DERVAUX René, Jules, Camille, Charles

Par Daniel Grason

Né le 10 juillet 1910 à Roubaix (Nord), fusillé le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; médecin ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; membre du Front national ; résistant.

René Dervaux était le fils de Charles, chef d’atelier, et de Joséphine, née Deconinck, modiste. Son premier acte politique fut sa participation à la manifestation du 6 février 1934 où il fut interpellé. Diplômé de la Faculté de médecine de Lille, le docteur René Dervaux, externe des hôpitaux de Paris, exerça à Cochin, Tenon, Necker et Beaujon à Clichy-la-Garenne où il adhéra au Parti communiste en 1935. Il était organisé à la cellule de l’hôpital. Il démissionna de l’Assistance publique le 24 juin 1937, se porta volontaire en Espagne dans les Brigades internationales, fut major des services sanitaires de la Centrale sanitaire internationale (CSI), médecin du 9e bataillon de la XIVe Brigade. Il parlait couramment l’espagnol. Il fit connaissance avec Renée Blanchard, sa future épouse.
Lors du retrait des brigades d’Espagne, il devint responsable de la CSI installée à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Les volontaires de la CSI, médecins, infirmiers, étaient débordés par le flot des réfugiés dont certains dans un état sanitaire préoccupant. André Marty rédigea le 11 février 1939 un sévère rapport sur l’activité passée (1937) et présente du couple. Lui était accusé de sabotage du service sanitaire, « faisant attendre ses malades sous la pluie pendant des heures », elle comme « élément de décomposition et trotskiste ».
Habitant à Enghien-les-Bains (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), dès 1938, il demeurait 4 boulevard Voltaire à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine). René Dervaux épousa Renée Blanchard le 25 janvier 1939 à Bobigny (Seine, Seine-Saint-Denis), ils eurent un enfant.
Dès la déclaration de la guerre, il fut mobilisé en province dans diverses formations sanitaires, fut libéré après la signature de l’armistice en juin 1940. Il était habilité à exercer dans le département de la Seine par décision préfectorale dès le 16 octobre 1940. Il installa son cabinet dans un appartement attenant, quai Voltaire. Sportif, il fit aménager une pièce pour sa gymnastique. Il soignait des malades qui n’étaient pas solvables, s’attirant des griefs de ses confrères. Observant une certaine réserve au plan politique, il n’attira pas l’attention des services de police, et devint le médecin légiste du commissariat d’Asnières. Au cours de l’année 1940 une dénonciation anonyme le signalant comme communiste parvenait à la Kommandantur d’Asnières, mais il parvint à se disculper. Officiellement il prit ses distances après la signature du Pacte germano-soviétique, et il aurait officialisé sa prise de position en adressant une lettre au ministère de la Guerre.
Contacté par le Parti communiste clandestin en 1943, il accepta de recruter des adhérents pour le Front national dans la banlieue ouest, parmi celles et ceux qui n’étaient pas communistes. Il refusa par contre de devenir l’un des médecins des FTP. Un résistant précédemment arrêté sévèrement tabassé dans les locaux des Brigades spéciales lâcha son nom. Des inspecteurs de la BS2 l’arrêtèrent le 10 octobre 1943 en fin d’après-midi.
Il fut interrogé par des inspecteurs des BS à la préfecture de police, incarcéré à Fresnes le 18 octobre 1943, puis livré aux Allemands. Il comparut le 24 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « avoir favorisé l’ennemi », il fut passé par les armes le 7 mars 1944 à 15 h 32 au Mont-Valérien.
Après la Libération Renée Dervaux, sa femme, déposa plainte contre les inspecteurs qui arrêtèrent son mari. Elle précisa qu’il n’avait subi aucune violence au cours de son passage à la brigade spéciale (Rapport de la commission d’épuration du 13 mars 1945).
Deux autres témoignages apportèrent des précisions sur la nomination de René Dervaux comme médecin légiste au commissariat d’Asnières et sur les circonstances de son arrestation. L’ex-commissaire Georges Lainé connaissait ses opinions, comme celles de son secrétaire Brimont. Cela n’empêcha pas qu’il nomma ce dernier inspecteur titulaire au choix.
L’inspecteur Brimont promu participa à la Résistance au sein des Renseignements généraux. Le 13 octobre 1943, il apprit qu’une équipe de la BS2 se rendait à Asnières pour arrêter Dervaux. Il téléphona à 18 h 15 à l’inspecteur Maurice Zaeller également résistant au sein du Front national. Celui-ci téléphona aussitôt à Dervaux. Trop confiant, il s’attarda au téléphone, mais fut arrêté au moment où il allait quitter son immeuble.
René Dervaux fut inhumé dans le carré des fusillés au cimetière d’Asnières. Le ministère des Anciens Combattants lui attribua le 22 novembre 1947 la mention « Mort pour la France ». Le conseil municipal d’Asnières donna son nom au quai d’Asnières, et une plaque commémorative fut apposée sur le mur de l’immeuble où il habita. Son nom figure sur la stèle des morts de 1939-1945 dans l’enceinte de l’ancienne faculté de médecine au 13-15 rue de la Bûcherie à Paris (Ve arr.).
Son épouse, Renée Dervaux représenta l’Union des femmes françaises au Comité local de Libération d’Asnières (Seine). Elle fut « présidente honoraire » du Comité local de Libération, puis quatrième adjointe. Elle conserva cette fonction le 19 octobre 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22388, notice DERVAUX René, Jules, Camille, Charles par Daniel Grason, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 2 janvier 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. RGASPI Mfm 880/12 cote 545.6.1155 (BDIC). – Arch. PPo., BA 2117, BA 2297, PCF carton 8, affaire Jaclard, PCF carton 15, rapports hebdomadaires des Renseignements généraux, KB 5, KB 61, KB 106. – Arch. A. Marty (Jean Maitron), S I. – Arch. com. Asnières. (Notes Claude Pennetier). – État civil, Roubaix.

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