MICOUD Jean, Jacques, Guillaume

Par André Balent

Né le 7 juillet 1898 à Grenade (Haute-Garonne), aujourd’hui Grenade-sur-Garonne, mort le 21 juin 1944 en action de combat à Bonrepos-sur-Aussonnelle (Haute-Garonne) ; employé communal de Toulouse (Haute-Garonne) ; socialiste SFIO ; franc-maçon ; résistant de l’Armée secrète (AS, maquis de Saint-Lys, Haute-Garonne)

Jean Micoud (1898-1944)
Source Mémorial Verdier Forain-Libération Sud

Jean Micoud était le fils de Jacques, brassier, et de Victorine Richou, âgés respectivement de trente-deux et vingt-quatre ans en juillet 1898. La famille demeurait rue Gambetta à Grenade, commune au nord de Toulouse, limitrophe du Tarn-et-Garonne. Il se maria le 3 janvier 1925 à Bruniquel (Tarn-et-Garonne) avec Élise, Andrée Lalaude. Le couple eut quatre enfants.

Pendant la Première Guerre mondiale, il fut mobilisé le 16 avril 1917 et affecté d’abord au 57e régiment d’Artillerie (RA) puis au 304e régiment d’Artillerie lourde (RAL) à partir du 20 avril 1918. Il passa ensuite au 18e RA de campagne le 19 janvier 1919. Affecté au 16e RAL du le 19 août 1919, il réintégra ensuite le 18e RAC le 3 novembre 1919. Affecté à la réserve le 15 juin 1920, il réintégra alors la vie civile. Brigadier le 16 octobre 1917 puis maréchal des logis le 16 avril 1918, il devint aspirant à titre temporaire le 19 janvier 1919. À la réserve, il devint sous-lieutenant à titre temporaire le 31 juillet 1919 et à titre définitif par décret du 12 décembre 1922. Enfin, le 25 mars 1925, il fut nommé lieutenant de réserve.

Civil, il résida d’abord à Reims (Marne), jusqu’en juin 1927, puis à Bruniquel (Tarn-et-Garonne), village de l’est du département, limitrophe du Tarn d’où était originaire sa femme. Il y vécut jusqu’en 1931, date à laquelle il s’installa avec sa famille à Toulouse. Nous ignorons quelles furent ses activités professionnelles à Reims et à Bruniquel. Employé municipal du chef-lieu de la Haute-Garonne, il dirigea à partir de 1933, une section des travaux du service de la Voirie. En 1944, il occupa un poste à la direction du service de l’assainissement de la ville.

Avant 1940, Jean Micoud adhérait au Parti socialiste SFIO. Il était aussi membre de la loge toulousaine du Grand Orient de France, « La Française des arts » à laquelle appartenait aussi Maurice Fontvieille et dont Silvio Trentin fut un des membres éminents avant d’appartenir à l’autre loge de la même obédience, « La Parfaite harmonie ».

Lieutenant de réserve, Jean Micoud fut mobilisé le 1er septembre 1939. Appelé au cantre mobilisateur de l’Artillerie de Toulouse, il fut affecté à un régiment de cette arme rattaché à la 7e division d’Infanterie. Ayant gagné la zone des armées le 14 septembre 1939, il y demeura jusqu’au 25 juin 1940. Il participa à la campagne de France (mai-juin 1940). Le 28 juin 1940, il fut cité à l’ordre la brigade : « Officier consciencieux ayant beaucoup d’élan et de sang-froid ». Il fut démobilisé le 27 juillet 1940 et revint à Toulouse où il reprit ses activités professionnelles.

À une date indéterminée, il fut en contact avec les groupes de résistants qui s’étaient regroupés autour de Jean Chaubet socialiste animateur du Franc-tireur puis des MUR. Dès l’automne 1943, Chaubet avait recruté des volontaires disposés à rejoindre le maquis qu’il projetait de créer dans les environs de Saint-Lys (Haute-Garonne). Beaucoup, comme Micoud, habitaient le quartier de Bonhoure-Guilhemery, adhéraient ou sympathisaient avec la SFIO ou avaient des liens avec la franc-maçonnerie. Il y a un dossier (non consulté) à son nom au SHD (Vincennes), 16 P 418153.

