JAFFRENNOU, Eugène, François, dit Gégène

Eugène, François, Jaffrennou, né le 26 janvier 1892, au bourg de Lambézellec, commune limitrophe de Brest, était le fils de Jean-François Jaffrennou et de Isabelle, Louise Cloatre. Jean-François était calfat au port de Brest. Il se maria le 20 août 1913 avec Marie-Antoinette Wolff, 18 ans. Voilier-gréeur, il effectua son service militaire à l’arsenal de Sidi-Abdallah, à Ferryville, Tunisie, où il resta affecté pendant le conflit. Après la guerre, il intégra l’arsenal de Brest en février 1919.

Le 23 septembre 1920, la Société des Amis de la Maison du Peuple de Brest, fut créée pour « pour acheter, construire ou louer comme preneur ou bailleur tous immeubles à Brest et dans le département du Finistère, de les utiliser pour des salles de réunion, salles de cours, conférences, bibliothèques, bureaux, pour associations syndicales et toutes œuvres ayant un intérêt social ou général ». Elle avait notamment pour objet d’exploiter des entreprises de spectacles et de cinéma. Eugène Jaffrennou faisait partie du Comité de gestion, au titre d’adhérent individuel. Ce comité de gestion était cependant composé de façon subtile : sur 64 membres, 31 l’étaient à titre individuel, et pour une majorité d’entre eux, étaient des militants ou sympathisants anarchistes.

Un comité des fêtes fut mis en place dont René Mérour était le secrétaire et où l’on trouvait notamment Paul Gourmelon, René Martin et Eugène Jaffrennou. Le mois suivant fut créé un groupe lyrique, chargé d’animer les matinées et soirées de la future salle de spectacle.

Le 10 février 1924 fut inaugurée la Maison du peuple, dans laquelle une salle de spectacle avait été aménagée. Elle prit le nom de Sacco & Vanzetti, en hommage aux anarchistes américains, condamnés à mort. En 1927, un bâtiment, la salle Pelloutier, fut construite pour accueillir un public important. L’orchestre de la Maison du peuple, était composé de chanteurs et musiciens, dont Gégène – son nom de scène – était la vedette incontestée. Un article du Cri du Peuple (10 février 1934) décrit ainsi le spectacle de la semaine :

« Dans la salle douillettement chauffée, se déroulera un programme amusant. Nous verrons Gégène, le Gégène des grands jours, en nouvelle mariée, voile blanc, fleur d’oranger, etc., dansant le quadrille des lanciers. C’est Mme Ely qui, dans un ballet d’enfants, de la composition Ely-Gauguenot, intitulé « Idylle d’antan », a introduit le populaire comique parmi les bambins qui l’aiment tant. Il y aura aussi les chansons de Marie Goavec, Yvonne, Léonie, Jeannette, René, Sioul et de Gégène. »

La saison 1925-1926 fut la première saison complète. Le premier gala, les 25 et 26 octobre 1925, proposait un drame social, Haine de classe, une comédie-bouffe, des chansons et Gégène, « le roi du rire ». Clown et chanteur, Gégène montait pièces et numéros et organisait deux spectacles complets par mois, comprenant pièces de théâtre en un ou deux actes, extraits de comédies, sketchs et chansons, avec la complicité de René Lochu, Henriette et René Martin, de la troupe théâtrale de la Maison du peuple (voir collection du Cri du Peuple). Il aimait à jouer les vaudevilles et autres comédies et interprétait les airs de l’opéra-comique et d’ opérettes, très appréciées du public brestois.

Le 20 décembre 1938, un incendie ravagea la salle Pelloutier, qui obligea le Comité à cesser les spectacles et à s’associer avec le cinéma des Familles, à Saint-Marc, pour continuer la programmation cinématographique.

Il décéda le 31 décembre 1962 à Brest.