POULAT Marcel, Ernest, dit Henri

Par Frédéric Stévenot

Né le 20 août 1888 à Douai (Nord) ; mort le 31 mars 1971 à Hirson (Aisne) ; verrier, marchand en gros ; militant communiste ; déporté ; conseiller municipal et maire d’Hirson.

Fils de Pierre Poulat, verrier âgé de trente ans, et d’Eugénie Ringenbach, couturière âgée de vingt-six ans, Henri Poulat naquit au domicile de ses parents, au hameau de Dorignies. Il se maria à Hirson le 3 janvier 1921, avec Rosa Alfreda Deville. Peu avant de mourir, il se maria avec Léone Berthe Blandin le 22 février 1971, toujours à Hirson.

Henri Poulat habitait à Hirson avec ses parents, lors de son recensement militaire.
Il arriva au 67e régiment d’infanterie de Soissons le 7 octobre 1909, Henri Poulat fut réformé temporairement (2e catégorie) par la commission spéciale du 5 août 1911, pour affaiblissement général et pleurésie sèche. Il quitta son unité avec un certificat de bonne conduite. Le 2 juillet 1912, il fut néanmoins reconnu apte au service par la commission spéciale de Laon.
Il fut ainsi mobilisé dès le 1er août 1914, et arriva au corps le lendemain. Le 18 août suivant, il fut versé dans les services auxiliaires sur avis de la commission spéciale de Soissons réunie le 13, pour hypertrophie cardiaque. Il aurait dû être renvoyé dans ses foyers, mais fut maintenu dans les mêmes services par la commission de réforme de Saint-Brieuc réunie le 26 novembre 1914. Il fut ensuite rappelé à l’activité (circulaire ministérielle du 25 janvier 1915) et affecté au 87e régiment d’infanterie. Il arriva dans cette nouvelle unité le 25 février. La commission de réforme de Quimper réunie le 27 avril 1915 le classa dans le service armé. Aux amrées le 28 juin, Henri Poulat fut blessé le 11 septembre 1915 à Calonne (plaie du bras droit par balle). Revenu le 15 janvier 1916, il fut évacué pour blessure accidentelle le 13 juillet, et transféré au dépôt divisionnaire le 18 août suivant. Il fut de retour le 22 septembre, mais dut être à nouveau évacué le 30, pour maladie. Il réintégra son unité le 11 mars 1917, et fut encore évacué (sans précision) le 1er juillet. Il revint le 16 octobre. Le 21 février 1918, à Avocourt, une plaie à la main gauche par fil de fer barbelé fut infectée, ce qui l’obligea à être à nouveau évacué jusqu’au 26 juin. Il fut évacué du 25 juillet au 17 août. Il passa alors au 51e régiment d’infanterie le lendemain.
Le 31 août, Henri Poulat manqua à l’appel, et ne rentra que le 3 septembre suivant. Il fut condamné par le conseil de guerre de la 3e division d’infanterie, le 24 septembre 1918, à la peine d’un an de prison avec sursis, pour s’être rendu coupable de désertion à l’intérieur en temps de guerre. Les circonstances atténuantes furent admises. Sa condamnation fut amnistiée par la loi du 29 avril 1921. Il put être démobilisé le 31 juillet 1919, et déclara pour résidence Perret, compagnie du Nord, forges Dessales. Henri Poulat eut un frère tué pendant la guerre.
Père de trois enfants, il fut définitivement dégagé de toutes obligations militaires le 15 octobre 1937.
Malgré l’amnistie de 1921, le chef de bataillon qui commandait le bureau de recrutement de Laon envoya un courrier au président du tribunal militaire permanent de Lille, le 2 mai 1940. Il demanda à obtenir des renseignements « concernant le nomme Poulat Marcel Ernest classe 1908 n° matr 261 au recrutement de Saint-Quentin, condamné par le Conseil de Guerre de la 3e DI dans sa séance du 24 sept. 1918 pour coupable de désertion à l’intérieur en temps de guerre ». La réponse lui fut envoyé de Rouen le 20 mai…

Henri Poulat adhéra au parti communiste à partir de sa création.
Le 10 septembre 1935, il déclara résider à Hirson, au n° 33 rue de la Haie.

