DEPARPE Raymond, Jules, Dieudonné

Par Didier Bigorgne

Né le 23 juin 1912 à Montloué (Aisne), mort le 24 octobre 1993 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; instituteur ; syndicaliste, dirigeant de la section des Ardennes du SNI (1944-1946, 1955-1961) et de la FEN (1960-1967) ; militant communiste ; résistant FTPF ; maire adjoint de Nouvion-sur-Meuse (Ardennes) de 1959 à 1983.

Fils de Charles Deparpe, cheminot, et de Marie Hélène Noël, sans profession, Raymond Deparpe était le cadet d’une famille de trois garçons. Après avoir fréquenté l’école communale de Neuflize (Ardennes), puis l’école primaire supérieure de Mézières, il entra à l’École normale d’instituteurs de Charleville en 1929. À sa sortie en 1932, il débuta sa carrière à Nouzonville (Ardennes). Après avoir effectué son service militaire à Bitche (Moselle), il fut nommé en 1934 instituteur adjoint à l’école primaire de Mohon (Ardennes) où il enseigna jusqu’en 1946. Le 20 juillet 1935, il avait épousé Christiane, Élisabeth Higuet, institutrice à Thin-le-Moutier ; de cette union naquirent quatre enfants, trois garçons et une fille.

Raymond Deparpe adhéra au Parti communiste en 1936. Militant dans diverses organisations, il participa, au titre de délégué, au congrès national des Amis de l’URSS qui se tint à Lyon en 1938. La même année, il devint membre du conseil syndical de la section des Ardennes du Syndicat national des instituteurs. Partisan de la grève du 30 novembre 1938, Raymond Deparpe fut délégué au congrès national de Montrouge en 1939. En octobre 1939, il assista à une réunion du conseil syndical dans laquelle il s’opposa à la proposition d’exclusion des militants communistes.

Bien que père de trois enfants, Raymond Deparpe fût mobilisé en 1939, avec le grade de sergent au 91e régiment d’infanterie de Mézières. Il n’appartint pas à une unité combattante, mais il dut faire face à une attaque allemande dans la région de Montcornet (Aisne). Démobilisé en août 1940, il rejoignit sa famille réfugiée à Épineux-le-Seguin (Mayenne). De retour à Mohon dès 1941, il retrouva son poste d’instituteur. Il entra alors en contact avec le mouvement de résistance FTPF. Agent de liaison, il accueillit à son domicile des résistants du Nord de la France recherchés par la Gestapo et servit de contact avec le maquis FTPF de Launois-sur-Vence. Il recela des cartes d’alimentation récupérées dans les mairies avec son épouse, alors institutrice adjointe au cours complémentaire de Mohon, pour les distribuer aux femmes de déportés et recruta de nouveaux agents afin d’élargir le mouvement de résistance FTPF. Dans le même temps, il participa en 1943, avec Armand Malaise (secrétaire général de la section ardennaise du Syndicat national des instituteurs de 1929 à 1940), Miguel Sauvage (responsable du Front national), Yvonne Dauby (résistante FTPF) et le socialiste Georges Muriot, à la reconstitution clandestine du SNI dans les Ardennes.

À la Libération, Raymond Deparpe fut membre du comité directeur départemental du Front national ; son épouse siégea au comité directeur de l’Union des femmes françaises dans les Ardennes. Le 21 décembre 1944, il redevint membre du conseil syndical de la section des Ardennes du SNI. Il siégea jusqu’au 24 janvier 1946, en occupant le poste de secrétaire de rédaction du bulletin syndical. En avril 1946, Raymond Deparpe s’embarqua avec sa famille à Bordeaux pour le Cameroun. Nommé directeur de l’école publique d’Akwa et chef du secteur scolaire de Douala pour l’enseignement primaire, il était responsable du SNI en 1947 ; son épouse devint directrice du collège de filles de New-Bell, un quartier important de Douala. Après un séjour de deux ans en Afrique, la famille rentra en France pour un congé de six mois ; celui-ci se prolongea en raison de l’état de santé de Christiane Deparpe qui décéda le 14 mars 1949 au Cannet (Alpes-Maritimes).

