SZERMANN Ferdinand

Par Dominique Tantin

Né le 4 avril 1920 à Mannheim (Allemagne), massacré le 4 avril 1944 à Lacelle (Corrèze) ; bûcheron ; victime civile d’origine juive.

Stèle Commémorative
Stèle Commémorative
Crédit : MémorialGenWeb

Ferdinand Szermann était le fils d’Izernnez et de Civia Herschlikovitz. Il se réfugia en France sans doute après l’arrivée des nazis au pouvoir. En 1944, célibataire, il était installé à Lacelle en Corrèze et il exerçait la profession de bûcheron. Nous n’avons pas été en mesure de croiser ces renseignements biographiques puisés dans sa fiche sur MémorialGenWeb avec d’autres sources. En effet, nous n’avons pas trouvé d’informations sur les bases de données du Mémorial de la Shoah, du Mémorial de Klarsfeld et de Yad Vashem.
Dans les environs de Lacelle, le 28 mars 1944, les FTP de Guingouin avaient capturé, près du moulin de Firmigier, une commission d’armistice franco-allemande qui revenait d’une inspection du GTE 881 de Neuvic d’Ussel et regagnait Limoges. Deux officiers allemands et leurs chauffeurs avaient été exécutés. Une enquête avait aussitôt été menée par la police française sous la direction du commissaire Roger Artigue de la 20e brigade territoriale.
Le 4 avril 1944, un détachement de la division Brehmer, après avoir traversé le village de la Forêt, occupa le bourg de Lacelle, poursuivant une action commencée le 26 mars et qui se prolongea jusqu’au 16 avril 1944. La division Brehmer, ou division « B », de l’initiale du patronyme de son chef, le général Walter Brehmer, mena des opérations de ratissage et de répression des maquis et de persécutions des Juifs de nature génocidaire en Dordogne, puis en Corrèze et en Haute-Vienne. Cette division était une unité de marche temporaire constituée pour cette mission. Hétéroclite, elle réunissait pour un effectif total de 8 000 hommes - deux régiments de sécurité dont le 95e basé à Périgueux, deux bataillons motorisés dont le 958e bataillon de DCA, un bataillon d’infanterie de Géorgiens (Ost bataillon 799) en garnison à Périgueux puis à Tulle, deux brigades d’intervention de la Feldgendarmerie de Périgueux et de Bergerac, une unité SS-Sipo-SD commandée par le capitaine SS Kurt Holler détaché du SD de Lyon et chargé de la liaison avec August Meïer, SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel), Kommandeur de la Sipo-SD de Limoges. Certaines actions furent conduites avec la participation de la Brigade ou Phalange nord-africaine de la Gestapo parisienne placée sous le commandement d’Alexandre Villaplane et intégrée à la Hilfspolizei. Elle disposait de 24 véhicules blindés et d’une douzaine de pièces d’artillerie légère.
Elle bénéficia d’informations collectées par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par la Milice et l’administration de Vichy. Le modus operandi de la Brehmer consistait à encercler les bourgs, à rassembler la population, désigner des otages – notamment les édiles –, obtenir des renseignements (liste des Juifs, localisation des maquis). Les suspects et les hommes juifs étaient abattus, les femmes et les enfants d’origine juive arrêtés et emmenés pour être déportés. De nombreux bâtiments furent pillés et incendiés.
Ce jour-là, à Lacelle, les soldats de la Brehmer massacrèrent en représailles quatre personnes. Joseph Roudeix fut tué dans son jardin. Jean Duchez, Marcel Lévy-Danon et Ferdinand Szermann furent capturés et exécutés. Des habitants – Juifs en majorité – furent raflés, transférés à Tulle, et pour beaucoup déportés. Le village de La Forêt fut incendié ainsi que plusieurs maisons à Lacelle. La troupe resta jusqu’au 8 avril et exécuta Chaïm Rozent le 6 et le 8 Pierre Eburderie (occupant du moulin de Firmigier). Jean-Jacques Durousseau, ouvrier agricole, arrêté le 4 avril 1944 au village de la Forêt à L’Eglise des Bois, fut amené au Lonzac et exécuté avec les otages lanzacois.
Les noms des victimes sont inscrits à Lacelle sur une stèle commémorative.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article223903, notice SZERMANN Ferdinand par Dominique Tantin, version mise en ligne le 5 mars 2020, dernière modification le 1er novembre 2021.

Par Dominique Tantin

Stèle Commémorative
Stèle Commémorative
Crédit : MémorialGenWeb

SOURCES : Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 318, 407. — Paul Mons, Afin que nul n’oublie, la folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Editions Les Monédières, p. 185-191. — MémorialGenWeb.

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