Le 7 juin, des hommes recrutés pour gagner les cantonnements du le maquis de Saint-Lys, quittèrent leur domicile, à Toulouse ou dans les environs immédiats. Le maquis s’installa initialement au château de Gagen situé sur le territoire de la commune de Bonrepos-sur-Aussonnelle, à proximité de la RD 67 qui relie Saint-Lys à L’Isle-Jourdain et du croisement de cette dernière avec la RD 68 qui relie Fonsorbes à Bonrepos-sur-Aussonnelle. Dès le 11 juin, les hommes qui s’y trouvaient étaient en train d’être dirigés vers d’autres cantonnements, au château de Candelé, à proximité de Gagen, et vers Mérenvielle (Haute-Garonne), commune limitrophe du Gers. Ce transfert ne put s’effectuer du fait de l’attaque allemande. Le 12, il ne restait plus qu’une trentaine d’hommes à Gagen. Le 12 juin, 1944, en fin d’après-midi, surgit, à proximité de Gagen, une colonne de la division blindée Das Reich. Celle-ci, formée de trois compagnies cantonnées jusqu’au 10 juin au matin dans des villages du sud de Toulouse Les 9e, 10e, 11e et 12e compagnies du 3e bataillon du régiment SS Deutschland de la division blindée SS Das Reich quittèrent les villages où elles stationnaient, au sud de Toulouse, en Haute-Garonne, dans les basses vallées de l’Ariège et de son affluent, la Lèze. Leur mission de destruction de maquis et de répression des populations civiles commença au petit matin d’un samedi pluvieux. Le 10 juin leur action meurtrière s’exerça en Comminges (Haute-Garonne), marginalement en Couserans (Ariège) et, le 11 juin en Bigorre (Hautes-Pyrénées). Les SS se livrèrent à des massacres de civils et de résistants. Ce ne fut pas par hasard que les SS attaquèrent le château de Gagen, cantonnement du maquis de Saint-Lys. Ils connaissaient apparemment le lieu car, la veille une voiture conduite par un militaire allemand avait été attaquée par des résistants d’un autre maquis, celui de Mangane. Or, les Allemands ont attaqué sans hésiter le maquis de Saint-Lys. Disposaient-ils de l’information avant leur départ, ce qui justifierait qu’ils aient un détour, pour leur retour, par le Gers. Ou ont-ils glané des informations auprès de civils locaux pendant leur passage dans le secteur ? Ou, encore, ont-ils été informés par des « traitres » présents dans les rangs du maquis ? Toutes ces hypothèses ont été formulées. Ils ignoraient cependant que le transfert des hommes du maquis de Gagen vers le Candelé était déjà bien avancé. Les maquisards présents à Gagen furent surpris. Ils essayèrent de se replier vers le Candelé en se réfugiant dans un premier temps dans les bois proches. Un groupe comprenant Eugène Lozes, André Bousquairol, Abel Autofage, Lucien Lafforgue, André Cavagnol, Joseph Vié*, Bordes, Rucosa et le père Séguela couvrait la retraite du gros de l’effectif, parmi lesquels Jean Chaubet. Eugène Lozes fut le dernier à pénétrer dans le bois après avoir vidé son chargeur. Les cinq premiers furent tués. Les fugitifs se déplaçaient en petits groupes qui couraient vers le Candelé. L’un d’entre eux fut intercepté. Jean Chaubet ainsi que Joseph Vié*, Eugène Lozes et Jean Micoud* furent à leur tour tués. Les maquisards eurent aussi des blessés. Le Candelé fut attaqué par les Allemands qui ignoraient que se trouvait là le gros des effectifs du maquis. Ils détruisirent par le feu une partie des bâtiments du Candelé qu’ils pillèrent au préalable. La plupart des maquisards se cachaient dans les environs et eurent la vie sauve. . Philippe Viguier, présent lors de ce combat a pu en décrire les diverses phases dans ses ouvrages sur maquis de Saint-Lys.

Jean Micoud reçut la mention « mort pour la France ». Le conseil municipal de Toulouse donna son nom à une des rues de la ville, dans le quartier Guilhemery. Son nom figure sur le monument aux morts du quartier toulousain de Bonhoure, Guilhemery, côte de l’Hers : ce monument est situé au n° 114 de la rue (Jean-Chaubet, à l’intersection de cette rue et l’avenue Camille-Pujol, sur le mur de l’école élémentaire Jean-Chaubet. Il est également inscrit sur le monument commémoratif érigé à la sortie du village de Bonrepos-sur-Aussonnelle, vers Saint-Lys. Sur cette plaque est gravée, avec les noms, l’inscription suivante : « Le maquis de Saint-Lys à ses camarades des Corps francs de Libération morts au combat du 12 juin 1944 ». Une plaque y a été apposée à sa base avec leurs noms et l’inscription suivante : « Aux victimes civiles de la barbarie nazie du 12 juin 1944 ». Il est également gravé : sur le monument aux morts de Saint-Lys appartenant à toutes les catégories de victimes de la Seconde guerre mondiale, parmi lesquelles celles du maquis de Saint-Lys (on y a rajouté ultérieurement les morts de la guerre d’Algérie) ; sur la plaque — apposée dans la salle du conseil municipal de Toulouse (Le Capitole) — en l’honneur des employés municipaux de la ville de Toulouse morts pendant la Seconde Guerre mondiale (20 au total dont trois le 12 juin 1944 à Bonrepos-sur-Aussonnelle).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223210, notice MICOUD Jean, Jacques, Guillaume par André Balent, version mise en ligne le 19 février 2020, dernière modification le 19 février 2020.

Par André Balent

Jean Micoud (1898-1944)
Source Mémorial Verdier Forain-Libération Sud

SOURCES : Arch. dép. Haute-Garonne, 1 E 39, état civil de Grenade, 1897-1899, acte de naissance de Jean Micoud et mentions marginales ; 1 R 444, registre matricule, f°1356. — Michel Goubet, « Le maquis et le combat de Saint-Lys 12 juin 1944 » in La résistance en Haute-Garonne, CDROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la résistance intérieure), 2009. — Guy Penaud, La « Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [pp. 395-397, p. 542]. — Philippe Viguier, Le maquis de Saint-Lys 1944, sl., sd [1985], 22 p. — « Toulouse. Le 19 août 1944, les Toulousains retrouvent le goût de la liberté », La Dépêche, Toulouse, 18 août 2003. — Site MemorialGenWeb consulté le 19 février 2020. — Site Mémorial francoisverdier-liberationsud, consulté le 19 février 2020.

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