BLANCHIER Pierre, Maurice [pseudonyme Baptiste]

Par Geneviève Launay, Michel Thébault

Né le 25 septembre 1919 à Feuillade (Charente), mort en action le 25 août 1944 à Chauvigny (Vienne) ; militaire de carrière, sous-officier du Génie ; résistant A.S-FFI, chef du maquis Baptiste.

Pierre Blanchier était le fils de Jean, Maurice Blanchier, militaire de carrière, officier et de Marie, Aimée, Isabelle, Lucie Lasnier. Son père né le 13 juin 1889 à Montbron (Charente) s’était engagé dans l’armée en septembre 1907 et fit de 1907 à 1922 une carrière militaire dans l’Artillerie, maréchal des Logis en 1910, adjudant en 1915, lieutenant en 1919. Il se maria le 21 avril 1914 à Bourges où il était maréchal des Logis au 1er Régiment d’Artillerie avec Marie Lasnier, employée de commerce, née à Bourges le 8 juin 1890. Au recensement de 1921, Pierre Blanchier âgé de deux ans vivait avec sa mère au bourg de Feuillade, à proximité de Montbron, où sa mère était épicière. Son père fut démobilisé en septembre 1922 mais resta dans les services civils de l’armée, affecté d’abord à Bourges puis au centre de mobilisation N° 12 à Angoulême en 1927. Capitaine de réserve en 1934, il fut fait en août 1936 chevalier de la Légion d’honneur. Pierre Blanchier semble s’être engagé également très tôt dans l’armée ; son nom figure en effet sur le monument commémoratif dédié à la mémoire des enfants de troupe à Clavières (Cantal). Il prépara ensuite l’École du Génie de Versailles. Combattant de 1939 – 1940, il poursuivit son engagement dans l’armée d’armistice à l’été 40. Il fut Maréchal des Logis-Chef au 6e Régiment du Génie au Blanc (Indre) de 1940 à 1942. Fin novembre 1942 après l’invasion par les troupes allemandes de la zone libre et la dissolution de l’armée d’armistice, Pierre Blanchier devint agent d’assurances à la Compagnie Générale d’Assurances à Chauvigny domicilié avec son épouse Lucienne, Léa Louis et ses deux enfants au lieu-dit La Corbière, commune de La Bussière (Vienne).

Il s’engagea dans la Résistance dès septembre 1940, résistance d’abord individuelle consistant en des actions de propagande gaulliste au Blanc, à Montmorillon et à Chauvigny (Vienne). Le 15 février 1942 il s’engagea dans l’Armée Secrète de la Vienne auprès du colonel Chêne. Nommé adjudant par décision de l’État-major FFI départemental (colonel Bernard) le 6 juin 1944, il reçut la charge de former un maquis à partir du groupe qu’il avait recruté dans la clandestinité, maquis rattaché au groupement Gilles, secteur B de la Vienne et qui devint le maquis Baptiste. Le groupe comprenant au départ environ 80 hommes, s’installa dans une zone boisée en bordure de la route départementale 54 allant de Chauvigny à Leignes-sur-Fontaine (Vienne) à quelques kilomètres du département de l’Indre. Le 4 juillet 1944 à Montmorillon il fut promu au grade de sous-lieutenant par décision de l’État-major FFI départemental (colonel Bernard). Début juillet, les maquis Baptiste et Marcel aux ordres du commandant Gilles décrochèrent dans l’Indre toute proche afin d’échapper à une attaque allemande menaçante et se réfugièrent les 7 et 8 juillet dans la forêt de la Luzeraise, à l’est de Bélâbre, au "Terrier-Porcher" et aux "Descends". Le 10 juillet 1944 une colonne allemande quitta son cantonnement au nord de Poitiers à Bonneuil-Matours et se dirigea vers Le Blanc (Indre) pour attaquer les maquis de ce secteur de l’Indre. Au Blanc la colonne allemande, accompagnée par des miliciens se divisa en trois groupes et le combat contre les maquis dura toute la journée. L’attaque de la ferme des Descends s’acheva, en raison de la supériorité militaire allemande, par un massacre. Au Terrier-Porcher, une action de contre-attaque menée par Pierre Blanchier permit par son action énergique et efficace de sauver au prix de lourdes pertes tout le groupement d’un encerclement certain. Il permit aussi le décrochage du groupement, sa contre-attaque sauvant les autres groupes engagés et à moitié encerclés.
Il réorganisa son groupe qui comprenait fin août 1944 200 hommes et fut promu au grade de capitaine le 20 août 1944 sur décision de l’État-major FFI départemental. Le 19 août 1944 un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Le passage par le seuil du Poitou devint un enjeu stratégique essentiel, du fait de l’impossibilité de remonter ni par le Limousin (à cause de la Libération de Limoges) ni par l’axe traditionnel de la RN 10 vers Tours (à cause de l’avancée des troupes anglo-américaines). Les unités allemandes de la colonne Elster (groupement de marche du sud-ouest qui réunissait environ 25 500 hommes sous les ordres du général Botho Elster) tentèrent à partir de Poitiers de marcher vers l’est et le nord-est de la Vienne, utilisant les axes secondaires, vers Chauvigny et Lussac-les-Châteaux et circulant de jour comme de nuit pour échapper aux attaques de l’aviation alliée et au harcèlement des forces FFI. Le contrôle des ponts sur la Vienne à Chauvigny devint un enjeu majeur. Le 25 août à l’approche d’une forte colonne allemande, Pierre Blanchier chef du maquis Baptiste, décida de faire sauter le pont principal de Chauvigny. L’explosion se produisit dans l’après-midi, Pierre Blanchier s’avança sur le pont pour juger de l’effet produit. Une arche avait sauté, la seconde, sur laquelle il se trouvait, ébranlée par l’explosion, s’écroula dans la rivière en l’entraînant sous ses décombres. Il mourut donc en action pendant la bataille de Chauvigny en en faisant sauter le pont.

Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué en août 1947 capitaine FFI. Il reçut à titre posthume la Croix de guerre avec palme le 23 août 1947 et fut fait à la même date Chevalier de la Légion d’Honneur. Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de Chauvigny et de la Bussière, sur la plaque commémorative, dans la salle de conseil de la mairie de Chauvigny, dédiée « aux Victimes des Guerres - Tous conflits, autres que 1914-1918 » ainsi que sur le monument commémoratif dédié à la mémoire des enfants de troupe à Clavières (Cantal). Une rue de Chauvigny porte aujourd’hui son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223491, notice BLANCHIER Pierre, Maurice [pseudonyme Baptiste] par Geneviève Launay, Michel Thébault, version mise en ligne le 24 février 2020, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Geneviève Launay, Michel Thébault

SOURCES : SHD Vincennes GR 16 P 63734 et SHD Caen AC 21 P 24430 — Arch. Dép. Charente, Cher, et Vienne (état civil, registre matricule, recensements) — Christian Richard Groupement Le Chouan, maquis Est et Nord-Est de la Vienne, Lagardère, Le Chouan, Masier Michel Fontaine Ed. 2015 — site VRID (Vienne, Résistance, Internement, Déportation). — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb — État civil (registre des décès Chauvigny 1944 acte n° 43).

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