LARTIGUE Pierre, Antoine

Par André Balent

Né le 22 juin 1885 à Muret (Haute-Garonne), mort le 12 juin 1944 à Saint-Lys (Haute-Garonne) ; maréchal ferrant puis leveur à la Compagnie des chemins de fer du Midi, cantonnier auxiliaire ; victime civile de soldats de la division SS Das Reich

Pierre Lartigue était le fils de Marcel, charpentier âgé de trente-huit ans, et de Marie-Rose Teulet âgée de trente-deux ans. La famille demeurait à Muret, sous-préfecture de la Haute-Garonne, au sud-ouest de Toulouse. Il suivit une scolarité qui, selon sa fiche du registre matricule de l’armée lui permit de posséder une « instruction primaire plus développée ». Il se maria à Fonsorbes, une commune de la Haute-Garonne limitrophe de Saint-Lys où il devait trouver la mort. Le 29 octobre 1929, il épousa Jeanne Rey.
Lorsqu’il passa devant le conseil de révision, il exerçait la profession de maréchal-ferrant. Il effectua son service militaire du 9 octobre 1906 au 25 septembre 1908 à Toulouse (Haute-Garonne), au 23e régiment d’Artillerie. D’abord canonnier conducteur, il devint ensuite aide maréchal-ferrant. Il fut libéré de ses obligations militaires avec un certificat de bonne conduite. Il habita Toulouse, 15 rue de l’Étoile à compter du 26 novembre 1911. Il dut, à cette époque, être embauché à la Compagnie des chemins de fer du Midi puisque le 18 juillet 1913, il fut affecté en cas de mobilisation, comme affecté spécial à cette compagnie de chemins de fer à Toulouse. Les fonctions qu’il occupait aux chemins de fer étaient, d’après sa fiche du registre matricule, celles de « leveur » (?). Il passa toute la durée de la Grande Guerre au chemin de fer. Mobilisé le 2 août 1914, ll fut maintenu à son poste « au titre des subdivisions complémentaires des chemins de fer de campagne ». Il fut officiellement libéré de ses obligations militaires le 14 novembre 1919. Il résida à Fonsorbes à partir du 23 février 1931. En 1944, il était cantonnier auxiliaire et demeurait à Saint-Lys.
En novembre 1927, il fut condamné par le tribunal correctionnel de Toulouse à 25 F d’amende pour coups et blessures commis le 30 juillet 1927. Il fut amnistié de cette condamnation le 26 décembre 1931.
Le 12 juin 1944, il se trouvait dans les environs de Saint-Lys en compagnie du jeune René Zago. Ce jour-là, il fut l’une des victimes civiles des SS de compagnies du régiment de grenadiers Deutschland de la division blindée SS Das Reich à qui l’état-major du groupe d’armée G de la Wehrmacht avait commandé une opération de « nettoyage » antiterroriste. Plusieurs maquis étaient implantés à proximité de Saint-Lys, à la limite entre les départements du Gers et de la Haute-Garonne.
Après avoir fait sauter le château de Gagen (commune de Bonrepos-sur-Aussonnelle, Haute-Garonne), premier cantonnement des hommes du maquis (Armée secrète) de Saint-Lys (Voir Chaubet Jean), et incendié ses dépendances, hangars et pigeonnier, les SS de la division Das Reich — en opérations depuis le 10 juin contre les maquis du Comminges (Haute-Garonne), du Couserans (Ariège) et de la Bigorre (Hautes-Pyrénées) — se regroupèrent et pénétrèrent dans le village de Saint-Lys, effectuèrent des perquisitions et commirent des déprédations. Après 20 heures, ils se répandirent ensuite dans les fermes de la périphérie du bourg, sur les territoires de la commune limitrophe de Bonrepos-sur-Aussonnelle où ils tuèrent un civil de passage, Gino Zanghieri et de celle de Saint-Lys même où ils massacrèrent six civils. Ils tiraient dans tous les sens afin d’impressionner des populations civiles soupçonnées de complicités avec les maquis. Ils massacrèrent des civils, un peu au hasard. Ils terminèrent leur équipée meurtrière au « quartier Sébastopol », au croisement de la route de Lamasquère et de l’actuelle rue René-Zago. En ce lieu, ils tuèrent Pierre Lartigue et René Zago qui pansaient des chevaux dans l’écurie du premier. Un soldat d’origine alsacienne serait intervenu afin de dissuader un officier de ne pas tirer sur les deux hommes. L’officier ignora Zago qui l’implorait de ne pas le tuer et l’abattit froidement avant de tuer ensuite PierreLartigue. D’après un autre auteur (Pierre Raymond, op. cit.), Pierre Lartigue « qui venait de sarcler les haricots » [tenta] « de se cacher sous un hangar » et fut lui aussi abattu. Pierre Lartigue fut inhumé au cimetière de Saint-Lys.
Le nom de Pierre Lartigue est inscrit sur le monument commémoratif érigé à la sortie du village de Bonrepos-sur-Aussonnelle, vers Saint-Lys. Sur cette plaque est gravée, avec les noms, l’inscription suivante : « Le maquis de Saint-Lys à ses camarades des Corps francs de Libération morts au combat du 12 juin 1944 ». Une plaque y a été apposée à sa base avec leurs noms et l’inscription suivante : « Aux victimes civiles de la barbarie nazie du 12 juin 1944 ». Il est également gravé sur le monument aux morts de Saint-Lys appartenant à toutes les catégories de victimes de la Seconde guerre mondiale, parmi lesquelles celles du maquis de Saint-Lys (on y a rajouté ultérieurement les morts de la guerre d’Algérie). Par délibération du 16 mai 1994, le conseil municipal de Saint-Lys attribua à la partie sud du chemin du Carrelet le nom de rue Pierre-Lartigue. Pierre Lartigue a reçu la mention « mort pour la France ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223792, notice LARTIGUE Pierre, Antoine par André Balent, version mise en ligne le 2 mars 2020, dernière modification le 4 mars 2020.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Garonne, 1 E 34, état civil de Muret, 1883-1885, acte de naissance de Pierre Lartigue et mention marginale ; 11 R 323, registre matricule, f° 812. — Michel Goubet, « Le maquis et le combat de Saint-Lys 12 juin 1944 » in La résistance en Haute-Garonne, CDROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la résistance intérieure), 2009. — Guy Penaud, La « Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [p. 398, p. 542]. — Pierre Raymond, « Le Maquis de Saint-Lys pendant la Seconde Guerre mondiale », in Saint-Lys, une bastide entre Gascogne et Languedoc, Ville de Saint-Lys, Éditions Maury, 2003, 245 p. [pp. 185-190]. — Philippe Viguier, Le maquis de Saint-Lys 1944, sl., sd [1985], 22 p. — « Le massacre du 12 juin 1944 à Saint-Lys, Bonrepos-sur-Aussonnelle et Saiguède », site : Mairie de Saint-Lys, Service « Pôle culturel », mis en ligne le 6 février 2019, PDF, 2 p., consulté le 26 février 2020. — Site MemorialGenWeb consulté le 29 février 2020.

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