GOTAUTAS Vitalis

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né en 1920 à Kelmé (Lituanie), exécuté sommairement le 29 août 1944 à Naives-devant-Bar (Naives-Rosières, Meuse) ; résistant.

Vitalis Gotautas
Vitalis Gotautas
SOURCE : 
Souvenir français de Vitry-le-François

Engagé volontaire de l’armée lituanienne fait prisonnier par les Allemands, Vitalis Gotautas s’évada avec son camarade Gudelis Zigmantas du camp de Mailly dans l’Aube, à la faveur d’un bombardement allié au cours de la nuit du 3 au 4 mai 1944. Ensemble ils gagnèrent Margerie-Hancourt dans la Marne, où ils furent hébergés par Hélène et Georges Humbert dans la Ferme de la Cense.

À la suite d’une dénonciation, la ferme fut cernée par des automitrailleuses allemandes, mais les deux Lituaniens entendant le bruit des moteurs, parvinrent à s’enfuir avant l’arrivée des Allemands et rejoignirent le groupe FFI du maquis des Chênes. Dans ce maquis qui avait été implanté par le lieutenant François de La Hamayde dans le Bois des Laires à Margerie-Hancourt (Marne), étaient rassemblés des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO), des prisonniers de guerre évadés et des membres d’équipages alliés abattus aux confins de la Marne, de l’Aube et de la Haute-Marne. Il était constitué de trois sections FFI (Forces françaises de l’intérieur) qui, à partir de la mi-août 1944, harcelèrent les troupes allemandes battant en retraite et participèrent aux combats de la Libération dans la Marne, puis dans la Haute-Marne jusqu’à Chaumont.

Le 29 août 1944, la section commandée par le lieutenant Claude Lamort de Gail à laquelle appartenait Vitalis Gotautas a attaqué une unité allemande d’automitrailleuses stationnée à Matignicourt (Matignicourt-Goncourt, Marne) près de Vitry-le-François.
Au cours de l’attaque, deux FFI furent tués, Raoul Demacon, Louis Nascimbeni.
Six autres FFI ont été faits prisonniers et emmenés à Naives-devant-Bar (Naives-Rosières, Meuse), où ils ont été exécutés sommairement : Vitalis Gotautas, Henri Baudemont, Louis Bianchi, Pierre Klein, Pierre Rameau et Gudelis Zigmantas.
Fait prisonnier lui aussi, le lieutenant Claude Lamort de Gail a été emmené vers une destination inconnue. Son corps n’a jamais été retrouvé et il a été porté disparu.

On a longtemps cru que ces exécutions avaient été perpétrées par des SS. L’historien Jean-Pierre Harbulot a établi qu’il s’agissait de soldats appartenant à la 3e Division de Panzergrenadier, et plus précisément au 29e Régiment de Panzergrenadier, une « unité conventionnelle de l’armée régulière », constituée de « soldats ordinaires » de la Wehrmacht. La 3e Division de Panzergrenadier, après avoir combattu sur le front de l’Est en Russie, puis en Italie dans la région de Florence, a été ramenée en Allemagne, rééquipée et renforcée, puis envoyée en France pour protéger la retraite de la Wehrmacht et ralentir l’avancée de la IIIe Armée américaine du général Patton.
Du 29 au 31 août 1944, des unités appartenant à ce régiment se sont livrées à des exactions à Sermaize-les-Bains dans la Marne et dans les villages meusiens de la vallée de la Saulx : exécutions sommaires, massacres de civils, maisons incendiées.
.

L’acte de décès de Vitalis Gotautas dressé le 1er octobre 1944 sur déclaration de Louis Charles Pelletier, instituteur à Naives-devant-Bar, précise qu’il a été « fusillé par les troupes allemandes stationnées dans la commune » et que son corps repose dans le « cercueil n° 3 ».
Vitalis Gotautas est inhumé dans le cimetière du Midi à Vitry-le-François aux côtés de son camarade Gudelis Zigmantas.

Vitalis Gotautas a obtenu la mention « Mort pour la France » le 10 juillet 2014.

Son nom orthographié « Vitalis Gotantas » comme sur son acte de décès en mairie de Naives-Rosières — erreur signalée en 2007 par sa sœur Bronislava Totautas, domiciliée en Lituanie — est inscrit sur la stèle du maquis des Chênes élevée à Margerie-Hancourt dans la Marne, et sur le monument des fusillés de Naives-Rosières dans la Meuse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223745, notice GOTAUTAS Vitalis par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 4 mars 2020, dernière modification le 6 mai 2020.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Vitalis Gotautas
Vitalis Gotautas
SOURCE : 
Souvenir français de Vitry-le-François
Dans le cimetière du Midi à Vitry-le-François
Dans le cimetière du Midi à Vitry-le-François
Sur le monument du maquis des Chênes</br> à Margerie-Hancourt
Sur le monument du maquis des Chênes
à Margerie-Hancourt
Sur le monument de Naives-Rosières
Sur le monument de Naives-Rosières
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21P 247 722. – Témoignage de Georges Humbert, président de l’Amicale du maquis des Chênes recueilli par Jocelyne et Jean-Pierre Husson en 2005. – Gérald Gaillet, Hommage aux résistants de la 2e guerre mondiale dans l’arrondissement de Vitry-le-François, exposition du Souvenir français, Vitry-le-François, 2009. – Jean-Pierre Harbulot, " Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx et leurs suites judiciaires " , Meuse en guerres, Bar-le-Duc, Société des lettres, sciences et arts, 2010. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-Rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – Mémorial GenWeb. – État civil, Naives-Rosières (acte de décès).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable