DERRIER Paul, Édouard

Par Jean-Claude Grandhay

Né le 15 mars 1906 à Héricourt (Haute-Saône), mort le 3 octobre 1984 à Belfort ; ouvrier métallurgiste ; syndicaliste CGT de Haute-Saône ; militant du MLP, de l’UGS et du PSU.

Fils d’Ambroise Derrier et de Marie née François, Paul Derrier, marié le 28 septembre 1929 à Héricourt à Adeline Laurent (née le 10 avril 1908 à Ronchamp, Haute-Saône), était père de onze enfants. Il fut ouvrier aux Ateliers de Constructions Métalliques d’Héricourt (ACMH) de 1930 à 1971. Militant de la CGT, il fut, de 1954 à 1966, membre du bureau ou de la commission administrative de l’UD-CGT de la Haute-Saône. Il fut également délégué, puis secrétaire du syndicat des métaux d’Héricourt et secrétaire de l’Union Locale CGT. Il signa le tract émanant de l’UD-CGT « Appel à la population d’Héricourt pour la défense de la Paix » au mois de novembre 1952 (avec Jean Andréotti, conseiller général, Émile Ballot, Jean Dargelosse, Élise Tolusso, Louis Donze, Léon Grandjean, Jules Lang, Alice Lang, Eugénie Merck, Eugène Monnier, Jules Paris). Militant de la SFIO, il fut ensuite responsable local du Mouvement de Libération du Peuple (MLP) qu’il tenta d’implanter au mois de janvier 1951, sans succès, dans la région d’Héricourt. Au mois de décembre 1957, à la suite des décisions prises à Paris de fusionner le MLP, la Nouvelle Gauche, Jeune République et les Groupes d’action Socialistes en un nouveau parti, l’Union de la gauche socialiste (UGS), une section de ce nouveau groupement se forma à Héricourt, affiliée à la fédération de Belfort. Paul Derrier, avec Jean Andréotti, conseiller général, et Pierre Humbrecht, ouvrier métallurgiste, fit partie des créateurs et en assura immédiatement le secrétariat. Au mois de juin 1958, la CGT, l’UGS et le PCF formèrent le « comité héricourtois de défense de la République ». Le 9 juin 1958, dans un tract diffusé à la sortie des usines textiles d’Héricourt, il cosigna un appel à la population : « Il fut un temps où le nom du général de Gaulle signifiait pour la majorité des Français la résistance au régime fasciste et la volonté de libérer notre pays. Que reste-t-il de ce passé prestigieux après la séance de dimanche ? Rien ; l’Assemblée nationale a investi de Gaulle dont le programme se réduit à deux choses : les pleins pouvoirs et la mise en congé du Parlement. C’est pourquoi le comité appelle les travailleurs et tous les Républicains à la vigilance pour le maintien des libertés démocratiques et la défense des lois sociales. »
Le 25 janvier 1959 eu lieu l’élection du bureau départemental de l’UGS au terme de laquelle il fut élu secrétaire fédéral. Dans le courant du mois de février 1959, à l’approche des élections municipales qui devaient se dérouler les 8 et 15 mars, il constitua une « liste d’union démocratique pour la défense des intérêts sociaux et la rénovation héricourtoise présentée par l’Union de la gauche socialiste », dont il prit la tête. C’était, après la liste « d’union des gauches et de défense laïque et républicaine et d’intérêts communaux » menée par le maire sortant, Georges Tournu, SFIO, et la « liste d’union et de rénovation communale » conduite par le général Louis Girardot (centre-gauche), la troisième liste officiellement annoncée aux électeurs héricourtois. Le 6 mars, les militants de la section du PC diffusèrent dans la ville la profession de foi d’une « liste d’union ouvrière laïque et démocratique de défense des intérêts communaux ». Le 8 mars, à l’issue de la consultation, la liste SFIO était largement en tête suivie de la liste à tendance UNR du général Girardot. Paul Derrier et sa liste UGS n’arrivaient qu’en troisième position devant la liste du Parti communiste largement minoritaire. Le 10 mars, les listes UGS et PCF fusionnaient au profit d’une « liste d’union démocratique et laïque de défense des intérêts communaux ». Paul Derrier en prenait la tête mais, le 15 mars, la liste SFIO était élue en totalité.
Le 4 juillet 1959, lors du Rassemblement pour la paix et la négociation en Algérie organisé à Héricourt dans le cadre de la campagne nationale d’action intitulée « Assemblée nationale pour la paix en Algérie », il prit la parole pour affirmer sa certitude que l’aspiration à l’indépendance des peuples colonisés était irrésistible. Au mois d’avril 1960, avec la création de la nouvelle fédération départementale du PSU (fusion du PSA, de l’UGS et du groupe Tribune du communisme), il en devint un des quatre secrétaires adjoints (avec Jean-Paul Colin, Alphonse Pheulpin* et Henri Donnot*). Le 18 novembre 1962, il fut le suppléant d’Alphonse Pheulpin (non élu) aux élections législatives dans la 2e circonscription (Lure-Luxeuil) de la Haute-Saône. À l’occasion des élections municipales de 1965, la cellule communiste ne réussit pas à constituer une liste homogène et tenta de conclure une alliance avec le PSU et son représentant local, Paul Derrier. Ce dernier, connu pour être un catholique pratiquant, se montra peu réceptif à cette idée et les pourparlers échouèrent. Il fut durant plusieurs années secrétaire du syndicat des locataires (CGT) d’Héricourt. Pendant vingt-quatre ans, il fut aussi administrateur de la caisse d’allocations familiales de la Haute-Saône, élu pour la première fois le 24 avril 1947, et participa à la gestion de la caisse mutuelle chirurgicale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22383, notice DERRIER Paul, Édouard par Jean-Claude Grandhay, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Jean-Claude Grandhay

SOURCES : L’Alsace, 5 octobre 1979. — L’Est Républicain, 8 octobre 1979. — Entretiens avec l’intéressé. — État civil d’Héricourt.

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