DELOI Roland, Yves

Par Audrey Galicy

Né le 27 mai 1925 à Saint-Perdon (Landes), exécuté sommairement le 6 juillet 1944 au Pont-Long à Pau (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) ; résistant du Corps franc Pommiès (CFP), Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Fils de Jean, charpentier et de Felicia Cabé, couturière, Roland Deloi s’engagea en 1944 dans la résistance, Brigade De Milleret ("Carnot").
Il était domicilié à Villeneuve de Marsan (Landes) comme ses camarades de la Brigade, Georges Durand et Gustave Hengy.
Il se trouvait à Portet (Basses-Pyrénées) dès juin 1944, en compagnie de 180 camarades, anciens militaires ou hommes recrutés dans le secteur. Le chef du détachement, Jean Milleret (« Carnot ») s’était installé dans la région avec son état-major, la section de commandement, la section destructions de Robert Vaxelaire, la section d’Emile Dupuy, la compagnie Maulvaux et la section auto. A Portet, les hommes logeaient dans les granges, les maisons, les hangars. Selon les témoignages de Pierre Langlade et d’Albert Sturni, jeune alsacien de la brigade, l’indiscipline et le désordre régnaient au sein du groupe Carnot. La plupart des hommes étaient jeunes et sans formation militaire. Le témoignage que fit Pierre Langlade à Maxime Malompré de l’Association Recherches du passé en Béarn (maintenant association Patrimoine historique et culturel de Portet) est éloquent « le premier samedi après-midi, 1er juillet, j’enfourche un vieux vélo et je vais […] à Portet. […] Quand j’arrive là-bas et que je vois le désordre et l’indiscipline qui y règnent, j’avoue que je prends un peu peur. Et je repars chez moi inquiet. En rentrant, je dis à ma mère : « s’ils sont attaqués, ils sont faits comme des rats ».
Les 1er et 2 juillet, De Milleret fut informé d’une attaque possible des troupes allemandes. Il lui fut alors fortement conseillé de changer de cantonnement et de répartir ses hommes, trop nombreux à Portet. La décision de quitter le cantonnement fut prise le 2 juillet au soir. Hélas trop tard. Le lundi 3 juillet 1944, à 4h00 du matin, un important détachement allemand lourdement armé et parfaitement renseigné, encercla et isola le village. A 6h00, les allemands lancèrent l’attaque. Pour les maquisards, aucune solution de repli n’était possible. Certains s’enfuirent ou se cachèrent dans les bois, les granges, d’autres ripostèrent. L’attaque fut violente et le bilan matériel et humain particulièrement lourd. Neuf maisons furent incendiées, 14 résistants furent tués au combat, 5 habitants du village furent abattus.
Capturé avec 38 de ses compagnons, le chasseur Roland Deloi fut transporté, enfermé et torturé dans les prisons de la caserne Bernadotte à Pau. Le 6 juillet, le commandant allemand prit la décision d’exécuter les prisonniers. Emmené au champ de tir du Pont-Long, au nord de Pau, il fut exécuté à la mitraillette et son corps jeté dans une fosse. Cette fosse fut découverte le 25 août 1944. M. Larquier, agriculteur au Pont-Long témoigna : « Le 6 juillet 1944, 2 ou 3 camions arrivent au champ de tir vers midi. Des prisonniers français en descendent. Je fauchais du foin aidé par ma femme. Un officier allemand s’avance vers nous et nous ordonne de rentrer dans notre maison et d’y rester jusqu’à 15 :00. Ce que nous faisons. Nous avons entendu des rafales de mitrailleuses à cadence assez lente. Elles ont duré longtemps. »
Les fosses furent découvertes le 25 août 1944, les corps furent déterrés par des prisonniers allemands et des miliciens ayant participé au massacre. Ces derniers auraient enterré les corps dans les fosses. « Ils sont restés au champ de tir jusqu’à 19h00 environ et ont rejoint leur camion en riant et en chantant » selon un témoin.
Roland Deloi fut décrit ainsi :
« - taille 164 pantalon drap bleu, veste de chasse, chemise toile blanche brodequins
- peigne rouge, 1 ressort sécateur, 1 portefeuille, avec inscriptions "Bar JAMAU, cours Pétain, Bordeaux. Papiers au nom de DELOI Roland, né le 27.5.1925 à St-Perdon (Ldes) adresse : VILLENEUVE DE MARSAN (Ldes)
Son nom est inscrit sur le mémorial du CFP à Castelnau-Magnoac, sur le Monument commémoratif de Portet qui compte 62 victimes, sur celui de Villeneuve de Marsan (Landes), ainsi que sur un panneau commémoratif situé sur le Charnier du Pont-Long qui rend hommage aux 57 résistants morts pour la France.



Voir Pau (Basses-Pyrénées, actuellement Pyrénées-Atlantiques), champ de tir du Pont-Long, 6 juillet - août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223257, notice DELOI Roland, Yves par Audrey Galicy, version mise en ligne le 20 février 2020, dernière modification le 22 juin 2022.

Par Audrey Galicy

SOURCES : MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — CERONI, Marcel. Corps Franc Pommiès, Tome 1-2, La lutte ouverte, Amicale du Corps Franc Pommiès, 2007.

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