Ploufragan (Côtes-du-Nord), Les Croix, mai 1944

Une rafle fut organisée le 9 avril 1944 à Callac-de-Bretagne par le capitaine Maschke, chef des services de l’Abwehr à Saint-Brieuc et par Rudolph Kiekaffer du SD. Ils dirigèrent les 800 soldats qui furent impliqués dans les opérations avec la participation de la gendarmerie française, de la Milice et de groupes autonomistes bretons. La population fut rassemblée aux halles de Callac-de-Bretagne. 120 personnes en situation irrégulière furent transférées à Saint-Brieuc. Une cinquantaine d’entre elles furent maintenues en détention à la maison d’arrêt ; par contre, une dizaine fut déportée. Ce fut l’opération de répression contre la population et contre la Résistance la plus importante réalisée dans le département par les troupes d’occupation.
Quatre FTP furent identifiés comme ayant une responsabilité dans les attaques du mois de mars. Après avoir été sauvagement torturé, avec onze autres FTP tous originaires de l’ouest du département, le 5 mai 1944, ils furent condamnés à la peine de mort par la cour martiale du tribunal de la Feldkommandantur 665 à Saint-Brieuc « comme franc-tireur ».
Durant la nuit qui précéda leur exécution, les douze FTP, incarcérés à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, chantèrent « La Marseillaise » et « L’Internationale » et d’autres chants repris par d’autres patriotes également détenus. Durant leur transfert sur le lieu d’exécution, des témoins les entendirent chanter à nouveau.
Les autorités allemandes exécutèrent Marcel Bitaille avec ses onze camarades – Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le Bozec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, Jean Pleiber, François Prigent et Roger Quintric – le 6 mai 1944 au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, par groupes de quatre entre 7 h 10 et 7 h 31. Dans l’après-midi, vers 17 heures, un groupe de sept FTP arrêtés à Plouaret furent fusillés au même endroit. Les dix-neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil.
Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel qui, de passage à Quintin (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), au mois d’avril 1944, avait ordonné, devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que soient appliquées les mêmes méthodes qu’en Russie. Le fait que les exécutions furent annoncées par la presse régionale de Vichy mit en évidence l’impact sur la population que les autorités d’occupation comptaient donner à l’événement. Quelques jours après l’exécution, le 12 mai 1944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription : « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Une oriflamme fut aussi accrochée au monument. Constatant que la population venait déposer des fleurs à l’endroit de la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d’autres manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les transportèrent à l’abri de tout regard dans la forêt de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor).
Après la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès, originaires de Louargat (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, après une enquête assez longue, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L’Hermitage-Lorge, des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf « sépultures ». Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d’origine. Le CDL, prévenu de la présence des onze autres corps, dont celui de Marcel Bitaille, fit le nécessaire pour les rapatrier dans leurs localités respectives.

Le monument des fusillés au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, aujourd’hui proche du zoopole, sur Le monument des Martyrs à L’Hermitage-Lorge, sur Le monument de la Déportation et de la Résistance, La Pie en Paule et sur La plaque de la rafle du 9 avril 1944 dans la salle des fêtes de Callac-de-Bretagne.
Marcel Bitaille fut inhumé au cimetière de Callac-de-Bretagne.

L’après-midi 7 FTP tous du secteur de Plouaret (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) furent condamnés à la peine de mort par le tribunal militaire allemand de Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) et exécutés au même endroit : Arsène Faujouron, Eugène Daniel, Joseph Hénaff, Léon Le Guerson, Auguste Le Pape, Pierre Menou et Auguste Pastol.



Liste des victimes :

BITAILLE Marcel
CAZOULAT Eugène
DANIEL Eugène
DUGAY Auguste
FAUJOURON Arsène
HENAFF Joseph
HENRY Émile
LAGADEC Maurice
LE BOZEC Arsène
LE GALLOU Charles
LE GUERSON Léon
MADIGOU Roger
MENGUY Pierre-Louis
MENOU Pierre
PASTOL Auguste
PLEIBER Jean
PRIGENT François
QUINTRIC Roger

Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222733, notice Ploufragan (Côtes-du-Nord), Les Croix, mai 1944, version mise en ligne le 9 février 2020, dernière modification le 9 février 2020.
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