Par Michel Germain
Né le 23 décembre 1919 à Paris (Seine), mort sous la torture le 28 avril 1944 à Annecy (Haute-Savoie) ; militaire de carrière ; résistant des Glières dans l’Armée secrète (AS).
Fils d’officier, Jacques Lalande entra à Saint-Cyr en 1938, - promotion La plus grande France - promotion qui ne fit qu’un an d’école, les élèves nommés sous-lieutenants étant envoyés d’urgence au front, le 1er septembre 1939. A la tête de sa section, il passa l’hiver dans les Ardennes. Blessé et fait prisonnier en juin 1940, il s’évada du train qui l’emportait en Allemagne et fut affecté en septembre au 27è Bataillon de chasseurs alpins d’Annecy.
Promu lieutenant, démobilisé en novembre 1942, il entra dans l’A.S. aux côtés de Vallette d’Osia et de tant d’autres Instructeur de corps francs, il devint chef du secteur A.S. de Bonneville, en octobre 1943, après l’arrestation d’Humbert Clair. Ce dernier, devenu chef départemental de l’A.S., en février 1944, lui ordonna de monter sur le Plateau avec ses hommes, ce qu’il fit avec de Griffolet d’Aurimont* et les siens, dans la nuit du 12 au 13 mars. Il reçut d’Anjot, qui avait pu apprécier sa valeur au 27è B.C.A., le commandement de la 4è compagnie, dite compagnie Lamotte, chargée de la garde des versants est du Plateau (Monthiévret notamment), par lesquels le capitaine Anjot prévoyait l’attaque.
Après les combats du 26 mars, l’ordre de décrochage fut donné à 22 heures. Il se replia avec un groupe de 120 hommes environ, dont le capitaine Anjot* et les lieutenants Bastian* et Jourdan, vers le Parmelan et réussit à passer à travers le filet, en restant plusieurs jours au hameau de la Blonnière.
Il gagna ensuite Aix-en-Provence. Mais pour lui, "il ne peut y avoir de repos pour un homme de guerre, tant qu’il reste un Allemand en deçà du Rhin". Il rentra à Annecy. Il habitait rue de la Paix, dans l’immeuble qui abritait également les bureaux des Ponts et Chaussées, où travaillait notamment le milicien J… Celui-ci, l’ayant reconnu, se lança à sa poursuite dans la rue Revon et réussit à le faire arrêter par deux agents de ville en bicyclette, le 26 avril 1944, boulevard Berthollet (témoignage Fernand Germain).
Enfermé au siège de la Milice aux Marquisats, il mourut sous la torture milicienne. La Milice remit son corps aux Allemands, qui le réclamaient et qui le « fusillèrent », en compagnie de Pierre Bastian, le 28 avril 1944, à 21 heures 30, au bois des Ferrières, à Alex. Le lieutenant Bastian dut porter le corps de son camarade défunt sur le haut du talus avant d’être fusillé à son tour. (Mémorial de l’oppression, dossier 3808 W 1360).
Jacques Lalande fut inhumé dans un premier temps à Alex, puis son corps fut transféré dans la nécropole militaire nationale de Morette, tombe n°69.
"Jacques a montré, écrivent les Anciens en 1945, qu’un idéal servi par une vie intérieure profonde pouvait élever l’homme jusqu’au sacrifice le plus pur et le plus total". Quelques mois après la guerre, reconnu « Mort pour la France », il fut élevé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur et cette nomination comportait l’attribution de la Croix de guerre avec palme. La Médaille de la Résistance lui fut décernée par décision en date du 23 février 1959.
Une stèle fut édifiée au bord de la route aux deux officiers morts pour un idéal et une petite stèle plus modeste a été dressée en haut du talus sur le lieu de la fusillade. D’autre part une stèle en sa mémoire a été érigée à Bonneville près de l’Agora dans le square qui porte son nom. Son nom est gravé sur le Mur du souvenir à l’entrée de la nécropole militaire de Morette et sur le monument élevé aux morts du bataillon dans la cour du quartier Tom Morel à Cran-Gevrier (Haute-Savoie). Son nom est inscrit sur une plaque au lycée Corneille de Rouen et sur le monument aux Morts de La Bouille (Seine-Maritime).
Par Michel Germain
SOURCES : Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes.