PLAZIAT Marcel

Par Laurent Dingli

Né le 21 avril 1904 à Puteaux (Seine), mort en déportation à Gusen (Autriche), le 25 mai 1945 ; ajusteur-outilleur à Paris ; militant communiste.

Fils de André Émile Plaziat, âgé de 25 ans, tourneur, et de Marie Antoinette Mercier, âgée de 24 ans, lingère. Marié à Paris Vème arrondissement le 4 février 1929 avec Françoise Garroux, un enfant.
 Ajusteur-outilleur à la société ABG, 3 impasse Thoréton à Paris XVe (société réunissant les anciennes firmes Ariès, La Bougie BG et SFEDR, constituée en société anonyme le 12 mai 1943).
 Membre du Parti communiste de 1937 à 1939. Il a été chef de la cellule communiste de Colombes. Arrêté sur son lieu de travail le 28 janvier 1942 pour propagande communiste (en infraction au décret-loi du 26 septembre 1939), le même jour que Marcel Goetz, régleur, contremaître, et Louis Henry, ajusteur-outilleur dans la même société.
C’est Roger Rouchy, inspecteur de police adjoint (IPA) et brigadier chef à la BS1, que certains de ses collègues présentèrent à la Libération comme un « anticommuniste acharné », qui démantela la tentative de reconstituer les cellules d’usines du PCF clandestin dans une partie de la région Paris-Ouest entre la fin janvier et le début février 1942. Au cours de cette action de répression, il fut étroitement secondé par les inspecteurs Richard, Février, Peguchet, Broquesolle, Sainte-Marie, Bernard et Courdes. Cela faisait des mois que Rouchy et ses hommes surveillaient Louis René Henry, dit « Daniel », OS à la société ABG, demeurant 115 avenue Thiers à Boulogne où sa femme tenait une loge de concierge. Les policiers se montrèrent patients car ils voulaient mettre la main sur l’ensemble du réseau. Le 28 janvier 1942, estimant sans doute avoir suffisamment d’informations, ils décidèrent de passer à l’action et appréhendèrent Louis Henry sur son lieu de travail. Ce fut le début d’une cascade d’arrestations, presque chaque militant interpellé révélant le nom de l’un de ses contacts. Après « certaines réticences », précise un rapport de Rouchy daté du 5 février 1942, Louis Henry révéla ainsi que depuis plusieurs mois il recevait des tracts de Marcel Plaziat. Ce dernier fut donc arrêté. Il commença par nier, affirma n’avoir jamais appartenu au Parti communiste ni être entré dans une cellule de l’usine. Mais les policiers découvrirent une enquête des renseignements généraux datée de 1935 dans laquelle le nom de Marcel Plaziat apparaissait alors qu’il était employé dans un ministère. Après de nombreux interrogatoires, Marcel Plaziat révéla qu’il avait à plusieurs reprises remis des tracts à Louis Henry et qu’il détenait également des documents émanant d’un nommé Marcel Goetz, contremaître à la société ABG. Goetz fut arrêté à son tour sur son lieu de travail. Il finit par révéler qu’il avait été pressenti pour constituer une cellule dans son usine en tant qu’ancien secrétaire de la cellule « Jules Ferry » de Colombes, par le biais de Léa Forestier, née Brivet, et de Marie Thomas, née Heller, dont les maris étaient tous deux détenus pour infraction au décret du 26 septembre 1939. Léa Forestier elle-même détenue à la prison de la Roquette, avait été arrêtée dès le 18 novembre 1941. Quant à Marie Thomas, hospitalisée dans une clinique de Courbevoie, elle refusa catégoriquement de faire une déclaration à la police.
Suites à ces derniers développements, Marcel Goetz fut arrêté une seconde fois. Il fit savoir à cette occasion que chaque deuxième lundi du mois il avait rendez-vous au pont de Neuilly avec un individu qu’il ne connaissait pas et qui lui remettait des tracts nécessaires à la propagande de son usine. Ce contact, révéla Goetz, était susceptible de revenir le 2 février suivant au rendez-vous habituel. Une souricière fut donc organisée par la brigade afin de l’appréhender, ce qui fut fait. Il s’agissait de Julien Lucien Jacques, dit « Daniel », ex-secrétaire des Jeunesses communistes. Par chance, un certain « Henry » responsable du PC clandestin pour la région Paris-Ouest se tenait prudemment à quelques mètres de là et parvint à s’échapper. Les jours suivants, les policiers épluchèrent le carnet de Jacques, mais ne purent arrêter toutes les personnes qui y étaient mentionnées. Jacques leur fit toutefois savoir qu’il existait une cellule encore plus importante aux usines Citroën de Clichy et que le responsable à qui il remettait les tracts était un certain Albert Jouannic, OS dans cette entreprise. Une fois arrêté, ce dernier donna le nom de Jean Pommies, manœuvre chez Citroën, qui fut arrêté le 3 février 1942, le même jour que Gaston Eve, découpeur dans la même usine, tandis que leur camarade Gilles Le Cloarec, manœuvre, y fut appréhendé le lendemain.
D’après le témoignage fait par son frère Louis à la Libération, Marcel Plaziat fut interrogé pendant deux jours au commissariat de Boulogne alors que son domicile, situé 2 rue Grotius à Suresnes, était perquisitionné. Il fut mis en détention le 1er février 1942 à la prison de la Santé.
 Le 20 janvier 1943, Marcel Plaziat et Albert Jouannic, manœuvre au usines Citroën de Clichy, furent condamnés à 18 mois d’emprisonnement et 1200 francs d’amende par arrêt de la section spéciale de la cour d’appel de Paris. Marcel Plaziat fut détenu au camp d’internement du Fort de Romainville, le 9 avril 1943, puis à Compiègne le 19 avril, déporté dès le lendemain à Mauthausen (convoi du 20 avril, arrivé le 22 avril 1943 – matricule 28434). Affecté à Gusen (matricule 15428), le 6 mai suivant, il fut renvoyé au camp central (matricule 4829), le 28 avril 1945. Il est décédé dans l’hôpital américain de Guzen moins de trois semaines après la libération du camp.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223826, notice PLAZIAT Marcel par Laurent Dingli, version mise en ligne le 3 mars 2020, dernière modification le 4 mars 2020.

Par Laurent Dingli

SOURCES : Arch. Dép. Hauts-de-Seine ; État-civil – Naissances – Puteaux – 1904 - E_NUM_PUT_N1904. AN Z/4/69 dossier 488. Marcel Plaziat et alii. AN Z/4/136. Scellés. AN Z/6/109 dossier 1590. Ministère public c/Ludovic Saint-Royre et Roger Rouchy. Site internet de l’association Amicale des déportés, familles et amis de Mauthausen : http://monument-mauthausen.org/28434.html.

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