DERBRÉE Georges, Henri

Par Jacques Cousin

Né le 7 janvier 1930 à Gabès (Tunisie), mort le 22 mars 2015 à Ancenis (Maine-et-Loire) ; instituteur puis conseiller pédagogique ; syndicaliste et mutualiste de la Mayenne, secrétaire général de la section mayennaise du SNI (1978-1984), président de la section mayennaise de la MGEN (1987-1988).

Son père, militaire de carrière dans l’armée coloniale, était appelé à de fréquents déplacements, d’où la grande diversité des écoles primaires fréquentées par Georges Derbrée : Haïphong (Indochine), Marennes (Charente-Maritime), Oran (Algérie), Brest (Finistère), Brée (Mayenne). Il entra en 1943 en classe de cinquième au lycée de Laval (Mayenne), établissement où il passa le baccalauréat.

En 1949-1950, Georges Derbrée exerça comme suppléant éventuel avant d’être reçu au concours spécial ouvert aux bacheliers et d’entrer à l’École normale d’instituteurs de Laval dont il sortit major en 1952. Pour son premier poste, il fut affecté à Martigné. Après dix-huit mois de service militaire, Derbrée fut nommé à Saint-Pierre-des-Landes, puis à La Bigottière où il resta jusqu’en 1970, avant de terminer sa carrière d’enseignant comme conseiller pédagogique. Il se maria en avril 1953 à Laval avec une secrétaire de mairie ; le couple eut un fils.

Georges Derbrée fut élu au conseil syndical de la section mayennaise du Syndicat national des instituteurs le 27 février 1959 sur la liste commune d’action syndicale et d’action laïque. Son mandat de conseiller syndical fut reconduit en mars 1961 et mars 1963. La tendance « Unité et Action » (ex-cégétistes) présenta sa propre liste aux élections organisées à l’occasion du renouvellement du conseil syndical. Elle obtint 5 des 25 sièges à pourvoir. Derbrée fut élu sur la liste majoritaire.

En 1965, suppléant à la commission administrative paritaire départementale, Derbrée en démissionna, comme tous ses co-listiers, le 16 février 1966, afin de protester contre les décrets gouvernementaux qui imposaient une liste d’aptitude pour les candidats à un poste de direction d’école et leur nomination par le recteur sans contrôle de la CAPD. Il retrouva son siège aux élections suivantes. Il resta sur les listes présentées par la section départementale du SNI à l’occasion de toutes les élections à la CAPD jusqu’à celles du 3 décembre 1984 comprises et fut à chaque fois largement réélu.

Lors du renouvellement du conseil syndical en mars 1967, les trois tendances présentes dans la section mayennaise du SNI partirent sous leur propre bannière et avec leur propre programme. La tendance majoritaire conduite par Lucien Sosson obtint 16 sièges sur 25 à pourvoir. Derbrée, secrétaire adjoint depuis mars 1965, conserva ce poste jusqu’en 1978.

À Sainte-Suzanne, l’inspecteur d’académie créa une association d’éveil artistique avec vocation de former scolaires et enseignants, Derbrée qui intervenait à l’assemblée générale de la section, le 19 janvier 1976, au nom de la tendance UID, déclara qu’il récusait personnellement toute participation à l’association. Il fit cependant remarquer que celle-ci continuerait malgré tout à exister et à toucher des fonds publics. Il suggéra que des syndiqués au SNI soient mandatés par l’AG pour conquérir la majorité dans l’association, puis proposer au vote une modification des statuts conforme à l’idéal laïque du syndicat. Mais la motion finale, adoptée par la majorité des présents, refusa toute participation aux activités du Centre d’éveil artistique, réclamant que les fonds publics versés à l’association soient alloués à l’École normale pour le développement de l’éveil artistique. Elle ne résolvait cependant aucun des problèmes soulevés par Derbrée. L’association continua à exister plusieurs années et à accueillir des stagiaires.