De retour au Cameroun au mois de mai suivant, Raymond Deparpe reprit son poste d’enseignant avant de faire fonction d’inspecteur de l’enseignement primaire. Ses déplacements fréquents lui permirent de nouer des contacts avec les nationalistes de l’Union des populations du Cameroun (UPC) et d’inciter les maîtres d’école africains à créer un syndicat. Le ministère de la France d’Outre-mer lui fit payer très cher ses initiatives politiques et syndicales : il ne lui renouvela pas son détachement et le mit en congé prolongé. À la suite d’une protestation parue dans L’École libératrice, Raymond Deparpe rejoignit finalement, avec ses quatre enfants, la cité cheminote de Nouvion-sur Meuse pour occuper un poste d’instituteur adjoint à la rentrée scolaire d’octobre 1952. Après cette sanction, il refusa toute décoration pour ses activités de résistant et toute distinction honorifique, comme les palmes académiques qui lui furent proposées.

Le 29 décembre 1954, à Nouvion-sur-Meuse, Raymond Deparpe épousa, en secondes noces, Madeleine Lenoir qui lui donna une fille. Dans le même temps, il s’était de nouveau engagé dans le combat syndical et politique. Militant de la minorité cégétiste, puis de la tendance « Unité et Action », il fut élu au conseil syndical de la section ardennaise du SNI le 4 janvier 1955 et y demeura jusqu’au 12 janvier 1961. Il fut également membre de la commission administrative de la section des Ardennes de la FEN du 28 avril 1960 au 11 mai 1967, année où il partit à la retraite ; il siégea au bureau de ladite commission du 28 avril 1960 au 20 février 1964.

Parallèlement à ses responsabilités syndicales, Raymond Deparpe militait au Parti communiste. Membre de la cellule communiste de Nouvion-sur-Meuse, il fut élu conseiller municipal de la localité sur la liste de son parti qui remporta la victoire aux élections municipales des 8 et 15 mars 1959. Il devint premier adjoint, d’abord au maire Roger Villemaux de 1959 à 1979, puis à son successeur Michel Médeau jusqu’au scrutin du 6 mars 1983 auquel il ne se représenta pas. Entre-temps, Raymond Deparpe avait été, à deux reprises, le candidat du Parti communiste aux élections législatives dans la 1re circonscription de Mézières-Rethel. Le 23 juin 1968, il arriva en deuxième position avec 9 575 voix sur 53 395 inscrits et 43 170 votants au premier tour, mais il échoua au scrutin de ballottage face au candidat UDR Lucien Meunier, en recueillant 15 592 suffrages sur 42 372 votants. Le 4 mars 1973, avec 10 802 voix sur 55 325 inscrits et 44 433 votants, Raymond Deparpe talonna au premier tour le député sortant Meunier qui obtint 10 927 voix ; il fut toutefois battu au second tour en rassemblant 20 898 suffrages contre 22 838 à Meunier, sur 46 049 votants.

Atteint d’une grave maladie cardiaque depuis de longues années, Raymond Deparpe décéda à l’hôpital de Charleville-Mézières. Il fut inhumé à Nouvion-sur-Meuse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22314, notice DEPARPE Raymond, Jules, Dieudonné par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 13 janvier 2021.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes 1 M 15 ; 3 M 5, 8 et 9. — Arch. du Parti communiste français. — Bulletin de la section ardennaise du Syndicat national des Instituteurs, 1944 à 1946 et 1955 à 1967. — L’Ardenne Nouvelle, n° 2, 9 décembre 1944. — L’Ardennais, 27 octobre 1993. — Presse locale. — Notes de Jacques Girault. — Renseignements et documents fournis par Pierre et Claude Deparpe, fils de l’intéressé. — État civil de Nouvion-sur-Meuse.

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