PAGNOUX Léon

Par Dominique Danthieux

Né le 4 décembre 1908 à Pressignac (Charente), mort le 26 juin 1995 ; cultivateur, militant communiste et syndicaliste agricole, animateur du Comité de Guéret pour la Haute-Vienne, maire (1959-1989) et conseiller général (1963-1994) de Rochechouart (Haute-Vienne).

Entré au Parti communiste en 1933, Léon Pagnoux devint délégué départemental de la Confédération Générale des Paysans Travailleurs. Il siégea en 1939 au Comité régional de la Région limousine du PCF. Sa carrière de militant prit son essor à la Libération.
Interné politique durant l’Occupation, il représenta en 1944 le canton de Rochechouart au Comité Départemental d’Action Agricole. C’est à ce titre qu’il participa en janvier 1945 à la naissance de la CGA avant d’en devenir le secrétaire général lors de sa formation définitive le 8 juin 1945. Secrétaire général de la FDSEA formée en avril 1945, il accéda à sa présidence en 1946 en remplacement du socialiste François Romain, inaugurant ainsi le partage des responsabilités dans les groupements agricoles haut-viennois entre communistes et socialistes. Lors de la reconstitution de la Chambre d’Agriculture en 1952, Léon Pagnoux fut élu par les agriculteurs de l’arrondissement de Rochechouart.
Il siégea au au comité fédéral du Parti communiste de 1956 à 1968 au moins.
Tiraillé entre ses fonctions dans le monde agricole et son engagement militant dans le Parti communiste, dont il s’efforcait de transmettre les consignes afin de politiser l’action des syndicats paysans, il se heurta à la vigilance de représentants socialistes comme Léon Jaloux et André Foussat, secrétaires de la FDSEA.
La défense des intérêts paysans retint toute son attention. Dès 1949, il anima l’une des premières grandes campagnes d’agitation du parti dans les campagnes pour l’application du statut du fermage et du métayage et la défense de l’agriculture locale ruinée par les importations massives de pommes de terre en provenance des États-Unis. Il invita les cultivateurs à résister aux saisies-vente de mobilier touchant ceux qui accumulaient les retards de paiement. Il organisa notamment le 26 février 1951 la résistance aux huissiers et gendarmes lors d’une saisie opérée à Videix (Haute-Vienne) qui se termina par une brève échauffourée entre paysans et forces de l’ordre.
Le 22 septembre 1953, il participa à la toute première réunion du Comité de Guéret qui rassemblait les organisations agricoles des départements du centre de la France victimes de la chute des cours du bétail. Appliquant les résolutions du Comité, il invita les cultivateurs à obstruer les routes pour la journée d’action du 12 octobre. Ce jour là, 15 000 agriculteurs édifièrent 252 barrages dans tout le département.
Bien que défenseur acharné des petits et moyens exploitants, il ne se montra pas favorable à l’implantation du MODEF en Haute-Vienne. Il estima en effet que le MODEF pourrait entrer en concurrence avec les organismes locaux qui défendent déjà des positions très proches. De plus, la trop grande proximité entre le MODEF et le PCF risquerait à terme de diviser le monde agricole soucieux de préserver son unité dans la lutte l’opposant aux pouvoirs publics. Pagnoux préfèrait voir les communistes jouer le rôle « d’aiguillon » de la FNSEA par l’intermédiaire du Comité de Guéret. Il contribua à dissocier la FDSEA de la Haute-Vienne de sa Fédération nationale en ne s’associant pas systématiquement à ses mots d’ordre. Il reprocha, tout comme ses camarades de parti, à la centrale syndicale de défendre les intérêts des gros propriétaires sans trop se soucier des petits et de délaisser dans son programme les régions économiquement faibles, de sacrifier l’élevage au profit des cultures céréalières
Dans les années 1960, il abandonna la présidence de la FDSEA à André Bélivier. Il laissa de côté ses occupations dans le monde agricole pour se consacrer exclusivement à l’exercice de ses mandats électifs. Élu maire de Rochechouart en mars 1959, il le demeure jusqu’en 1989, date à laquelle il continua de siéger comme simple conseiller municipal avec toutefois la distinction honorifique de « maire honoraire ». Il représente le canton de Rochechouart à l’assemblée départementale de 1963 à 1994.
La scission fédérale entre communistes et partisans de l’Association pour la Démocratie et le Socialisme conduite par Marcel Rigout l’éloigna du Parti communiste. À sa mort, Christian Audoin, rédacteur du quotidien communiste L’Echo du Centre, lui rendit néanmoins hommage affirmant que les désaccords survenus « n’effacent pas son engagement au sein du PCF » et cite son action comme digne du « patrimoine communiste limousin ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223758, notice PAGNOUX Léon par Dominique Danthieux, version mise en ligne le 1er mars 2020, dernière modification le 1er mars 2020.

Par Dominique Danthieux

SOURCES : Archives départementales de la Haute-Vienne, 186W 7-3, 986W 778 à 782. — Arch. comité national du PCF. —L’Union Agricole, 1944-1945, 30 juin 1995. — L’Écho du Centre, ,27 juin 1995. — Entretien avec Jean Baloche, ancien directeur de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Vienne, août 1998.

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