BORDES Auguste, Joseph [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 12 février 1879 à Paris (IIe arr.) ; mort le 22 décembre 1896 (XVIIe arr.) ; garçon marchand de vins ; anarchiste parisien.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Auguste Bordes était le fils de Guillaume Auguste Bordes. Il vivait avec ses parents et les 3 autres enfants du couple à Charlotte Street à Londres. Ses parents devant 3 ou 4 mois de loyer à leur propriétaire, ils durent quitter Londres, le père arriva à Paris, le 21 novembre 1893 et la mère et les enfants furent rapatriés par la Société de bienfaisance française, le 25 novembre.
En exécution d’un mandat de perquisition et d’amener du Préfet de police du 6 mars 1894, lui laissant supposer que le cabaret Duprat pouvait servir de lieu de réunion pour une association de malfaiteurs (Loi du 18 décembre 1893- art.265 et 266 du Code pénal), le Préfet, conformément à l’article 10 du Code d’instruction criminelle, sans être officier de police judiciaire, était investi du droit de requérir les officiers de police judiciaire, de faire tous les actes nécessaires à l’effet de constater les crimes, délits et contraventions ; demanda de faire arrêter toute personne se trouvant dans l’établissement.
Le 6 mars 1894, à 22 heures, MM. Fédée, Orsatti et Archer, à la tête de 40 agents des brigades de recherches de la Préfecture de police, faisaient soudainement irruption dans le cabaret de Duprat, 11 rue Ramey.
Avec une violence inouïe, selon La Justice, ils se précipitèrent sur les consommateurs, et sans autre forme de procès , commencèrent à frapper à coups de poings et à coups de canne ; ne sachant au juste à qui ils avaient affaire, les gens attablés cherchaient à se défendre. La lutte dura près d’une demi-heure. Enfin, les tables cassées, les verres brisés, les consommateurs à moitié assommés, la police resta maîtresse du champ de bataille. Dix neuf personnes, aussitôt arrêtées, furent conduites au poste de la mairie du 18e arrondissement, où M. Fédée passa une partie de la nuit à les interroger. Quinze furent conduites au Dépôt de la Préfecture de police et inculpées d’association de malfaiteurs (Loi du 18 décembre 1893, articles 265 et 266 du Code pénal.)
Auguste Bordes, âgé de 15 ans, qui se trouvait dans le cabaret au moment de l’arrivée de la police, se réfugia dans l’appartement occupé par Louise Pioger et par son gendre Benoît Morel, ébéniste mais il fut arrêté lui aussi.
A la porte du poste, une vieille femme pleurait. Elle raconta que son fils, Auguste Bordes, un employé qui habitait la maison, était descendu prendre un verre dans la soirée, et qu’il se trouvait parmi les arrêtés : « S’ils s’étaient contentés de l’arrêter, ajouta-t-elle en sanglotant, mais ils l’ont à moitié assommé. C’est épouvantable ! »
Le 8 mars, il était conduit au Dépôt de la Préfecture de police et photographié le 9 mars 1894, par le service anthropométrique. Son dossier à la Préfecture portait le n°333.545.
Il fut libéré le même jour. La procédure était transmise au procureur de la république qui mandatait le juge Meyer pour instruire l’affaire. Le non lieu fut rendu le 27 juin 1895.
En décembre 1896, Auguste Bordes fut atteint d’un abcès intestinal qui obligea ses parents à le faire hospitaliser à la Charité, opéré, il succomba aux suites de l’intervention. Il n’avait que 18 ans.
Selon le Libertaire, « c’était un de ces jeunes hommes qui ont eu la chance de se développer au sein d’un milieu anarchiste et qui, avec l’enthousiasme de l’adolescence et la conviction raisonnée de l’âge mûr, se lancent ardemment dans le mouvement révolutionnaire ». Son enterrement eut lieu le 24 décembre 1896.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223196, notice BORDES Auguste, Joseph [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 19 février 2020, dernière modification le 6 août 2021.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Mandat de perquisition et d’amener du Préfet de police, en vertu de l’article 10 du Code d’instruction criminelle. Archives de Paris D.3 U6 carton 50

SOURCES :
Archives de Paris D.3 U6 carton 50. Etat civil de Paris — Archives de la Préfecture de police Ba 1500, 1508 — La Justice 8 et 9 mars 1894 — Le Libertaire 24 décembre 1896 — Notice d’Auguste Bordes dans le Dictionnaire des militants anarchistes.

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