Très probablement membre de l’OCM, il fut l’une des dix-neuf personnes arrêtées à Hirson dans la nuit du 4 au 5 juin 1944. Le groupe était composé de :

Emprisonnés à la Feldgendarmerie, rue de Guise, ils furent transférés à la prison de Saint-Quentin le 5 juin, puis au camp de Royalieu (Oise) le 15 juillet.
On ignore encore ce qu’il advint ensuite d’Henri Poulat, probablement déporté. Cependant, aucune trace n’a pu être trouvée dans la base du Fonds pour la mémoire de la déportation, ni dans les archives Arolsen.
Quoi qu’il en soit, il ne semble pas que ses services en tant que résistant aient été homologués, ni qu’il ait reçu la médaille de la Résistance.

À son retour, Henri Poulat fut l’un des premiers maires d’Hirson après la Libération. Il succéda à Pierre-Louis Fresnel, maire de mai 1945 à octobre 1945, étant élu le 5 octobre de la même année jusqu’au 25 octobre 1947, remplacé par Raymond Fischer (SFIO).
Raymond Mahoudeaux, maire communiste d’Hirson qui venait à peine d’être élu, prononça le discours suivant le 3 avril 1971 :

« Mesdames, Messieurs,
Ce n’est pas sans tristesse profonde que je viens, au nom du Conseil municipal, saluer une dernière fois notre ami et camarade Henri Poulat, qui, avant d’être maire de la ville d’Hirson, avait été un militant actif du PCF.
Fils de verrier, verrier lui-même à l’âge de 11 ans, il entre dans la vie rude des travailleurs.
Exploité, il se range du côté des socialistes de Jaurès.
Pendant toute sa vie, il est un combattant fidèle à la cause ouvrière et considère que ceux qui vivent sont ceux qui luttent.
À 26 ans, il connaît la grande guerre 1914-1918.
Appelé au service militaire, il reste pendant 4 années avec ses compagnons, les « poilus ».
De retour à son foyer, il continue la lutte pour la Paix et adhère, après le Congrès de Tours, au PCF.
Aux côtés des travailleurs, il reste ; mais cette adhésion lui coûte la déportation politique au cours de la guerre 1939-1945.
Rentré de captivité, il reprend sa place auprès de ses camarades.
Dès la Libération, le 5 octobre 1945, il est élu maire de la ville d’Hirson et y restera jusqu’au 25 octobre 1947, puis conseiller municipal jusqu’en 1965.
Cher Henri Poulat, tu viens de nous quitter, mais a-t-il fallu que tu attendes notre réélection.
En effet, bien conscient, il y a quelques jours, tu exprimais ta satisfaction.
Ta confiance aux principes socialistes était inébranlable.
Les mots manquent pour dire ce que fut toute la vie d’Henri Poulat.
Cette foule qui l’accompagne, ces regrets qui l’escortent, sont la meilleure preuve qu’il avait conquis l’estime de tous.
Sur ta tombe, nous renouvelons le serment que nous continuerons ton combat pour la Paix et la Fraternité.
À ton épouse, à tes enfants, tes petits-enfants, à toute ta famille, à tous tes nombreux amis, nous adressons nos plus sincères condoléances.
Nous nous inclinons devant ta mémoire.
Nous te saluons.
Dors en Paix ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223143, notice POULAT Marcel, Ernest, dit Henri par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 19 février 2020, dernière modification le 22 juin 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. Arch. dép. Aisne, 1R2/0536 (reg. matr., matr. 261). — Arch. privées Sylvie Varéa (fille de Raymond Mahoudeaux). — État civil de Douai, 1 Mi EC 178 R 022.

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