PANTEIX Pardoux

Par Dominique Danthieux

Né le 30 décembre 1859 à Saint-Gilles-les-Forêts, mort en 1937 ; cultivateur ; militant communiste de la Haute-Vienne.

Pardoux Panteix est un modeste cultivateur autant qu’un militant exemplaire, sincère et dévoué qui jamais n’exerça de fonctions importantes.
Il vit le jour au hameau du Chalard de Saint-Gilles-les-Forêts, en fait une maison isolée, coincée entre les hauteurs qui séparent Sussac de Domps. Vers l’âge de douze ans, il ravitailla des Communards qui auraient trouvé asile dans la région de Domps. Rien, sinon la tradition orale, n’atteste la présence de ces proscrits. Panteix s’inscrit néanmoins dans la continuité des paysans limousins défenseurs en 1851 de la République contre le liberticide Louis-Napoléon Bonaparte. Il en hérita une solide culture républicaine alliée à un anticléricalisme farouche. Comme nombre de Limousins, c’est en partant travailler à Paris, dans le bâtiment, qu’il termina son éducation politique.
Revenu à Saint-Gilles, il adhèra au Cercle d’unité Socialiste patronné par la dynastie radicale-socialiste des Tarrade dont le contrôle s’étendait à l’ensemble du canton de Châteauneuf-la-Forêt.
Panteix perdit ses deux fils des suites de la guerre de 1914-1918. Ce drame le poussa, par pacifisme, vers le Parti Communiste naissant. La paix revenue, il vendit sa ferme, garda pour son usage deux chèvres, un pré et un jardin et se consacra entièrement à la politique. Inlassablement, cet homme calme, à l’élocution lente expliquait, s’efforçait de convaincre. Dans une société encore sous le poids du patriarcat, l’âge conférait à la parole de Panteix une grande force. Le tout premier dans sa commune, il s’abonna à l’Humanité et le journal, après une fructueuse campagne d’abonnements, lui envoie en cadeau un coucou.
Il mourut en 1937 et repose dans le petit cimetière de Saint-Gilles. Sa tombe est surmontée d’une stèle dont il avait lui-même choisi le décor dès 1920 et réalisée par son ami Chaumeil, tailleur de pierres et maire communiste de Chamberet en Corrèze. Le choix de décorer sa sépulture des emblèmes du Parti illustre combien les traditions rurales persistaient sous le vernis des idéologies : orner sa pierre tombale de la faucille et du marteau, glisser dans le cercueil la carte du Parti ou un drapeau rouge, témoignent de l’attachement à une ritualisation des grands événements de l’existence. Toute trace de religiosité n’avait pas été effacée.
En 1939, 10 % de la population de Saint-Gilles était adhérente au PCF. En 1935, débarque dans cette campagne isolée un jeune instituteur nommé Georges Guingouin. Pendant la guerre, fidèle à sa tradition républicaine et à une tradition de défi envers l’État, le secteur bascula dans la résistance et Guingouin trouva ses premiers soutiens auprès des proches de Panteix … dont la maison désormais vide servit d’entrepôt de machines à écrire à la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224030, notice PANTEIX Pardoux par Dominique Danthieux, version mise en ligne le 8 mars 2020, dernière modification le 8 mars 2020.

Par Dominique Danthieux

SOURCES : entretien avec Louis Gendillou. — Laird Boswell, Le Communisme rural en France, Limoges, Pulim, 2005.

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