCF. Il fut très actif en mai 1968 à Deauville où il était affecté à ce moment-là. Il milita pour la grève générale et s’efforça de nouer des liens avec les étudiants en lutte malgré les réticences de sa direction syndicale. Il fut remarqué par Yves Salesse, militant de la JCR, professeur de mathématiques à Deauville. Ce dernier contribua à compléter sa formation politique. Par ailleurs la presse de la JCR (le mensuel Avant-Garde Jeunesse) puis de la Ligue (Rouge), par l’intérêt qu’elle portait aux problèmes internationaux répondait aux questions qu’il se posait. Il adhéra donc à la Ligue communiste tout juste créée, en 1969.
Militant de la Ligue communiste à Rennes à partir de 1970, dans cette section importante (entre 50 et 60 militants) il côtoyait désormais des militants et des militantes salariés comme lui, alors qu’à Deauville la totalité des militants étaient des étudiants ou de jeunes professeurs. Enfant de Mai 68, persuadé que le système capitaliste n’en avait plus que pour quelques années, comme ses camarades il militait intensément, 24 heures sur 24. Il dut même momentanément cesser de jouer au football. Son couple ne résista pas à cette nouvelle vie. Il divorça en 1979, après treize ans de mariage. Il se remaria en 1984. Sa famille avait du mal à comprendre un tel engagement sacrificiel. Il avait notamment participé aux distributions de tracts devant l’usine Citroën de Rennes-La Janais. Du fait de l’implantation du syndicat CFT qui s’opposait par la force à ce militantisme gauchiste, ces interventions se faisaient grâce au service d’ordre national de la Ligue descendu de Paris pour prêter main forte au service d’ordre local mis en place par les militants rennais. Les ouvriers de l’usine, médusés, étaient spectateurs. Aucun ne donna son adhésion à la Ligue, même si l’organisation avait quelques contacts.
Déçu qu’un tel activisme ait eu si peu de résultats, il quitta la LCR en 1975 et s’investit sur l’important quartier de Bréquigny. Il devint même président du Comité de quartier. Aux côtés de militants maoïstes implantés sur le quartier, un certain nombre d’acquis furent obtenus auprès de la municipalité de Rennes. La vie sociale du quartier était riche, un carnaval fut organisé.
Toujours militant à la CGT, délégué de sa section syndicale aux congrès départementaux des Douanes, étiqueté LCR - il avait brièvement réadhéré en 1980 -, il n’aura pu accéder à des responsabilités importantes dans le syndicat. Mais cette situation ne l’affecta pas trop. Il décida d’ailleurs de ne pas passer de concours interne pour rester à la base, au niveau des collègues qu’il avait à défendre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222633, notice HURLIN Gérard par Hugo Melchior, Jean-Paul Salles, version mise en ligne le 6 février 2020, dernière modification le 6 février 2020.

Par Hugo Melchior, Jean-Paul Salles

SOURCES : Entretien réalisé par Hugo Melchior le 16 juillet 2014.
— Rouge, notamment le n°108, 5 avril 1971 sur l’intervention des militants de la Ligue communiste aux portes de l’usine Citroën de Rennes.

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