Georges Derbrée fut élu secrétaire général de la section départementale au conseil syndical du 3 octobre 1978, succédant à Jean-Pierre Dauby, qui, malade, avait démissionné. Il se présenta comme tête de liste pour la majorité aux élections de renouvellement du conseil syndical, quelques mois plus tard, en mars 1979, et réussit à préserver les positions acquises par sa tendance malgré la crise qui couvait dans la section depuis plus d’un an (15 UID, 6 U&A, 4 EE).
Il intervint au conseil national du 18 décembre 1980 pour dénoncer la décision prise par le conseil général de la Mayenne de subventionner 80 % du transport des élèves de l’enseignement catholique vers l’école privée la plus proche. Cependant, après de multiples rencontres avec des conseillers généraux, la publication de 12 000 exemplaires d’un numéro spécial de La Voix laïque et l’expédition de milliers de cartes postales de protestation au président du conseil général, l’instance départementale maintint sa subvention qui entraîna la disparition de plusieurs classes ou écoles publiques rurales.

En mai 1981, l’arrivée de la gauche au pouvoir aviva les revendications des syndicats laïques de l’enseignement. Un an plus tard, le 9 mai 1982, à l’occasion du grand meeting organisé au Bourget pour la fête du centenaire de l’école laïque, Derbrée s’attacha à mobiliser plus de 600 Mayennais venus surtout entendre les ministres Pierre Mauroy* et Alain Savary* parler de la nationalisation de l’enseignement catholique.
Sous son impulsion, les élections de 1982 au conseil syndical de la section (16 UID, 5 U&A, 3 EE, 1 FUO), mais aussi celles de 1985 (17 UID, 5 U&A, 3 EE) marquèrent une nette progression de la tendance UID.

Sa conception d’un syndicalisme indépendant de tout pouvoir politique et de toute administration constitua un de ses thèmes favoris pendant tout le temps où il exerça ses fonctions de secrétaire général de la section. Derbrée eut, à partir de 1983, à gérer la mise en place de la décentralisation dans l’Éducation nationale et la multiplication des instances de concertation tant au plan départemental qu’académique où la section départementale devait faire reconnaître sa représentativité et faire jouer sa force de proposition. Il joua un rôle déterminant dans les négociations qui se déroulèrent en conseil départemental, face aux représentants du conseil général sur l’extension du droit au logement et à l’indemnité représentative afférente dont il dut négocier les taux.

Dès septembre-octobre 1983, Alain Savary, ministre de l’Éducation nationale, fit connaître ses propositions sur les rapports entre écoles publiques et écoles privées. Les débats allaient déclencher en Mayenne comme partout en France, et pendant plus d’un an, un fort mouvement de manifestations, opposant laïques et tenants des écoles catholiques. Derbrée regrettait que la gauche n’ait pas su prendre ses responsabilités en temps voulu sur la question de la laïcité. Les manifestations régionales organisées par le comité national d’action laïque (Nantes, 27 novembre 1983), ou départementales voulues par les Comités départementaux d’action laïque (Laval, 25 avril 1984), les débats locaux ou nationaux n’apportèrent pas de modifications sensibles au projet Savary. Après son retrait par François Mitterrand* pendant les grandes vacances scolaires de 1984. Ce recul du pouvoir politique fut ressenti par une partie des militants mayennais du SNI-PEGC comme une véritable trahison.

Georges Derbrée partit à la retraite à la rentrée de septembre 1985. Il abandonna ses fonctions de secrétaire général et Jacques Cousin le remplaça lors du conseil syndical du 12 juin 1984. Il conserva la charge de secrétaire général adjoint de la section ainsi que la responsabilité du bulletin de section après s’être présenté en seconde position sur la liste UID aux élections de 1985.
Après le renouvellement du conseil syndical en juin 1987, il devint trésorier, poste qu’il conserva jusqu’en novembre 1998. En février 1999, il fut réélu au conseil syndical sans toutefois accepter de responsabilités particulières.

Il milita également pendant de longues années à la section départementale de la MGEN dont il assuma la présidence du 1er janvier 1987 au 31 décembre 1988.

En 2007, retraité, il habitait à La Baconnière (Mayenne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22349, notice DERBRÉE Georges, Henri par Jacques Cousin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 10 août 2021.

Par Jacques Cousin

SOURCES : Arch. dép. Mayenne, La Voix Syndicale, fonds du SNI-PEGC. — Témoignage de Georges Derbrée.

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