DENIS Odette [SPIEWAK Odette, née ILTIS Odette]

Par Michèle Rault

Née le 13 janvier 1924 à Alès (Gard), morte le 27 décembre 2009 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; sténodactylographe ; militante communiste, conseillère municipale d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) de 1965 à 2001, conseillère générale du Val-de-Marne (1967-1985), membre du conseil régional d’Île-de-France (1977-1985).

Odette Denis
Odette Denis
Arch. Com. Ivry-sur-Seine

Alsacien, le père d’Odette Denis, Léon Iltis, était venu vivre dans le sud de la France en 1917 pour échapper à l’enrôlement dans l’armée allemande. Il travailla comme ouvrier aux forges d’Alès puis devint employé de la SNCF à Miramas (Bouches-du-Rhône) puis à Nîmes (Gard). Sa mère, Léonie Richard, native de Lozère, de forte conviction chrétienne, faisait de la couture à domicile. Aînée d’une famille de deux enfants, Odette Denis fit sa scolarité à l’école publique de Nîmes et fréquenta le patronage des sœurs de Saint-Vincent de Paul. Ayant obtenu son brevet, elle commença à travailler chez un avoué où elle apprit la dactylographie tout en prenant des cours de sténographie le soir. Elle fut ensuite embauchée dans une compagnie d’assurances que dirigeaient des juifs qui furent victimes d’une rafle. Elle trouva alors un emploi à la préfecture du Gard, au service des renseignements.

Ce poste qu’elle occupait en 1941-1942 lui permettait de renseigner son père qui avait adhéré au Parti communiste dans la promotion Pierre Sémard et abritait à son domicile une ronéo pour l’impression de tracts résistants. À la fin de son contrat d’embauche, Odette Denis trouva un poste à l’Office d’habitation à bon marché du Gard. Pendant son temps libre, elle tapait des tracts appelant à la Résistance. Son engagement s’était fait progressivement. Elle était avant tout animée d’un sentiment patriotique et avait une haine de la guerre et de l’occupation allemande. Elle avait vu son père accueillir des cousins alsaciens qui ne voulaient pas être intégrés dans l’armée allemande. Elle avait aussi participé à la manifestation organisée par les FTP, le 11 novembre 1942, alors que les Allemands, ayant envahi la zone libre, s’apprêtaient à rentrer dans Nîmes. Le soir même, elle était du rassemblement, dû en partie à des communistes, qui se déroulait sur les grands boulevards de la ville. La fréquentation, à partir du début 1944, d’un groupe d’ajistes, les Camroute (Camarades de la Route), réunissant des jeunes de diverses sensibilités de gauche, fut décisive. Elle y rencontra celui qui allait devenir son mari, Jacques Spiewak, qui avait pris dans la clandestinité le pseudonyme de Denis (nom qui sera plus tard légalisé). Ce fut sur la sollicitation d’un de ses « camarades de la Route » qu’elle rejoignit la Résistance. Au printemps 1944, sa situation devenant trop dangereuse à l’OPHBM, elle rentra dans la clandestinité au sein de la Jeunesse communiste. Dans un petit cabanon situé dans la garrigue, elle faisait tourner une ronéo clandestine. Elle sortait des tracts, faisait de petits papillons et était agent de liaison de Jacques Spiewak qui avait créé la Jeunesse communiste dans la région.

En novembre 1944, trésorière de la région Gard-Lozère des Jeunesses communistes, elle participa à une réunion nationale à Paris puis vint y vivre, rejoignant Jacques Spiewak, fin janvier 1945. Elle adhéra au Parti communiste en février 1945. Elle travailla comme dactylo à la direction nationale de la Jeunesse communiste, au journal Filles de France et aux Nouvelles messageries de presse parisienne (NMPP) de 1947 à 1948. En 1948, elle devint directrice de la Maison de la jeune fille d’Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) où elle habitait. Elle exerça cette fonction jusqu’à son départ en Hongrie où siégeait la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD) dont Jacques Spiewak était le secrétaire général. Elle vivait à Budapest, travaillait au journal de la FMJD et participait à l’organisation des festivals que cette organisation mettait en place dans les différents pays de l’Est. Elle vécut ainsi six mois en Roumanie (1953) puis en Pologne (1955). En 1956, quelques jours avant les évènements de Hongrie, elle revint en France, à Argenteuil, et travailla au journal Heures claires puis repartit en 1957 pour Moscou où se déroulait le festival de la FMJD. À son retour en France, elle travailla comme secrétaire dans une entreprise de Vaucresson (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). En 1961, elle déménagea à Ivry-sur-Seine où son mari exerçait les fonctions de secrétaire parlementaire de Maurice Thorez depuis 1960. Membre du comité fédéral Seine-sud, de la direction de la section communiste d’Ivry, elle succéda à Roger Grévoul comme secrétaire de la section Ivry-sud en 1963. Elle travaillait alors, et jusqu’en 1964, à l’association France-Albanie dont le siège était à Paris puis fut la collaboratrice de Georges Marrane pendant quelques mois.

En 1965, Odette Denis fut élue conseillère municipale et en 1967, lorsqu’un deuxième canton fut créé, conseillère générale du Val-de-Marne. Elle devint vice-présidente du conseil général en 1977 et fut membre du conseil régional (1977-1985) en charge des questions économiques pour le groupe communiste. Durant toutes ces années, Odette Denis fit siennes les luttes menées par le Parti communiste. Elle s’engagea contre les guerres d’Algérie (fit partie d’une délégation de femmes à Évian) puis du Vietnam, pour le désarmement nucléaire et la Paix. À Ivry, elle fut active dans son quartier d’Ivry-Port, en particulier au sein du comité de quartier qu’elle avait contribué à créer alors que cette partie de la commune était frappée par la désindustrialisation. Au conseil général, elle fut chargée du secteur des affaires sociales, de la santé, de l’enfance, de la famille et des femmes. Elle était également membre de la commission départementale des affaires économiques.

Membre du bureau de l’ANACR, de l’amicale nationale des Vétérans du Parti communiste, elle devint présidente de l’amicale des Vétérans communistes du Val-de-Marne en 2005.

De son union avec Jacques Denis, le 4 janvier 1956 à Argenteuil, étaient nés quatre enfants : Jean-Louis, Annie, Jacqueline et Hélène.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22279, notice DENIS Odette [SPIEWAK Odette, née ILTIS Odette] par Michèle Rault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 novembre 2021.

Par Michèle Rault

Odette Denis
Odette Denis
Arch. Com. Ivry-sur-Seine

SOURCES : Arch. com. Ivry-sur-Seine. — Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. — Témoignage d’Odette Denis, 2008. — André Fabien, Engagés. Entretien avec Odette et Jacques Denis, 2001-2003, 100 p. — Site Match ID, Acte n°722 N, Source INSEE : fichier 2009, ligne n°553119. — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.

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